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Les dix personnalités qui ont marqué le cinéma en 2017

Des femmes ont brisé l’omerta sur les agressions sexuelles qui régnait sur Hollywood, une Française a ramené le cinéma de genre en France, une étoile franco-argentine se fraie son chemin jusqu’aux César tandis qu’une américaine a raflé toutes les récompenses pour ses pas de danse. Qui a marqué le cinéma cette année ? Cineseriesmag vous livre sa sélection des dix artistes qui ont façonné le 7ème art en 2017.

1. Nahuel Pérez Biscayart

Si on devait passer en revue les nouvelles étoiles apparues dans la constellation du cinéma français cette année, nul doute que Nahuel Pérez Biscayart émettrait la plus vive des lumières. Et avant qu’un César de Meilleur Espoir Masculin (pour ceux qui doutent encore) ne vienne couronner cet état de fait, sa révélation aura surtout été un synonyme de la pluralité de notre production francophone. Militant fiévreux chez Campillo (120 battements par minute), figure Caligarienne chez Dupontel (Au revoir, là-haut), l’argentin magnétique au regard azur emporte la mise dans ces deux propositions par une prestance, un naturel et une sensibilité désarmante. Aussi à son aise dans l’urgence d’un cinéma vérité et politique que dans les arabesques d’une grande oeuvre populaire, le jeune acteur de 31 ans y incarne d’ailleurs d’un même élan, presque en miroir, les spectres de générations sacrifiées. Comme si la confluence des sujets mais aussi d’une même colère, d’une même révolte mais surtout d’un même amour débordant pointait dans une seule direction, celle d’un acteur incandescent dont on espère que l’étoile ne sera pas filante mais de plus en plus rayonnante. Jusqu’à devenir l’un des soleils de notre culture hexagonale.

Adrien Beltoise

2. Julia Ducournau

Il n’est pas faux de dire que le cinéma français ne rime pas toujours avec cinéma de genre. Englué dans un confort miteux avec l’accumulation d’une ribambelle de comédie à l’idiotie opportune ou préférant parfois prendre ses grands airs avec un cinéma d’auteur aussi ronflant que mystérieux, le cinéma français manque de figure cinématographique qui aime gravir les codes du cinéma de genre. Heureusement pour nous, Julia Ducournau fait partie de cette catégorie. Avec son film Grave, sortie cette année en salle, la cinéaste a mis un grand coup de pied dans la fourmilière du 7ème art français. Qu’on aime ou pas son style, qui mêle imagerie gorasse sur l’émancipation du corps et drôlerie puérile, Julia Ducournau est comme une bouffée d’air frais dans un paysage du cinéma un peu gringalet. Grave aura marqué l’année 2017. C’est indéniable. Pas toujours subtil dans la mise en image de ses thématiques, Grave n’en reste pas moins un film audacieux, évocateur d’une jeunesse, œuvre qui deviendra sans doute l’égérie d’une certaine génération. Comparé par certains à David Cronenberg, la réalisatrice a su trouver son public et se faire une place de choix pour les années à venir, et a surtout fait éclater au grand jour le talent de la jeune Garance Marillier. Aride et généreux en coups de sang cannibales, Grave est un film à voir. Comme le belge Fabrice Du Welz, Julia Ducournau fait partie de ces auteurs qu’on aimerait voir plus souvent dans le monde du cinéma francophone.

Sébastien Guilhermet

3. Agnès Varda

La fin d’année de 2017 a été incontestablement celle des femmes. Si dans le cinéma cela se fait un peu plus rare, il y en a une qui marquera le septième art à jamais. Après le César et la Palme d’honneur, Agnès Varda recevait, en novembre dernier, un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. En devenant alors la première réalisatrice à recevoir la précieuse statuette, on voyait en ce symbole l’accomplissement de tout son engagement et la très large reconnaissance de son talent par la profession. Première grande réalisatrice française, la seule de la nouvelle vague : Agnès Varda a toujours défendu ses convictions à travers un cinéma engagé. Par ses films, ses actes ou ses discours, encore aujourd’hui, elle n’a cessé de faire valoir les droits des femmes avec élégance. Cette année aura aussi été marquée par sa réalisation de Visages Villages, en collaboration avec JR. D’abord présenté à Cannes hors compétition, le film a ensuite beaucoup séduit dans les salles françaises avant d’être présélectionné pour les Oscars 2018. Après plus de 60 ans de carrière, il était difficile de passer à côté de cette femme durant cette année.

