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L’Odyssée du Hindenburg s’envole en Blu-ray & DVD aux éditions ESC

En cette froide fin d’année, L’Odyssée du Hindenburg revient en vidéo chez les éditions ESC. De retour en Blu-ray et DVD, le film catastrophe/historique de Robert Wise suit le dernier voyage du spectaculaire zeppelin Hindenburg tout en racontant les débuts en puissance du nazisme dans une Allemagne loin d’être unie derrière le führer.

Synopsis : En 1937, le célèbre zeppelin Hindenburg doit effectuer un vol transatlantique depuis l’Allemagne hitlérienne jusqu’aux États-Unis. Ayant vent d’une tentative d’attentat, les autorités envoient le colonel Ritter (George C. Scott) à son bord afin de veiller à la sécurité et démasquer les terroristes.

L’Odyssée du Hindenburg comme portrait d’une certaine Allemagne de 1937

Le cinéaste Robert Wise, réalisateur de grands films tels que Le Jour où la Terre s’arrêta, La Canonnière du Yang-Tsé ou encore La Mélodie du Bonheur, s’attache ici au récit du dernier voyage du Hindenburg. Le filmaker utilise le genre pour mieux capter la grande Histoire. Ici, Ritter, un général de l’armée de l’air allemande, anti-nazi, doit contrer un possible attentat au cœur du zeppelin. Il devra faire équipe avec un nazi convaincu, officier de la Gestapo. La bombe explosera et le zeppelin subira le sort qu’on lui connait.

Ci-dessous, un extrait des archives Pathé sur l’accident du Hindenburg.

Un texte à la fin du film rétablit l’absence de faits établis sur la réalité de l’accident : on ne connaît pas les véritables causes de la catastrophe. Les autorités nazis soupçonnent un possible attentat, tout en maintenant qu’il n’y a aucune forme de rébellion existante contre leur ordre. Wise met ainsi en place deux récits de genre, l’un policier/espionnage, l’autre, catastrophe. Avec Richard Levinson et William Link (les créateurs de Columbo) et Nelson Gidding à l’écriture, il réussit à créer un suspense dans une histoire dont la finalité nous est bien connue.

L’enquête permet au cinéaste de dresser le portrait d’une certaine Allemagne de 1937, notamment bourgeoise et aristocratique. Le brillant George C. Scott incarne un père, général au service d’un ordre qu’il déteste et d’un pays qu’il ne reconnaît plus. L’homme a perdu son fils unique à cause de la folie nazie. Il a aussi opéré en Espagne notamment sur le bombardement de Guernica. Il doit d’ailleurs recevoir une médaille pour cet « acte d’héroïsme » qui le dégoute – et le torture – au plus haut point. Officier de la première guerre mondiale ayant mal digéré le traité de Versailles, il n’a toutefois pas été séduit par Hitler et ses discours de gloire et de nouvelle apogée de la nation, emplis d’une haine de l’autre et de folies inacceptables pour Ritter. Sa femme veut quitter la nation, il ne peut déserter. Il envisage tout de même un départ loin de Berlin. L’officier croisera la route d’une aristocrate (interprétée par la formidable Anne Bancroft) qui a tout perdu : ses terres ont été saisies par l’état nazi pour des tests d’armement. Elle part retrouver aux États-Unis son plus grand amour, sa petite fille muette, en sureté loin de l’eugénisme nazi. Ritter aura aussi pour suspects deux artistes, l’un musicien, l’autre comique, anti-nazis qui iront jusqu’à créer un petit spectacle musical hilarant (le général sourira), excepté pour le capitaine du Hindenburg, national-socialiste convaincu. Espions au service des États-Unis, bourgeois juifs fuyant le nazisme et organisant le départ du reste de leur famille, publicitaire courant après les scoops… Le polar du Hindenburg dresse le portrait-robot d’individus victimes de l’Histoire. Ritter trouvera celui qui veut mettre à feu le zeppelin. « Je ne veux pas de morts » dit Boerth, l’un des « matelots » de l’aérostat. Ancien chef des jeunesses hitlériennes, Boerth a rapidement pris conscience de la folie dangereuse du führer et de son ordre. Et le Hindenburg, symbole important de la puissance nazie, doit être détruit pour montrer qu’il existe bien une résistance face à ce fascisme. Ritter, chargé par Goebbels de le protéger, soutiendra l’action de Boerth. Wise signe ainsi le portrait d’une Allemagne en crise, de ses bourgeois à ses militaires, en n’oubliant pas ses petites mains.

