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Tourné en 1946 par Jacques Tourneur, davantage célébré pour ses œuvres fantastiques et ses films noirs, ce western basé sur un roman d’Ernest Haycox fut qualifié par feu Bertrand Tavernier de « premier western moderne de l’histoire du cinéma ». Si Tourneur pèche par un évitement un peu trop systématique de l’action spectaculaire et par une direction d’acteurs discutable, force est de reconnaître que son premier long-métrage en couleurs est une splendeur visuelle rompant avec les codes prévisibles du genre…
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Dennis Hopper mérite une reconnaissance bien plus large que celle obtenue par son mythique film de motards, sa carrière de cinéaste (du moins jusqu’à la fin des années 80) se révélant remarquable. Il existe heureusement des passionnés qui ne comptent pas leurs efforts pour lui redonner vie, ce dont témoigne la restauration de son troisième opus Out of the Blue, réalisé près de dix ans après la descente en flammes de The Last Movie. Elle est accompagnée de suppléments tout simplement indispensables dans cette édition signée Potemkine.
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Parce qu’il s’agit d’un événement fondateur, mais aussi parce que ce dernier est l’occasion pour le Duke d’exprimer son positionnement politique et une certaine idée de l’Amérique, Alamo mobilise des moyens considérables et un casting costaud pour un métrage initial excédant les trois heures. Depuis sa sortie, l’œuvre a été vertement critiquée par les spécialistes pour ses qualités de document historique. Qu’importe ! Il nous reste un western épique impeccablement mis en scène, qu’on prend énormément de plaisir à revoir et qui témoigne d’un indéniable talent de Wayne derrière la caméra.
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Quatre ans après le très intéressant Noces, le cinéaste belge Stephan Streker est de retour avec un drame inspiré d’un fait divers très médiatisé, l’affaire Wesphael. Particulièrement habité, Jérémie Renier y incarne un jeune prodige de la politique qui se retrouve impliqué dans un crime passionnel. Si le film parvient à recouvrir l’intrigue et son antihéros tourmenté d’un voile d’incertitude et de doute, tout en ne prenant intelligemment pas parti, il est en revanche fragilisé par plusieurs choix d’écriture maladroits ainsi que par une trame nébuleuse dont on finit par se désintéresser…
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L’Aveu et Etat de siège représentent le versant le plus frontal du cinéma politique de leur auteur, les faits relatés n’étant pas encadrés par un procédé narratif que l’on pourrait qualifier de « divertissant ». Remarquablement documentés, écrits, mis en scène et interprétés, les deux œuvres éclairent ainsi une époque révolue. En négatif, ils exacerbent aussi la faiblesse consensuelle du cinéma « engagé » actuel. Côté édition, en revanche, le spectateur devra se contenter de miettes…
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Cinq ans après La Bataille d’Alger, Gillo Pontecorvo tourne en Amérique du Sud, avec Marlon Brando, une épopée grandiose sur une révolte d’esclaves. Si le cinéaste italien se retrouve dans un contexte fort différent, il n’en oublie pas pour autant ses habitudes. Le film est ainsi une charge politique féroce, remarquablement écrite et illuminée par le génie insolent de Brando, qui brille d’autant plus qu’il était un des rares comédiens professionnels sur le plateau. Quelles que soient les vues personnelles du spectateur, revoir aujourd’hui le film maudit Queimada ne peut laisser indifférent, grâce aux questionnements qu’il impose mais aussi par ses nombreuses qualités artistiques.
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Chef-d’œuvre du cinéma néoréaliste italien, Umberto D. était aussi le film préféré de son metteur en scène. Portrait particulièrement dramatique d’un vieillard dépossédé de tout, le film est le fruit d’une symbiose artistique, celle de la préoccupation sociale du théoricien Cesare Zavattini et de la fantaisie douce-amère de Vittorio De Sica, les deux hommes collaborant pour la sixième fois ensemble. Hier comme aujourd’hui, le film nous touche en plein cœur : c’est cela, la magie de De Sica.
Pour sa première mise en scène en solo, Joel Coen a fait un choix étonnant en s’attaquant au classique intemporel de William Shakespeare. Si l’œuvre remporte globalement son pari, c’est surtout par ses qualités visuelles donnant lieu à quelques séquences mémorables. Le génie de Joel Coen sort en revanche perdant de la confrontation avec celui de Shakespeare. Le film semble ainsi à la fois respectueux du texte et corseté par lui.
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Pour son premier film derrière la caméra, la comédienne américaine Maggie Gyllenhaal n’a pas eu froid aux yeux en s’attaquant à une adaptation difficile d’un roman d’Elena Ferrante. Si nous saluons la prise de risque et que le film présente une vision de la maternité rarement vue au cinéma, nous assumons un regard quelque peu isolé au milieu du concert de louanges qui a accompagné sa sortie. Un premier film prometteur, assurément. Une réussite totale, nullement.
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On retrouve dans The Card Counter, dominé par la performance magnétique d’Oscar Isaac, la plupart des traits saillants du cinéma profondément empreint d’interrogations religieuses du scénariste de Taxi Driver. Artiste inégal car farouchement indépendant, Schrader livre une œuvre sombre, énigmatique, presque minérale, écrasée par la menace sourde et la violence difficilement contenue, deux notions qui constituent le fardeau terrible d’un héros coupable.
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Solidement ancré dans la comédie, style qui révéla le cinéaste, ce jeu de massacre aussi drôle qu’écœurant est la rencontre improbable entre Armageddon et Idiocracy. Cette œuvre salutaire, suscitant régulièrement l’impression désagréable de réalité dépassant la fiction, pèche sans doute par son ambition déraisonnable. La terrible crise du sens qu’elle dénonce avec férocité renforce en revanche la pertinence du message.
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Cet immense classique symbolise une transmission entre deux formes d’art, le cinéma permettant l’épanouissement d’une œuvre théâtrale, ce qui se traduisit en particulier par le jeu de Marlon Brando et Vivien Leigh, inoubliables pour les cinéphiles du monde entier. La confluence des dialogues et de la performance des comédiens en fait une œuvre intemporelle, aussi renversante et bouleversante aujourd’hui qu’il y a 70 ans.