Gwennaëlle Masle

4. Edgar Wright

Dans une industrie gangrenée par les suites et autres reboots, jouer aujourd’hui la carte de l’originalité a tout de l’extravagance, voire de l’anticonformisme. Pas étonnant dans ce cas de voir pourquoi Baby Driver et in extenso son réalisateur, le truculent Edgar Wright, ont été adulés. Car au-delà du divertissement pop dans lequel on le cantonne, Baby Driver ose, au milieu d’une histoire à priori banale (un heist-movie mâtiné d’amour), la synesthésie (ou mélange des sens). La vision d’abord, puis l’ouïe après, Wright se plait ainsi à titiller nos sens au gré d’un montage qui file à toute berzingue pour mieux nous balancer à la figure ce qui fait la richesse de son métrage : la mise en scène de la musique. A la manière du film de Tom Twyker, Le Parfum, Wright entend ainsi filmer, mettre en scène quelque chose de versatile, d’abstrait, et le tout dans un film qui n’entend pas tomber dans le pur exercice de style mais bien dans le divertissement estival référencé. En ce sens, il est facile de comprendre pourquoi Edgar Wright a pu implicitement figurer au sein des cinéastes ayant fait 2017 car au milieu de gros poids lourds (Transformers, Justice League, etc.), et seulement armé d’un budget de 34 millions de dollars, le britannique a montré que la technique peut aisément supplanter les moyens et que l’originalité est encore un facteur prisé du public.

Antoine Delassus

5. Les briseuses de silence

Impossible de parler du cinéma en 2017 sans évoquer l’incroyable mouvement de libération de la parole qui a eu lieu suite à l’affaire Weinstein. En faisant tomber l’un des hommes les plus puissants d’Hollywood, ces briseuses de silence ont pu accomplir quelque chose d’historique. Parmi elles, Rose McGowan, Asia Argento, Ashley Judd ou encore Annabella Sciorra, sont devenues les visages du courage et de la rébellion contre les violences faites aux femmes. À travers des témoignages pour les prestigieux New Yorker et New York Times par lesquels tout a commencé, les réseaux sociaux, ou encore des interventions sur les télévisions américaines et européennes, ces femmes ont pu partager leurs paroles afin de mettre fin à une omerta qui régnait depuis beaucoup trop d’années dans le milieu du cinéma. Des confessions fortes, marquantes qui ont exposé à la lumière du jour le secret de polichinelle d’un univers des plus hypocrites. Mais la force de cet événement sans précédent est qu’il ne s’est pas cantonné à la simple industrie du cinéma et s’est propagé dans le monde de la musique, de la télévision, du sport, des entreprises. Un tournant décisif dans ce combat de longue haleine opposant des milliers de femmes meurtries à des porcs supposés intouchables. Le poing levé, elles ont renversé leurs monstres, tel David contre Goliath. Oubliez Wonder Woman, ce sont elles les véritables super héroïnes de 2017.

Maxime Thiss

6. David Lynch

L’année 2017 fût marquée par le retour de David Lynch. Considéré par de nombreux cinéphiles comme une légende vivante, le réalisateur de Mulholland Drive a ravi les fans avec une nouvelle saison de la série Twin Peaks, et ce, 25 ans après la saison 2. 18 épisodes qui ont été marquants, au point que la célèbre revue des Cahiers du Cinéma a osé en faire 3 couvertures, tout en les faisant figurer n° 1 de leur top Cinéma, un comble pour une série. Ainsi, de nombreux cinéphiles mettent également Twin Peaks dans leur top cinéma, au point de provoquer un débat sans fin sur les réseaux sociaux. Si nous ne prenons pas parti, force est de reconnaître que David Lynch a beaucoup fait parler de lui cette année, d’autant plus que plusieurs films du maître ont pu bénéficier en France d’une ressortie Blu-Ray, un must de Nöel. Il faut également rajouter que cette année est sorti au cinéma un documentaire sur l’enfance et la formation du réalisateur, David Lynch The Art Life, et qu’il est en ce moment à l’affiche dans Lucky avec Harry Dean Stanton. Bref, tout ceci faisait amplement mériter sa place à David Lynch.

Alexandre Léaud

 7. Albert Dupontel

Affublé de sa casquette de réalisateur, Albert Dupontel n’a plus rien à nous prouver. Créateur de véritables ovnis cinématographiques qui, chacun à leur époque et à leur manière, ont eu l’exploit de donner un bon coup de pied dans le cinéma hexagonal (Bernie, Enfermés Dehors, Neuf Mois Ferme), on ne voyait plus vraiment quel autre défi sa fibre artistique pouvait relever. Bien mal nous en a pris. Car il aura fallu attendre 2017 pour que celle-ci s’exprime de la manière la plus ambitieuse qui soit avec Au revoir là-haut. S’éloignant du registre strict de la comédie, le film est basé sur un livre, celui de Pierre Lemaitre, véritable fresque macabre sur une escroquerie aux monuments aux morts dans la France de l’après-guerre, auréolé du prix Goncourt 2013. Travaillant avec l’auteur, Dupontel en a fait une épopée romanesque et humaine emplie d’émotion, parfois drôle, souvent touchante, toujours juste. Dans une reconstitution historique impressionnante des années 1920, Au revoir là-haut est également l’occasion pour Dupontel de montrer qu’il est aussi un formidable directeur d’acteurs, ces derniers allant de la révélation (incroyables Nahuel Perez Biscayart et Heloïse Balster !) à la confirmation des habitués du milieu (Laurent Laffite, Niels Arestrup). La réaction est sans appel : le long métrage est un immense succès critique et public, un des meilleurs de cette année. Il est également le 2e plus grand succès de l’acteur réalisateur après Neuf Mois Ferme, et sans nul doute le meilleur de sa carrière. Il va sans dire que 2017 a donc été incontestablement l’année d’Albert Dupontel

