spider-man-sam-raimi-2-film

Les meilleures suites de films : Terminator 2, The Dark Knight, Le Parrain 2….

Dans certaines franchises cinématographiques, il n’est pas rare de voir les suites devenir meilleures que le film original de la saga. La rédaction du Magduciné donne sa liste de 10 films qui ont surpassé ou au moins égalé son ou ses prédécesseurs : Spider-Man 2, The Dark Knight, Terminator 2

Terminator 2 de James Cameron

En 1984  sort Terminator et le monde découvre alors le cinéma de James Cameron. Un univers où la technologie et les femmes fortes auront une place prépondérante. Si le premier volet reste un pilier de la science-fiction, propulsant également Schwarzy au rang de super-star, c’est véritablement sa suite qui va montrer toutes les qualités de visionnaire de Big Jim. Le Canadien nous aura habitués à chambouler notre conception du 7ème art au travers de Titanic et surtout de son utilisation de la 3D dans Avatar, mais Terminator 2 en pose les premiers jalons. Sorti en 1991, le film marque les esprits dans un premier temps au travers de son budget astronomique de 102 millions de dollars faisant de lui le film le plus cher de l’histoire à l’époque. Surtout, Cameron va faire jaillir à l’écran l’entièreté de son budget démesuré. Terminator 2 est évidemment bigger and louder que son aîné, mettant encore plus l’accent sur l’action au travers de poursuites et fusillades mémorables. Mais plus que tout ça, Terminator 2 est révolutionnaire. Quiconque pose les yeux sur T2 ne pourra qu’être soufflé par ses effets spéciaux novateurs et notamment cette fameuse technique de morphing permettant de rendre si menaçant le redoutable T-1000. Avec Terminator 2, James Cameron ne réalise pas seulement une pierre angulaire du cinéma de science-fiction mais pave la voie à toute une série de cinéastes et de techniciens.

Maxime Thiss

The Dark Knight de Christopher Nolan

Batman Begins posait la première pierre à l’édifice voué au culte du super héros masqué. Dans un processus initiatique troublé par la perte de ses parents jadis et sa volonté de venger la mémoire et l’honneur d’une ville qui sombre dans la criminalité, Bruce Wayne n’avait qu’un seul mot en tête : la justice. Et dans une continuité parfaitement cohérente, The Dark Knight mettra cette notion à toute épreuve : quel visage doit avoir la justice ? Jusqu’où peut-elle aller pour diriger ?  Et c’est là que le Joker prend tout son sens : sa place, sa fantaisie, sa folie, sa destruction, son nihilisme presque amusant et amusé. Il est le chaos à lui tout seul. Une force centrifuge qui ne demande qu’à voir le mal s’incarner par lui-même ou par l’utilisation de stratagème, comme en témoignent la séquence des bateaux ou ce chantage entre la mort d’un homme contre l’explosion d’un hôpital.  Il est le fantôme qui circule en chacun de nous : on peut tous passer de l’autre côté. Il est un effet placebo mais déplacé vers sa version morbide. Et derrière son costume de blockbuster spectaculaire qui ne tombera jamais dans la paresse du climax pyrotechnique, The Dark Knight est un polar redoutable sous la dialyse du film choral qui se verra affecté par des questionnements politiques passionnants.

