Il y a quelque chose, dans cette sélection 2024 de Gérardmer, qui rappelle Une saison en enfer, ce long poème en prose de Rimbaud : quelque chose de la quête désespérée, jusqu’au bout des ténèbres, d’une charité perdue : n’y a-t-il pas une espèce de solidarité autour du diable parmi les enfants d’Evil Lurks, d’un amour sacrificiel entre le croque-mort et sa morte-vivante dans The Funéral, d’un respect et d’une reconnaissance fondamentale entre Sara et le loup-garou dans Resvurgis, et d’un dévouement généreux à un projet plus grand que soi dans The Seeding ?
Inscrit23 août 2022
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They live détruit pour libérer. Certes, la libération n’est pas effective mais ces drôles de héros sont fondés à les détruire puisque l’oligarchie est de toute façon coupable. C’est le paradoxe final du film – là où pouvait s’attendre à une totalité idéologique si fermée qu’elle devienne impossible à neutraliser ou qu’il soit impossible d’en sortir ( à la Matrix : Reloaded), il y a en réalité une échappatoire dans la destruction comme le soulignent les plans finaux où les aliens intégrés font tâche dans une réalité qui semble retrouvée.
Deuxième jour. A Gerardmer, ça sent la montagne : le bois brûlé et le coton imbibé de sueur
On est vendredi. Certains ont la gueule d’être venus pour le festival ; d’autres non. Ce n’est clairement pas la même gueule ; il manque aux uns un velouté ; aux autres quelque chose d’un peu ahuri. Au programme : Sharksploitation, Amélia’s Children et When Evil Lurks : un documentaire hors-compétition sur les films de requin, un film américain sur la famille et l’obsession de la jeunesse, et un film de possession argentin. Une semi-réussite, une oeuvre balisée et notre coup de coeur du festival.
Que le spectateur soit en effet prévenu, c'est à un malaise continuel qui ne le dispute qu'au glauque parfois gothique que veut atteindre le film – avec succès. Aucun screamer, aucune tension provoquée par le récit, aucun mystère à suivre comme dans un polar d'épouvante, il ne s'agit simplement que d'une expérience de l'insituabilité.
Juillet 1942. Robert Klein est un marchand d’art parisien qui profite de l’Occupation pour s’enrichir sur le dos de Juifs contraints de revendre les œuvres d’art qu’ils possèdent à bas prix. Un jour, il reçoit un exemplaire à son nom d’Information Juive. Et s'il était en fait juif ? S'enclenche le récit d'une obsession qui mènera à la mort, celle de l'autre au cœur de soi.
Quelques secondes et la conscience fait toute seule le lien entre la lourdeur des traits de Jim Averill et celle inénarrable des années. Sans autre forme de discours, à l'inverse de Kubrick ou même de Voyage au bout de l'enfer, ce pur passage temporel qui n'est qu'une couture d'images, n'est-ce pas là l'expérience la plus pure de cinéma – le temps à travers la succession de ce qui n'est pas temporel par la suppléance du lien construit par la conscience ?
Violence esthétisée et graphique, propos politique vague et vaguement rattaché à un contexte traumatique et sociétal (la banlieue étant le lieu fantasmé dans tous les sens comme étant le négatif de la société française, négatif qui fascine et qu'on rejette), c'est la formule qu'a choisie de pousser au maximum son nouveau film, Athena.
Soavi réussit donc l'exploit surréaliste, au sens de Breton, à nous faire ressentir de la tendresse pour un assemblage grotesque. Dellamorte Dellamore retrouve donc le meilleur du baroque italien pour célébrer un cinéma qui n'existe déjà plus.
Nous revenons sur le festival, ce qui nous a plu et déplu dans cette édition anniversaire.
A partir d’une intrigue convenue, on se prend à partager le drame des personnage principaux, bien qu’ils soient, eux moins innocents qu’on le croit. Un film sympathique qui pourtant ne renouvelle en rien le code des genre mais s’y glisse pur lui aussi livrer une leçon, somme toute, assez sage.
Un voile noir s’abat mystérieusement sur cette tour vétuste piégeant tous ses habitants à l’intérieur sous peine d’absorber, de déchiqueter leurs chairs s’ils s’aventurent dans le néant le film, La Tour se concentre sur la relations entre les habitants de la tour, gens ordinaires soumis à une pression extraordinaire.
Finalement, la prison qui devait être l'espace d'exclusion et de séparation par excellence ; séparation des criminels d'avec la société, séparation interne entre ceux qui sont libres mais y travaillent et ceux qui sont oisifs mais dépossédés de leur liberté, devient un curieux espace de réunion.