Quel est le point commun entre les réalisateurs David Wark Griffith, Charles Chaplin, Dziga Vertov, Terrence Malick, John Boorman, Francis Ford Coppola, John Landis ou Lars von Trier ? Ils ont tous, à un moment ou à un autre, appuyé une scène importante de leur film sur la musique de Richard Wagner.
Le compositeur allemand Richard Wagner (1813-1883) s’est démarqué des autres compositeurs d’opéras par sa volonté de créer une « œuvre d’art totale » : la scène de l’opéra n’est plus seulement un lieu où l’on chante ; l’opéra doit réunir la musique, le jeu des acteurs-chanteurs, l’architecture des décors, la danse, etc.
Peut-être est-ce cette conception de l’opéra, mêlée à un sens extraordinaire du lyrisme tour à tour grandiose ou intimiste, qui rapproche autant Wagner du cinéma (après tout, n’est-ce pas le cinéma qui accomplit le mieux cette idée d’art total ?). En tout cas, très vite le cinéma s’est emparé de la musique wagnérienne (et du personnage de Richard Wagner, que l’on retrouve dans de nombreux films).
Dans cet article, il ne s’agit bien évidemment pas de faire une liste exhaustive de l’emploi de mélodies wagnériennes dans des scènes de film, mais d’étudier quelques cas bien spécifiques.
La Chevauchée des Walkyries
L’ouverture de l’acte III de La Walkyrie est sans doute possible la musique la plus célèbre composée par Wagner, et un des morceaux d’anthologie de l’histoire de l’opéra en général. De fait, il s’agit sûrement de la mélodie wagnérienne la plus employée au cinéma. Il est possible de distinguer trois emplois (parfois distincts, mais qui peuvent éventuellement se recouper).
la chevauchée
Bien entendu, cette musique est liée à l’idée de chevauchée. C’est même son sens premier : suivant son procédé habituel, Wagner ne veut pas nous dire qu’il y a une chevauchée, mais nous la faire ressentir par la force de sa composition. Dans l’opéra, il s’agit de la chevauchée de jeunes femmes qui viennent chercher les héros morts au combat pour les emmener au Valhalla.
Cette idée de chevauchée, on peut la retrouver dans deux scènes marquantes. D’abord dans Naissance d’une nation, de David Wark Griffith. Dans ce film de 1915 célèbre pour son racisme, le Ku Klux Klan part au secours d’une jeune femme agressée par des Noirs. La musique wagnérienne, alliant force et lyrisme, vient ici donner à la chevauchée une impression de puissance.
Il en va de même dans une autre chevauchée célèbre, celle de la horde sauvage dans Mon nom est personne. Ennio Morricone intègre la fameuse ligne mélodique à sa propre composition, mais l’effet est identique.