Kevin Béluche

8. Emma Stone

Si 2016 était l’année de l’épiphanie pour Emma Stone, 2017 est sans aucun doute l’année de sa consécration. Récompensée par l’Oscar de la meilleure actrice pour La La Land en février dernier et désormais interprète féminine la mieux payée du tout Hollywood, l’ex-compagne d’Andrew Garfield a vécu une année riche en émotion et en cinéma. De par un visage angélique et un jeu solaire, tout en nuance et dans des personnages toujours différents, il y a fort à parier qu’Emma Stone devienne une véritable icône du cinéma Hollywoodien. Outre le triomphe de la comédie musicale réalisée par Damien Chazelle, on a pu la retrouver dans Battle of the Sexes, du duo Dayton/Faris (Little Miss Sunshine), interprétant l’ex n° 1 mondiale de tennis, Billie Jean King. Portant littéralement le film à bout de bras, aussi bien scéniquement que symboliquement grâce à son propos féministe, Stone s’est vue récompenser d’une troisième nomination consécutive aux Golden Globes de la meilleure actrice. Signe d’une implication sans faille et d’un travail d’acting en perpétuelle évolution.

Louis Verdoux

9. Robin Campillo

Monteur, scénariste, réalisateur, l’aixois Robin Campillo a raflé la mise à Cannes avec ses 120 Battements par minute, palme d’or de cœur du président du Jury Pedro Almodovar, et récipiendaire du Grand prix et d’autres non moins importants. A l’origine de la série Les Revenants avec son long métrage éponyme de 2004 duquel elle a été adaptée, ou encore à l’écriture chez Laurent Cantet pour les films les plus engagés de ce dernier, Robin Campillo prend toute sa dimension de réalisateur avec l’excellent Eastern Boys sorti en 2013, avec un cinéma minimaliste qui s’appuie bien sûr beaucoup sur l’écriture, mais sans oublier un style certain pour dénoncer avant tout le sort des sans-papiers en France, en utilisant une grammaire qu’il maîtrise : les relations complexes entre les humains, ici entre des hommes qui s’aiment , des hommes qu’on désire tout autant qu’on craint, qu’on respecte et qu’on tient pourtant à distance. Avec 120 battements par minute, le cinéaste explose littéralement, de rage, de vie, de mort, avec un très beau film qui mélange l’histoire intime, celle de Sean (Nahuel Perez Biscayart) et de Nathan (Arnaud Valois), avec le combat de toute une génération, celle des années 90 frappées par le Sida, défendue avec la violente énergie du désespoir par les militants d’Act Up. Une mise en scène d’une redoutable efficacité, dans laquelle Robin Campillo fait se côtoyer le documentaire le plus factuel et le plus naturaliste qui soit, l’histoire d’amour la plus vraie et la plus bouleversante, les scènes iconiques les plus marquantes (la Seine de sang, la scène de faux sang). Véritable événement de 2017, 120 battements par minute permet à son auteur d’être distingué comme une des personnalités-clés de l’année dans l’univers du cinéma.

Bea Delesalle

10. Gal Gadot

Début 2016, Gal Gadot n’était encore connue que pour le rôle de Gisele dans la saga Fast and Furious. Après une petite apparition remarquée dans Batman V Superman en mars 2016 dans le rôle de Wonder Woman, c’est en 2017 qu’elle donne un coup de pied dans l’industrie américaine en incarnant l’amazone dans sa première aventure solo sur grand écran. Le succès est immédiat : les recettes mondiales du film avoisinent les 860 millions de dollars et le film devient l’un des plus grands démarrages de tous les temps. Le film devient le plus grand succès commercial pour une femme réalisatrice : Patty Jenkins. Alors que des internautes stupides lui reprochaient d’avoir une trop petite poitrine pour incarner la super-héroïne, Gal Gadot a brisé tous les records et a imposé son rôle d’héroïne dans une industrie trop réticente à offrir de grands rôles à des femmes. Sa gimmick, le X avec les bras croisés, a été reprise par toutes les actrices américaines sur les réseaux sociaux avant de devenir le symbole de la puissance féministe du personnage. Gal Gadot a repris son rôle en Novembre dans Justice League. Douce mais rebelle, engagée et intrépide, l’actrice israélienne ne semble désormais ne faire qu’un avec son personnage.

Roberto Garçon