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Jean-Pierre Andrevon se penche sur les « Récits de l’apocalypse »

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Critique de cinéma et auteur, Jean-Pierre Andrevon publie aux éditions Vendémiaire un essai à caractère encyclopédique intitulé Récits de l’apocalypse. Ce dernier répertorie les hantises populaires – du séisme à la maladie en passant par le désastre écologique – et les œuvres littéraires ou cinématographiques au sein desquelles elles servent d’incubateur.

Aux éditions Vendémiaire, Jean-Pierre Andrevon restait sur une Anthologie des dystopies qui a plus que partie liée avec ces Récits de l’apocalypse. L’auteur semble en effet particulièrement passionné par ces altérations ou effondrements du monde, qu’ils soient littéraires ou cinématographiques. Il les a d’ailleurs lui-même maintes fois exploités dans ses propres écrits de science-fiction. De Georges Méliès à Stanley Kubrick en passant par Edgar Allan Poe, nombreuses sont les personnalités artistiques à s’être appuyées sur un argument apocalyptique pour nourrir leur récit. La présente entreprise de Jean-Pierre Andrevon consiste à lister les catastrophes et les thèmes y étant liés (guerres atomiques, robots, nature en furie, etc.) et à étudier leurs représentations dans la littérature et au cinéma.

Le futur est le temps sur lequel se portent toutes les catastrophes. Jean-Pierre Andrevon évoque dans un même élan Mad Max, sa dimension « western mécanisé », ses pénuries de ressources naturelles et Terminator, énième déclinaison de la révolte des robots, conçue avec un souci de réalisme abrupt. L’artisanat est également mis en exergue dans ces Récits de l’apocalypse. Évoquant Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock, l’auteur revient sur l’usage de matte painting (une morceau de verre sur lequel on peint un élément de décor) et sur l’emploi d’animaux empaillés ou de sons électroniques novateurs. Stanley Kubrick se voit quant à lui cité à l’aune de Docteur Folamour, qui traite de la menace thermonucléaire au moment même où la crise des missiles de Cuba fait l’actualité. À chaque fois, des éléments factuels s’ajoutent à une description sommaire de l’intrigue et c’est l’amoncellement des exemples littéraires et cinématographiques qui vient consolider chaque thématique spécifique.

Il n’est pas étonnant de retrouver H.G. Wells en bonne place dans l’ouvrage. Au temps de la comète, La Destruction libératrice, La Nourriture des Dieux, Place aux géants ou encore le plus célèbre La Guerre des mondes figurent tous dans l’ouvrage, même si la place dévolue à ce dernier titre nous paraît plutôt chiche au regard de son importance littéraire. Cormac McCarthy (La Route) ou Richard Matheson (Je suis une légende) auraient d’ailleurs eux aussi mérité un développement plus significatif. Aucune trace par ailleurs de Jack London et de La Peste écarlate. En ce qui concerne le cinéma, c’est George A. Romero qu’on aurait imaginé davantage mis en avant – malgré une brève évocation de… La Nuit des fous vivants. La sélection de Jean-Pierre Andrevon apparaît hautement subjective et certains oublis s’avèrent évidemment plus dommageables que d’autres.

Pour s’orienter aisément dans l’ouvrage, le lecteur aura le loisir de se reporter à la table des matières, ainsi qu’à deux index, le premier portant sur les personnalités et le second sur les œuvres. Chaque thème est passé en revue de manière ludique et didactique, avec force exemples. Ainsi, à titre illustratif, « Les Colères de la terre » répertoriera toutes les catastrophes naturelles, opérera un détour par le Japon (très prolifique en la matière), élargira le spectre, passera sans cesse d’un art à l’autre (en ce, y compris la bande dessinée) et se penchera sur les représentations et sous-propos des œuvres abordées. Ce modèle est peu ou prou transposable à l’ensemble de ces Récits de l’apocalypse, à travers lesquels Jean-Pierre Andrevon continue d’ausculter, sous forme de promenade référencée, les ambiances de fin du monde que l’on retrouve au cinéma et dans la littérature.

Récits de l’apocalypse, Jean-Pierre Andrevon
Vendémiaire, mars 2021, 392 pages

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