Critique du film : Dumb and Dumber De

Critique Dumb and Dumber De

Synopsis: Lloyd Christmas et Harry Dune se retrouvent cette fois manipulés par la séduisante et redoutable Adele Pichlow. Cette dernière compte utiliser les deux acolytes afin de se débarrasser d’un mari encombrant.

Plus c’est long, moins c’est bon

En 1994, les frères Farrelly, Peter et Bobby, réalisaient leur premier film Dumb and Dumber, une comédie à l’humour régressif, qui fit de Jim Carrey, une star comique internationale. Les frères Farrelly et Jim Carrey tenteront de retrouver la même réussite pour Fous d’Irène (2000), mais le succès fût moins au rendez-vous, celui-ci décroissant au fil d’une filmographie, seulement constituée de comédies. Un genre qui fit la gloire des frères Farrelly avec un autre sommet dans leur carrière, Mary à tout prix (1998).

En 2003, un préquel Dumb and Dumberer : Quand Harry rencontre Lloyd, tenta de surfer sur la nostalgie du film devenu culte, mais n’obtint pas le même succès et devenant un piètre DT V anecdotique.

20 ans plus tard, une suite débarque sur nos écrans, avec de nouveau les frères Farrelly à la réalisation et la reconstitution du duo Jim Carrey et Jeff Daniels. Entre-temps, Jim Carrey a aussi perdu de sa popularité, au point de devenir un personnage secondaire, alors que son partenaire Jeff Daniels, éclipsé par la folie du premier, construisait doucement une carrière confidentielle mais solide, avec l’obtention d’un Emmy Award en 2013 pour son rôle de Will McAvoy dans la série The Newsroom. Les deux acteurs ont eu les mêmes envies de rôles dramatiques, avec plus ou moins de réussite. En campant de nouveau les personnages de Lloyd Christmas et Harry Dunne, ils effectuent un retour au source, une sorte de bain de jouvence, dont ils ne ressortent pas totalement ragaillardis.

Le temps a fait des ravages : Kathleen Turner peut en témoigner, sex-symbol des années 80. Des problèmes de santé ont abîmé son physique, faisant d’elle, une has-been aux yeux d’Hollywood durant les années 90. C’est avec la série Friends, qu’elle fit son retour au début des années 2000, en jouant de son nouveau physique pour interpréter le rôle du père travesti de Chandler Bing (Matthew Perry). Elle remit cela dans Californication, ou elle incarne Sue Collini, une productrice nymphomane à la voix rauque, laissant planer le doute sur son identité sexuelle. Elle a su mettre son talent, au service de son physique et elle remet le couvert ici, ou sa féminité et de nouveau remise en cause.

Mais le temps, ne fait pas seulement son oeuvre sur le physique, il n’épargne pas non plus l’esprit. De ce côté-là, le film souffre d’une absence de créativité et d’une réalisation manquant cruellement d’entrain. Autant Kathleen Turner a su rebondir, en se renouvelant et en acceptant sa nouvelle image, autant les frères Farrelly n’ont pas su se renouveler et nous livrent une comédie, parfois drôle, mais trop souvent plate, se contentant de suivre le duo Jim Carrey et Jeff Daniels, tentant de sauver quelques scènes, grâce à une complicité toujours présente.

Le synopsis était pourtant une bonne idée : Harry Dunne apprend qu’il est père, avec 20 ans de retard, il part à la recherche de sa fille, avec l’aide d’Harry Christmas. On retrouve un peu de la folie du précédent opus, les gags ne font pas dans la finesse, souvent sous la ceinture, voir scatologique. Mais cette folie s’estompe au fil de l’histoire, en n’osant pas exploiter au plus profond le rectum de ses acteurs, l’essence leur permettant de ne pas avoir honte de leur bêtise et de foncer tout droit, sans passer par la case « politiquement correct ».

Les frères Farrelly ont perdu leur mojo, du moins sur cette suite, ou nous sommes en droit de se demander, s’il fallait vraiment qu’elle voit le jour. La motivation était-elle artistique ou financière ? Dans tout les cas, elle ne répond pas aux attentes des fans de Dumb and Dumber. Certes, on y trouve par moments, de quoi se réjouir, de rire, voir de pleurer de rire, mais c’est furtif. Ils ont filmé et écrit l’ensemble, avec un frein à main, en n’osant plus, ou trop rarement, et en livrant un produit tout juste consommable.

Les fans de Dumb and Dumber seront déçus, les autres ne seront pas convertis à la débilité de ces personnages, qui restent le point fort de cette suite. Jim Carrey et Jeff Daniels sauvent le film, le second se permettant même de prendre l’ascendant sur le premier, ce qui était improbable, vingt ans plutôt. On ressort frustré et nostalgique de l’humour potache des années 90.

Bande-Annonce: Dumb and Dumber De

Fiche technique: Dumb and Dumber De

USA – 2014
Réalisation : Peter et Bobby Farrelly
Scénario : Sean Anders, Mike Cerrone, John Morris, Bennett Yellin, Peter & Bobby Farrelly
Distribution : Jim Carrey, jeff Daniels, Laurie Holden, Rob Riggle, Kathleen Turner, Rachel Melvins, Steve Tom, Cam Neely, Milan Lucic, Brady Bluhm, Tembi Locke et Bill Murray.
Photographie : Matthew F. Leonetti
Musique : Empire of the Sun
Production : Bobby Farrelly, Joey McFarland, Bradley Thomas, Charles B. Wessler, Tracie Graham-Rice, Riza Aziz, Marc S. Fisher et J.B. Rogers
Sociétés de production : Conundrum Entertainment et Red Granite Pictures
Sociétés de distribution : Universal Pictures et Metropolitan Filmexport
Genre : comédie
Durée : 109 minutes
Date de sortie française : 17 décembre 2014

Auteur : Laurent Wu