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Anne Bancroft et George C. Scott observent et surveillent certains faits et gestes.

La catastrophe constitue l’apogée de ce tableau. A partir de l’explosion, le cinéaste filme en noir et blanc, alterne plans sur ses personnages et images d’archives. Cependant, elle est mise en place dès le début du film, et elle gagnera d’ailleurs en tension lors de l’incident de la toile percée. L’introduction du long métrage, toute en archives, promeut les aérostats et les zeppelins. Ce moyen de transport serait le plus sûr au monde, et les images nous rappellent le point de vue des US sur le Hindenburg, à l’époque surnommé « l’orgueil de l’Allemagne ». L’introduction et la fin du film participent au film catastrophe tout en contribuant à la fresque historique de Wise.

Ainsi les récits de genre et l’Histoire sont intrinsèquement liés. Cette caractéristique essentielle du long métrage n’est pas le fruit d’un heureux hasard. Wise, cinéaste classique, perpétue ici l’une des plus grandes traditions du cinéma. D’un métrage qui aurait pu être un bête objet opportuniste surfant sur la tendance des films catastrophes des années 60-70, Robert Wise réussit à faire un objet filmique. Imparfait certes, L’Odyssée du Hindenburg est une œuvre passionnante, thrilling, cinématographiquement excitante, dont l’importance de la (re)découverte est d’autant plus forte à une époque où Wonder Woman fait de beaux discours sur l’humanité manipulée et touchée par la guerre – précisément la Première Guerre Mondiale – tout en dégommant sans scrupules les soldats allemands, bêtement représentés comme des nazis par Patti Jenkis et le tout Hollywood qui oublient que le monde et son histoire sont constitués par une infinités de nuances. Ainsi L’Odyssée du Hindenburg intègre de façon tout à fait organique l’œuvre du cinéaste, éternel remède à la bêtise ambiante de nos sombres jours.

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Le Hindenburg, orgueil de l’Allemagne nazie, s’envole pour un dernier voyage.

Premier Blu-ray pour un dernier voyage

L’édition proposée par les éditions ESC propose de redécouvrir le film dans un nouveau master haute définition. Pour la première fois en Blu-ray en France, L’Odyssée du Hindenburg arrive dans nos bacs dans sa version non tronquée (cf. Universal et l’édition DVD de 2008) avec une copie soignée. Propreté, stabilité de l’image et détails sont au rendez-vous. Le grain est préservé et la colorimétrie semble juste. Évidemment, certains effets spéciaux et trucages visuels sont alors davantage remarquables à l’écran. Le son a aussi bénéficié d’une remasterisation de qualité, même si certains dialogues tendent à une artificialité, comme s’ils avaient été postsynchronisés. Du côté des bonus, le contenu est plutôt léger : l’édition comporte une analyse pertinente du film par Olivier Père (directeur du cinéma d’Arte) – d’une durée de vingt-six minutes –, ainsi qu’une bande-annonce promotionnelle de la collection Hollywood Classics éditée par ESC.

Bande-Annonce – L’Odyssée du Hindenburg

CARACTÉRISTIQUES Blu-ray/DVD

Langues : Français, Anglais – Sous-titres : Français – Format image : 1.85 – 16/9 compatible 4/3 – Format audio : VF + VOST 2.0 – durée du film : 120 min

Bonus inédits :

« Un film catastrophe paradoxal », analyse du film par Olivier Père (Directeur du cinéma d’Arte)

Bande-annonce « Dans la même collection »

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L’Odyssée du Hindenburg

En Blu-ray : 19,99 €

En DVD : 16,99 €

Sortie le 28/11/17