C’est dans les bonus que l’on comprend mieux l’importance de cette édition intégrale que l’on croyait disparue. Et voici qu’Artusfilms nous propose Le Sang du vampire, de Henry Cass, dans sa version intégrale et restaurée 2K, dans un très beau coffret contenant DVD, Blu-ray et un livre signé du spécialiste Alain Petit.
C’est sans doute un des plus beaux fleurons de l’âge d’or du cinéma fantastique britannique qui sort chez Artusfilms. Tourné à peu près en même temps que le mythique Cauchemar de Dracula de Terence Fisher, Le Sang du vampire est produit par une firme concurrente de la Hammer, mais il est souvent comparé au travail de Fisher. Il faut dire que rien que la scène pré-générique fait très “Hammer”, que ce soit par le traitement des couleurs, le jeu des lumières, les décors, et même le sujet.
Nous sommes plongés dans le lieu même dont le nom est rattaché au mythe des vampires : la Transylvanie, en 1874, et nous assistons, en pleine nuit, à l’enterrement secret d’un cadavre. Mais avant de recouvrir le corps de terre, on prend soin de lui planter un pieu dans le cœur.
Très vite, le film se démarque par un travail soigné sur les couleurs et la lumière. Que ce soit en pleine nuit ou dans la lumière diurne, la couleur rouge se démarquera tout au long du film. Elle sera présente dans quasiment chaque plan du long métrage, dans un élément du décor, un costume ou un accessoire. Ainsi, le sang est non seulement un thème central du film (on n’en comprend l’importance réelle que vers la fin) mais aussi un thème esthétique.
Ce travail esthétique ne sera pas démenti durant tout le film. Henry Cass, qui n’avait jamais réalisé de film d’horreur, ni même de film fantastique auparavant (et n’en réalisera quasiment pas par la suite) implante en quelques images une atmosphère gothique qui participera à l’ambiance glauque de ce Sang du vampire. L’asile de Callistratus ressemble fortement à la salle des tortures d’un château médiéval. D’ailleurs, un corps portant les stigmates de nombreux coups de fouets gît, inanimé, lorsque John Pierre fait son entrée.
Le village perdu de Transylvanie, le château, les chiens et le serviteur monstrueux : les décors, les costumes, les personnages implantent cette atmosphère d’horreur gothique si particulière.
Cette ambiance si particulière est encore renforcée par un érotisme sous-jacent et vaguement pervers : il faut voir cette scène, apparemment coupée dans la copie britannique du film à sa sortie, où le monstrueux Carl savoure le décolleté vertigineux de jeunes femmes enchaînées et hurlantes… On trouve aussi un goût sadique pour la souffrance, une cruauté revendiquée. Le tout est montré avec un talent esthétique certain, ainsi qu’avec un grand sens du rythme : pas une image du film n’est superflue, pas un plan n’est inutile.
Finalement, on comprend que le film sait aussi s’amuser avec les codes du film de vampire (mais nous n’en dirons pas plus ici, pour ne rien dévoiler…).
Le film est présenté dans un très beau mediabook comprenant le Blu-ray, le DVD et un livre écrit par Alain Petit. Le film est présenté dans une belle copie restaurée 2K qui rend justice au travail esthétique prodigué par Henry Cass.
Côté compléments de programme, la galette propose deux présentations, faites par deux spécialistes du film fantastique. D’un côté, Nicolas Stanzick nous présentera la firme Tempean, concurrente de la Hammer, ainsi que le travail de l’indispensable scénariste Jimmy Sangster. Il parle également des différentes versions des films d’horreur britanniques, avec les scènes amputées dans certains pays, et il nous explique pourquoi cette version complète du Sang du vampire est un petit miracle, parce que l’on croyait toute copie perdue.
Le second spécialiste qui fait une présentation du film, c’est Alain Petit qui revient sur… à peu près les mêmes informations. C’est là la seule vraie limite de cette édition : les deux spécialistes qui interviennent dans les deux bonus vidéos se répètent trop. Les mêmes informations se retrouvent dans les deux entretiens. Bien entendu, l’un va plus insister sur un aspect et l’autre sur un autre ; bien entendu, Nicolas Stanzick et Alain Petit sont passionnés, érudits dans leur domaine et donc absolument passionnants. Mais on peut juger cet effet de redondance un peu maladroit.
Le tout est accompagné d’un très beau livret de 80 pages, bien illustré, sur “l’âge d’or du british gothic”. Le livret, rédigé par Alain Petit, est divisé en deux parties : la première présente les principales firmes de production du cinéma d’horreur gothique des années 50-60 (dont la Hammer reste la plus célèbre, évidemment). Ensuite, Alain Petit s’attarde plus précisément sur Le Sang du vampire, présentant les producteurs, le réalisateur, le scénariste, le directeur de la photographie et les principaux interprètes (dont l’incontournable Barbara Shelley).
Malgré le petit désagrément de ces bonus répétitifs, il faut bien dire que cette édition du Sang du vampire chez Artusfilms est un événement pour les amateurs du cinéma d’horreur britannique.
Caractéristiques
Durée : 83 minutes (DVD) / 87 minutes (Blu-ray)
Langues : français, anglais
Sous-titres français
Son Dolby Digital
Format de l’image 4/3
Format respecté 1.66
Compléments de programme
Présentation du film par Nicolas Stanzick (33 minutes)
“Le vampire Callistratus”, par Alain Petit (37 minutes)
Film annonce originel
Diaporama
Livret “L’âge d’or du British Gothic & Le Sang du Vampire”, par Alain Petit (80 pages)