Sébastien Guilhermet

Spider-Man 2 de Sam Raimi

Avec le premier opus de Spider-Man, Sam Raimi inventait le film de super-héros moderne. Le ton sérieux et réaliste du métrage allait à l’encontre des fantasques adaptations de comics des années 90 comme Batman Forever. Les nouveaux codes de l’origin story étaient posés. Raimi faisait du justicier adolescent un personne en chair et en os, tout en piochant dans l’imaginaire des comics Marvel. Alors que pouvait mieux réussir Spider-Man 2 après un film qui a façonné une décennie de longs-métrages héroïques ? Tout. Sam Raimi propulse le justicier en collants dans une maîtrise totale de son oeuvre . La vie personnelle et les doutes intimes du personnage, ses dilemmes messianiques de héros, la frontière entre le bien et le mal, l’héritage du matériau d’origine, une suite attendue de tous… Dans Spider-Man 2, on assiste à un récit gigantesque qui équilibre sur un fil d’araignée des scènes d’action démentes, des personnages démesurés, des enjeux palpables pour le spectateur. En bref, Spider-Man 2 arrive à réconcilier tous les publics sans jamais faire des compromis sur son propos. Ni juste un film de super-héros, ni juste un drame, ni juste une suite commerciale. Si l’on veut définir ce qui manque à toutes les productions héroïques grands publics et sans saveur, il suffit de regarder ce film et comprendre que Raimi a fait un film auquel personne n’a réussi à faire suite. Lui compris.

Roberto Garçon 

 

Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve

30 ans après le chef d’œuvre SF de Ridley Scott, Blade Runner 2049 a été très attendu au regard de la fascination déclenchée par le premier volet. Et pourtant, Denis Villeneuve -déjà habitué à l’univers SF avec Premier Contact en 2016- nous livre ici un film complémentaire et créatif, qui a su reprendre les codes de l’univers de Blade Runner sans pour autant réaliser une fade copie. L’ambiance visuelle et sonore a été développée et sublimée par des effets spéciaux redoutables, et l’intrigue illustrée par l’officier K partant à la recherche de Rick Deckard nous amène à une introspection mettant en doute tout ce que le spectateur pensait savoir. Le second opus offre une puissance graphique et émotionnelle dont Blade Runner avait posé les bases en 1982, mais ne répond pas pour autant à la fameuse question : Rick Deckard est-il un Replicant ? Alors que Ridley Scott ouvre l’imaginaire du spectateur avec un décor urbain futuriste et apocalyptique, l’univers froid, immense et coloré du second volet illustre parfaitement le labyrinthe identitaire hanté par les âmes d’autrefois dans lequel nous plonge Villeneuve. Désormais culte, ce blockbuster non conventionnel et d’une richesse incroyable a réussi le pari d’être à l’image de son prédécesseur : intelligent, vertigineux et glacial.

Fred Jadeau

 

Mad Max 2 de George Miller 

Le premier épisode racontait le drame d’une société qui s’effondrait et d’un homme, un policier qui s’enfonçait dans la violence par envie de vengeance. Le deuxième opus instaure, quant à lui, un récit qui emprunte à la mythologie. Max n’a plus de nom, il n’a plus d’histoire, il est un inconnu qui arrive de nulle part et y retourne ensuite. Entretemps, il va voler presque malgré lui au secours d’une communauté assaillie par la horde barbare de Humungus. Récit de la lutte entre un embryon de société organisée et une horde animale, Mad Max 2 se hisse au niveau des grandes narrations épiques qui raconte l’histoire semi-légendaire de la fondation des civilisations. Avec ce film, Mad Max n’est plus un drame personnel, c’est l’épopée d’un peuple avec son héros et ses exploits. Avec ce film, George Miller fait une oeuvre plus brutale, plus violente. Les personnages présents ici n’ont plus grand chose d’humains : l’enfant ne sait pas parler, Humungus et ses hommes sont revenus à l’ère de la barbarie, ce qui pose bien les enjeux symboliques du film. Et tout cela n’empêche pas le cinéaste australien de faire aussi (et avant tout) un formidable film d’action, avec des scènes monumentales.

Hervé Aubert

Aliens 2 de James Cameron 

Le film de James Cameron se distingue en plusieurs points de celui de Ridley Scott. On passe d’un lieu et un xénomorphe uniques à une colonie spatiale et des cohortes de bestioles à double mâchoire. Là où l’épisode fondateur codifiait l’effroi dans un espace minutieusement exploité, son successeur privilégie les scènes d’action avec des xénomorphes chassant en troupe et apparaissant plus vulnérables. Aliens, le retour n’en possède pas moins des qualités évidentes. Bercé aux filtres bleus ou rouges, nocturne, rendu encore plus immersif par le recours aux radars ou à la caméra sur épaule, cette suite parvient à prolonger les fondements posés par Ridley Scott tout en s’en détachant et proposant ses propres enjeux, parmi lesquels une relation filiale pleine d’à-propos entre Ripley et une fillette prénommée Newt. Cet instinct maternel dans le chef d’une héroïne « féministe » fait doublement sens, puisqu’il viendra en sus se heurter à celui de la reine des aliens dans une bataille épique ayant résisté au temps et aux modes.

