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Dans le noir, un film de David F. Sandberg : Critique

Apparue pour la première fois sur grand écran, le 8 juin 2016 lors du Los Angeles Film Festival, cette adaptation sur grand écran par la Warner Bros d’une pépite de 2 minutes se conforme-t-elle aux clichés éculés des teen horror movies de cette dernière décennie ou réussit-elle vraisemblablement à divertir à l’instar des sagas horrifiques telles que Destination Finale ou Saw ?

Synopsis: Petite, Rebecca a toujours eu peur du noir. Mais quand elle est partie de chez elle, elle pensait avoir surmonté ses terreurs enfantines. Désormais, c’est au tour de son petit frère Martin d’être victime des mêmes phénomènes surnaturels qui ont failli lui faire perdre la raison. Car une créature terrifiante, mystérieusement liée à leur mère Sophie, rôde de nouveau dans la maison familiale. Cherchant à découvrir la vérité, Rebecca comprend que le danger est imminent… Surtout dans le noir.

Le raccourci du divertissement mérite bien des nuances au long des divers opus, tant l’exagération est courante, le spectaculaire terrifique est devenu leitmotiv. Il en va de même pour ce premier film de David F. Sandberg, passionné du genre à en croire ces différents travaux disponibles sur youtube. Si l’on admire le chemin parcouru par ce suédois de 35 ans, on reste tout de même sceptique devant sa réalisation convenue et son scénario impersonnel. Fidèles jump scares, lumières contrastées et créature croque mitaine féminine. Les 81 minutes sont étirées façon lanières de guimauve et les studios américains ont réussi à remplacer l’actrice charismatique Lotta Losten par une blonde australienne trop lisse, faisant d’une potentielle pépite sombre en Clair Obscur, un produit américain sans saveur.

Il faut commencer par regarder Lights Out, le 6ème court métrage de Sandberg pour se rendre compte que le hors champ sonore est primordial. Tenu par 3 bouts de ficelles, le film surprend et amuse.

Le film s’adresse aux amateurs du genre et clairement à un relativement jeune public ciblé pop corn. Admettons le fait pour ne pas trop se plaindre, car les redites sont foison. Plateau visible, lumière artificielle, acteurs mono expressifs et scénario prévisible. Nous nous étions promis de ne pas maugréer ! De ce type de produit moulé industriel surgit une volonté certaine pour un cinéaste au talent indéniable de s’amuser sans jamais réussir à se lâcher. Il suffit de regarder ses autres courts métrages et vidéos making off pour comprendre le feu qui l’anime. Cependant, le décalage est ici anecdotique et l’écran lumineux du téléphone portable pour faire fuir l’ombre menaçante fait rire l’ensemble de la salle. La musique manque un peu d’âme, mais remplit ses fonctions sensorielles. Le cahier des charges suffit-il à créer l’adhésion ? Le film semble certainement vouloir nous l’imposer à coups gimmicks nocturnes. En plus de s’arrêter à un scénario de fête foraine bon marché sur fond d’asile psychiatrique et parallèles gratuits entre vivants et morts, il cumule tous les poncifs attractifs sans jamais chercher au-delà sur un rythme mal équilibré. Tel un train fantôme marquant les arrêts devant les mannequins en plâtre dans un couloir sous-éclairé, à la lumière noire par effet de style, le film avance mécaniquement. Il nous tient éveillé, grâce à l’interprétation convaincante de Teresa Palmer qui, à défaut de briller, – il aurait été difficile avec le peu de moyens que s’est donné l’équipe,- touche, et cela suffit. Pourquoi l’amère impression que le chef opérateur ou l’ingénieur son n’ont pris aucun plaisir à composer respectivement l’image, bringuebalante par moments et la bande-son qui aurait mérité plus de nuances. « On est payés à faire le minimum syndical ». L’hérésie aurait été appréciable et, au lieu d’une dichotomie clair/obscur sur de réels conflits existentiels, nous assistons à un ersatz superficiel et commun de créature, aux desseins flous, coincée dans le monde des vivants. Le seul personnage masculin (qui a validé sa coupe de cheveux?), amoureusement béat est relayé au second plan. La relation fraternelle coule de source et la folie de la mère jamais vraiment approfondie. Histoire de surface et récidive d’effets, ce défaut omniprésent dans les petites productions (Dorothy, The Visit, Sinister) semble finir par devenir une caractéristique propre. Écrire avec ses pieds est encore possible. Réaliser avec ses coudes est plus courant. Aucun twist ou retournement de situation. Aucune double lecture ni clin d’œil esthétique. Après tout…

Si Mister Babadook méritait sûrement le détour pour l’atmosphère nordique et assumée, ainsi qu’un véritable (ENFIN) rôle d’enfant ou si Catacombes et It Follows ont séduit par la maîtrise de l’hommage et l’esthétique portée à terme, Dans le noir se range du côté d’un Ouija aussi vite regardé aussi vite oublié, alors qu’il aurait pu être mûrement réfléchi, sans le dogme conventionnel de la forme avant le contenu. Preuve une fois de plus que les studios pensent à l’argent davantage qu’à la création. Mais nous n’apprenons rien. A nous de ne pas succomber à l’emballage pour un piètre chocolat. Tout dépend de votre budget pour Halloween…

Dans le noir : bande-annonce

Dans le noir : fiche technique

Titre original : Lights Outdans-le-noir-poster

Réalisation : David F. Sanderg
Scénario : Eric Heisserer, David F. Sanderg (d’après son court métrage du même nom)
Interprétation : Teresa Palmer (Rebecca), Gabriel Bateman (Martin), Alexander DiPersia (Bret), Billy Burke (Paul), Maria Bello (Sophie), Alicia Vela-Bailez (Diana), Andi Osho (Emma), Rolando Boyce (Officier Brian Andrews), Maria Russell (Officier Gomez), Lotta Losten (Esther)…

Photographie : Marc Spicer

Musique : Benjamin Wallfisch
Montage : Michel Aller et Kirk M. Morri
Décors : Jennifer Spence, Shannon Kemp, Lisa Son
Costumes : Kristin M. Burke
Production : Atomic Monster, Grey Matter Productions, New Line Cinema, RatPac-Dune Entertainment, Warner Bros.
Distributeur : Warner Bros France
Durée : 81 minutes
Genre : Horreur
Date de sortie : 24 Août 2016 (France) – 22 juillet (usa) …

Etats-Unis – 2016