Bird People de Pascale Ferran : Critique du film

Bird People : Un scénario léger et poétique, empreint de vérité

Pascale Ferran, revient après 8 ans d’absence, avec ce film très poétique qui nous fait réfléchir sur notre problème de communication et nous amène à profiter de l’instant présent à travers la métaphore filée de l’oiseau. On commence dès la première scène, dans le quotidien des transports, qui nous est tous familier. La foule du lundi matin qui se presse aux machines à tickets, les escalators qui se croisent, les gens qui se bousculent, les horaires qui nous dictent notre vitesse, la sonnerie des portes qui se ferment. Bref, on nous représente déjà les cages qui nous rendent solitaires et coupent nos ailes.

Audrey dans sa cage

Dans le milieu de l’hôtel Hilton, ou tout est carré et calculé, Audrey, est une jeune femme de chambre, réservée et rêveuse. Le temps (les pendules sont omniprésentes dans le film), est ce qui dicte la vie de la jeune fille. Elle calcule les heures qu’elle passe dans les transports, celui à faire les chambres, et au final n’a pas le temps de profiter de sa jeunesse. Elle reste enfermée dans cette spirale du quotidien et ne parle à personne, car personne ne parle aux femmes de ménage non plus.

Gary, l’homme nouveau

A coté, Gary Newman, un homme d’affaire américain à Paris pour un contrat, est en pleine crise existentielle et décide de tout quitter pour tout recommencer, faire un road trip en Europe. Se libérer de tout le stress du travail : horaires des réunions, voyage d’affaires partout dans le monde, jet-lag épuisants et nuits d’hôtel en solitaire. Il dit adieu à sa vie américaine parfaite, femme, enfants, grosse bagnole, belle baraque et jardinier. Il prend alors son temps, et réfléchit sur sa condition. Observant à l’aéroport, les gens qui courent partout comme « des poulets sans têtes ».

La libération de deux personnes

Réalisé en chapitre séparé, Bird People parle de ces deux personnages, qui ont chacun une soif secrète de liberté. Tous deux veulent vivre différemment du quotidien construit qui les a emmurés et privés de connaitre réellement ceux qui les entourent. Le seul moyen pour eux est alors de briser les habitudes. Audrey, plongé dans le noir, est contrainte de s’élever sur le toit de l’Hôtel. L’histoire brise alors les conventions mais devient d’autant plus intéressante. Audrey devient littéralement un oiseau, enfin libre et sans attaches. En moineau, elle peut observer, comme elle le faisait avant par sa fenêtre, les bouts de vie de ses voisins. Sa transformation lui permet de rester aussi discrète et inaperçue que dans son rôle de femme de chambre, car personne ne fait jamais attention aux moineaux qui observent. Enfin, une magnifique scène où elle se fait croquer par un client japonais, en tant qu’oiseau. Dans un merveilleux plan large, sur la musique Space Odity de David Bowie, l’oiseau et la caméra prennent leur envolée aux cotés des géants de fer de l’Aéroport Charles de Gaulle. Tel Cendrillon, elle aura goûté , juste le temps d’une nuit, à une vie sans responsabilités et profité de sa liberté avant de redevenir humaine, mais nouvelle.

Désormais, libérés de leurs cages, Audrey et Gary, se rencontrent et c’est le début d’une nouvelle histoire.

Synopsis : Dans l’hôtel Hilton près de l’Aéroport CDG, le destin croisé d’Audrey, femme de chambre, et Gary, client et ingénieur informatique américain en business sur Paris. Ces deux personnages vont reprendre en main le cours de leur vie en prenant la décision de tout lâcher.

Ce film a été présenté dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes 2014.

Fiche technique : Bird People

Réalisatrice: Pascale Ferran
Scénaristes: Guillaume Bréaud, Pascale Ferran
Date de sortie: 4 Juin 2014
Durée: 2h30
Genre: Drame, Fantastique, Romance
Nationalité: Français
Acteurs: Josh Charles (Gary Newman), Anaïs Desmoutier (Audrey Camuzet), Roschdy Zem (Simon), Camelia Jordana (Leila) …
Producteur: Denis Freyd
Directeur de la Photographie: Julien Hirsch
Montage: Mathilde Muyard
Musique Originale: Beatrice Thiriet
Auteur de la critique : Céline Lacroix