Jonathan Fanara

L’Empire contre-attaque de Irvin Kershner

L’Empire contre-attaque est presque systématiquement considéré comme le meilleur Star Wars de toute la saga, et l’acmé dramatique de la première trilogie. Un Nouvel Espoir posait les fondements de l’univers au détour d’un voyage initiatique un brin naïf, avec un Luke encore dépendant de son maître Obi-Wan, une Leïa et un Han cherchant encore leur place dans tout ceci, et un Vador inatteignable en figure du Mal nébuleuse et invincible. L’Episode V sera celui de la confirmation pour tous les personnages, et le début des doutes, avant l’accès à la maturité du Retour du Jedi. Dans L’Empire contre-attaque, Han et Leïa sont au sommet de leur relation d’amour-haine, s’envoyant missile sur missile entre deux regards de tendresse qui ne trompent pas. Luke n’est plus l’enfant ingénu de l’Episode IV, mais bascule dans une sorte d’adolescence capricieuse liée à la découverte de ses nouveaux pouvoirs. Impatient, fougueux, même Yoda ne parvient pas à le canaliser, et il n’en fait qu’à sa tête lorsqu’il décide d’interrompre sa formation. Vador se rapproche, et à mesure que son ombre grandit au-dessus de Luke, il devient paradoxalement plus fragile, moins froid ; on pressent déjà, derrière le masque, les doutes qui le rongeront dans l’Episode VI. L’heure est à la rencontre entre père et fils, dans une scène où tous les destins deviennent possibles. L’Empire contre-attaque est donc l’épisode charnière de la trilogie originelle, le plus déterminant dans la formation psychologique des personnages et quant au poids de leurs responsabilités. Aussi est-il considéré comme « le plus sombre », parce que la frontière entre les camps s’estompe : le bon Obi-Wan n’est plus, la flamboyante armée rebelle n’est pas encore ; ici les personnages se cherchent, dans un entre deux où le côté obscur n’a jamais été aussi proche, où les anciens amis peuvent rimer avec trahison, où la Force (de la volonté, de l’amitié, de l’amour) est mise le plus à l’épreuve.

Jules Chambry

Le Parrain 2 de Francis Ford Coppola 

Mais pourquoi le deuxième volet de la trilogie mafieuse de Coppola est si souvent cité comme la « meilleure suite de tous les temps », voire comme l’opus qui enterre son prédécesseur ? Passer après le succès critique et publique du Parrain semblait impossible, de même que supplanter la figure imposante de Marlon Brando. Coppola réussit pourtant ce tour de force, sans tomber dans la redite, en imaginant son premier film comme un territoire dont on aurait à peine exploré la surface. L’ascension de Michael Corleone (Al Pacino) se double d’un parallèle avec celle de feu son père (Robert De Niro qui reprend le rôle de Marlon Brando). D’un côté celui qui a tout et doit défendre sa place, de l’autre celui qui n’avait rien et s’est hissé au sommet. Véritable réussite narrative, Le Parrain II raconte deux Amérique en miroir : celle d’avant la seconde guerre mondiale, où le nouveau monde est encore plein de possibilités pour les immigrés, et celle d’après, où les rêves ont laissé place aux lois du marché et où la place se fait de plus en plus restreinte. Le film de gangster prend des allures de tragédies antique, et les États-Unis ne se racontent plus par l’héroïsme (même ambigu) mais par la violence pure. Mais la véritable réussite du film tient à ceci : nul besoin d’être un fan de films de gangsters ou un véritable cinéphile pour ressentir toute la puissance du drame qui se joue sur l’écran. On pourrait même penser que ce second opus se suffit à lui même.

