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Horns, un film d’Alexandre Aja – Critique

Horns, un conte de fée morbide et drôle

Découvert il y a déjà dix ans avec Haute Tension, Alexandre Aja a depuis porté hautes les couleurs de l’horreur à la française. Son univers visuel délirant et déjanté fait de lui un réalisateur atypique et surprenant. Il s’attaque ici à l’adaptation du roman de dark fantasy Horns (Cornes en version française), de l’américain Joe Hill, le fils d’un certain…Stephen King. Un terrain de jeu idéal pour son imagination sombre et fertile. Après avoir subi plusieurs problèmes de production, Horns sort enfin dans nos vertes contrées.

Et le résultat est du plus bel effet. Difficile, en voyant la direction artistique et l’univers déployé par Aja, de ne pas penser à un autre grand créateur visuel, Guillermo Del Toro. S’il n’atteint pas la dimension onirique d’un Labyrinthe de Pan, Horns lorgne clairement du côté du maître mexicain, dans un style bien plus réaliste malgré tout. Mélange de thriller, de film d’horreur et de conte de fée version ultra-dark, Horns se permet aussi quelques clins d’œil discrets à d’autres monuments du 7ème art comme Friedkin ou Lynch. Tout en conservant une identité visuelle qui lui est propre. Plutôt classique à la base, le scénario oscille entre les époques pour mieux raconter cette histoire mêlant amour tragique et esprit de revanche.

La grande réussite d’Alexandre Aja, c’est de savoir mixer les styles et les ambiances. Si le ton général du récit est résolument sombre, certaines séquences viennent apporter des touches de lumière, teintées d’un certain onirisme qui renforcent l’impression d’assister à un conte de fée. D’autres se veulent résolument drôles. Ces dernières fonctionnent d’ailleurs inégalement, apportant parfois un sentiment de gêne venu de l’hésitation ressentie devant certaines répliques : second degré ou pas ? Mais, dans l’ensemble, le mélange des genres fonctionne parfaitement, empêchant le spectateur de s’installer dans un rythme trop confortable.

Des baguettes aux cornes

Daniel Radcliffe est au centre du film, son premier depuis la saga Harry Potter lorsque débute le tournage. Sa prestation est plutôt mitigée. S’il parvient à créer un personnage sympathique et crédible, il a parfois un peu de mal à se détacher de l’image de sorcier qui lui colle à la peau, et se débrouille moins bien que dans La Dame en Noir, par exemple. Il est entouré d’un casting de seconds rôles convaincants, au premier rang duquel on peut noter la superbe prestation d’une Juno Temple dans son style habituel, parfaite en jeune femme au charme éthérée et à la troublante beauté.

Résolument moderne, parfois férocement drôle et porté par une bande-son rock’n roll électrisante, Horns détonne dans le paysage de l’horreur actuel. Loin de ses productions habituelles, Alexandre Aja nous propose un conte de fées aux relents gothiques, une romance vouée à la tragédie, superbement mise en images. Si l’ambiance sombre et le mélange des genres ne plaira pas à tout le monde, les amateurs d’ovnis visuels à tendance (gentiment) gore seront ravis.

Synopsis : Soupçonné d’avoir assassiné sa fiancée, rejeté par tous ceux qu’il connaît, Ignatius a sombré dans le désespoir. Un matin, il se réveille avec une paire de cornes sur la tête. Celles-ci lui donnent un étrange pouvoir, celui de faire avouer leurs plus noirs secrets aux gens qu’il croise. Ignatius se lance alors à la recherche du véritable meurtrier…

Fiche technique – Horns

USA-2014
Fantastique, Drame, Horreur
Réalisateur : Alexandre Aja
Scénariste : Keith Bunin, d’après le roman de Joe Hill
Distribution : Daniel Radcliffe (Ignatius Perrish), Juno Temple (Merrin Williams), Joe Anderson (Terry Perrish), Max Minghella (Lee Tourneau)
Producteurs : Cathy Schulman, Riza Aziz, Joey McFarland, Alexandre Aja
Directeur de la photographie : Frederick Elmes
Compositeur : Robin Coudert
Monteur : Baxter
Production : Mandalay Pictures, Red Granite Pictures
Distributeur : Metropolitan FilmExport

Auteur de l’article : Mikael Yung