Un équipage de six personnes part à la recherche de la cité perdue (engloutie, recèlerait-elle un trésor ?) à bord d’un sous-marin bricolé. Mais l’équipage n’est pas trop bien préparé pour son voyage. Confronté à l’imprévu, il se montrera cependant capable de ressources.
Disons-le d’emblée, il s’agit à l’évidence d’un album BD jeunesse. En effet, l’histoire est assez simple et découpée en chapitres de quelques planches, pour un total de 82 pages qui se lisent rapidement. De plus, si le dessin signé de genevois Jehan Khodl est plutôt agréable (couleurs notamment), il tire surtout vers le dépouillement. Le plus élaboré se révèle le sous-marin qui fait l’objet de l’illustration de couverture, ainsi que la carte de navigation. Le reste, visages et silhouettes notamment, se contente de quelques traits (style faussement simpliste) permettant de différencier les personnages.
Le scénario
Il est à l’avenant, avec une intrigue qui avance par étapes, au fil des chapitres. Il s’agit donc d’une aventure en mer qui n’ira pas au-delà de ce qui est annoncé, avec des péripéties (et quelques retournements de situations) qui amuseront le public auquel l’album est destiné. Tout cela est assez bien mis en scène, mais sans originalité mémorable pour un public adulte.
Quelques originalités
La particularité de cette BD, c’est son format numérique pour lequel elle est conçue. En effet, après chaque fin de chapitre, nous accédons à une carte indiquant la progression du sous-marin et il faut cliquer sur l’indication du chapitre suivant pour y accéder. Attention également de bien lire le mode d’emploi en début d’ouvrage pour savoir à quelle situation on peut se trouver confronté. Ainsi, à certains moments, demander le chapitre suivant ne fonctionne pas. Une information dans une fenêtre annonce qu’il faut lire autre chose avant de passer à la suite. Autant dire qu’il faut rester attentif(ve), pour voir où chercher ce qu’on avait tendance à oublier (mea culpa, lecture trop rapide en ce qui me concerne avec allègre négligence des consignes initiales). L’album présente donc un aspect ludique qui conviendra bien aux jeunes générations habituées à l’exploration d’un univers conçu numériquement. Ceci dit, d’après mon expérience, il ne s’agit pas d’un album interactif qui permettrait des lectures différentes selon l’inspiration (même si, à la fin, on peut cliquer sur plusieurs informations dans l’ordre qu’on veut). Remarque au passage, si l’illustration de couverture est au format carré, en format plein écran les planches occupent tout l’espace disponible sur un écran d’ordinateur portable classique (deux bandes comportant chacune deux ou trois vignettes).
Maintenant, que vaut réellement un tel album ?
Pour un adulte, il peut être considéré comme un objet original mais très rapidement digéré. Pour les jeunes générations, il pourrait se révéler un objet attractif, amusant et source de plusieurs lectures pour en explorer toutes les facettes. Il met en évidence les possibilités inventives offertes par le numérique. Sans doute encore jeune, la maison d’édition se montre réaliste sur l’aspect pécuniaire, en proposant l’album pour une somme modique (moins de 5 euro) qui permet autant de lectures qu’on veut et même, idée sympathique, la possibilité de le prêter à une personne au choix. À signaler que la collection RVB comporte une dizaine (pour le moment) d’albums du même genre (numérique), pour la même somme, par différents auteurs. L’initiative mérite d’être signalée et permet d’afficher un réel optimisme pour l’avenir du medium BD dont les possibilités se révèlent d’une grande richesse. D’ailleurs, les éditeurs défendent le livre et sont en lien avec Helge Reumann dessinateur des mascottes de la collection et auteur entre autres de l’album Totale résistance (Atrabile – 2021).