Vincent B. 

Ghost in the shell : Innoncence de Mamoru Oshii 

Faire une suite à Ghost in the Shell avait tout du projet dangereux, même avec Oshii aux commandes, tant le film de 1995 donnait l’impression d’avoir « tout dit » en seulement 1h20. En 2004, l’animation 3D s’utilise de plus en plus, et le risque était aussi de gâcher une direction artistique parfaite. Si certains modèles 3D (les véhicules, notamment) accusent le coup, force est de constater que l’ambiance est intacte, voire poussée à une ostentation esthétique qui épouse finalement la surcharge mécanique de cet univers. Major n’est plus là, on suit alors un Batou désabusé dans son quotidien morose de flic solitaire. La première partie est d’une grande mélancolie, lente et silencieuse, rythmée par un jazz qui n’est pas sans rappeler Blade Runner. Alors que le premier film, malgré ses pauses contemplatives, allait à cent à l’heure en termes d’intrigue et d’éléments à digérer, celui-ci prend son temps, pour laisser mûrir une réflexion philosophique troublante.

« Si nos dieux et nos espoirs ne sont que des phénomènes scientifiques, alors il faut dire que notre amour est aussi scientifique. » C’est sur cette phrase que s’ouvre le film. Là où le premier mettait en scène une cyborg se demandant si elle avait une âme, si elle pouvait se considérer comme « vivante », celui-ci renverse le questionnement : c’est l’homme, par la médiation de Togusa, qui se demande s’il est réductible à des mécanismes scientifiques (invoquant la théorie de Descartes des animaux-machines). La mémoire, les sentiments, la pensée : tout ceci est-il réductible à des équations mathématiques, à des phénomènes chimiques ? Oshii fait part de son angoisse face à ce monde moderne où le progrès scientifique et l’avancée dans notre connaissance du monde entraînent une mécanisation de l’humain, c’est-à-dire qu’il ne se conçoit plus qu’en termes mécaniques, niant tout « supplément d’âme ». La dissertation est passionnante, sans sacrifier l’action et l’intrigue pour autant, bien que celles-ci soient plus en retrait que dans le premier film. Bref, une suite indispensable pour prolonger la réflexion de Ghost in the Shell, la compléter, donner un autre point de vue, et replonger dans cet univers tentaculaire.

Jules Chambry

Gremlins 2 de Joe Dante

Entre le conte de Noël terrifique et la comédie noire américaine, le premier Gremlins de Joe Dante nous présentait de drôles de créatures. Les Gremlins, donc..oui c’est dans le titre. Nous n’aurons aucune réponse de leur présence sur Terre. Sont-ils des aliens ? Des démons ? Le résultat d’expériences scientifiques ? Peu importe au fond, ils ont l’apparence d’ignobles lutins verts et sèment le trouble dans une pauvre petite ville américaine. Que pouvait promettre un deuxième épisode? De nouvelles créatures prêtes à remettre le couvert dans une autre ville cette fois plus grande ? Bigger is better à Hollwyood. La réponse ? Oui et non. Dante relocalise l’aventure dans un immense building américain digne de la Trump Tower. On retrouve les personnages clés du premier dans un huis-clos un peu hors du commun… Car où sont les Gremlins dans tout ça me direz-vous ? Et bah partout ! Plus grands, plus gros, plus fous… Dante profit de ce second opus pour dynamiter son bestiaire et décliner ces Gremlins sous toutes les formes : savant, créature ailée, femme, etc. Le réalisateur quitte les codes et clichés du premier opus pour offrir un gigantesque cartoon. Un spectacle démesuré calibré pour ne plaire à personne si ce n’est aux folies et à la passion pour la pop-culture de son auteur. En bref, une déclaration à la culture contemporaine qui n’a pas pris une ride et a poussé son propos jusqu’à se moquer et tourner en dérision son premier opus. Une des rares suites où le bigger is better fait sens.

Roberto Garçon