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Hans Zimmer : Portrait d’un compositeur de génie

Hans Zimmer : Portrait d’un compositeur de génie

Dans quelques jours, sortira sur nos écrans le Petit Prince de Mark Osborne, dont la bande originale est signée par Richard Harvey, Camille Dalmais et Hans Zimmer. L’occasion était trop belle en cette période estivale de blockbusters pour consacrer une tribune à ce dernier, nominé récemment aux oscars 2014 pour la musique d’Interstellar.

Les premières notes d’un artiste autodidacte et passionné
Hans Zimmer est né à Francfort le 12 septembre 1957. Il montre très tôt des aptitudes pour la musique en apprenant le piano en quelques semaines tout en négligeant le solfège. La composition, qui l’a toujours plus attiré que l’interprétation, devient son refuge, sa passion, voire le sens de son existence après la mort de son père. Il entretient toujours aujourd’hui ce rapport très singulier, intime et presque vital avec la musique, n’hésitant pas à affirmer que

« si quelque chose arrivait et que je ne pouvais plus composer, cela me tuerait. Ce n’est pas juste un travail. Ce n’est pas juste un passe-temps. C’est pourquoi je me lève le matin. »

En 1971, Hans Zimmer se rend en Angleterre. Après avoir travaillé pour le studio Air Eidel, il intègre le groupe the Buggles, connu pour son titre à succès « Video Killed the Radio Star ». Au début des années 1980 cependant, il rencontre au Snake Ranch studio son mentor, Stanley Myers, qui l’oriente vers la musique de film. Hans Zimmer l’accompagne sur plusieurs projets (Travail au noir, Castaway, My beautiful Laundrette), avant de se lancer seul sur la bande originale d’un Monde à Part de Chris Menges en 1988. Quelques mois plus tard, Barry Levinson l’engage pour Rain Man, ce qui ouvre à Hans Zimmer les portes d’Hollywood en lui offrant sa première nomination aux oscars.

La consécration d’un compositeur surdoué et prolifique
Depuis son arrivée à Hollywood, Hans Zimmer est devenu l’un des plus célèbres et talentueux compositeurs de ces dernières décennies dans le monde du cinéma. Auteur de plus de cent trente bandes originales, l’artiste a touché à tous les genres, de l’animation, à la comédie, au drame, au thriller, au film historique, de guerre, d’action et de science-fiction.
Son oeuvre magistrale sur le Roi Lion, racontant le passage à l’âge adulte d’un jeune lion destiné à devenir roi, lui rapporte en 1995 l’oscar de la meilleure musique et s’est vendue en des millions d’exemplaires. Ceci marque le début de sa prodigieuse ascension aux Etats-Unis. Hans Zimmer poursuivra son travail sur les films d’animation avec Prince d’Egypte, Madagascar et Kung Fu Panda.

Moins connue, sa musique pour la Ligne Rouge de Terrence Malick, nominée aux oscars, reste aujourd’hui une de ses plus longues et plus belles compositions symphoniques. Le film met en scène une bataille d’une rare intensité opposant les Américains et les Japonais sur une île paradisiaque du Pacifique, lors de la seconde guerre mondiale. Le thème principal de la Ligne Rouge fait en outre écho à celui choisi pour 12 years a slave de S. McQueen II, d’ailleurs repris pour le trailer officiel de ce drame poignant sur l’esclavage, meilleur film aux oscars 2014. Hans Zimmer composera également, en suite de Man of Steel, la bande originale de Batman vs Superman : l’aube de la justice, attendu pour 2016.

L’œuvre d’un créateur fidèle et précurseur
Pendant ses trente années de carrière, Hans Zimmer a eu l’occasion de travailler avec de prestigieux réalisateurs américains. Il s’est toutefois particulièrement attaché à certains d’entre eux auxquels il est demeuré dévoué. Dans les années 1990 jusqu’au début des années 2000, il s’associe étroitement à Tony et Ridley Scott, composant pour eux les bandes originales de True Romance, USS Alabama, Thelma et Louise, celle de Gladiator sublimée par la voix de Lisa Gerrard, de la Chute du Faucon noir et Hannibal.

Aujourd’hui, le talentueux compositeur travaille principalement avec trois réalisateurs. Ron Howard tout d’abord, avec lequel il a collaboré sur Da Vinci Code et Anges et Démons, adaptations des romans de Dan Brown, et dernièrement Rush, sur la rivalité entre deux champions de F1, Niki Lauda et James Hunt. Gore Verbinsky ensuite dans Pirates des Caraibes et les westerns décalés Rango et Lone Ranger. Christopher Nolan enfin, pour lequel il s’est chargé de la trilogie Batman, d’Inception en plus d’Interstellar.
A travers l’ensemble de son œuvre, l’artiste démontre son désir d’expérimentation en associant des instruments classiques, modernes et électroniques, d’où le nom du style « synthético-orchestral » qu’on lui attribue parfois. Son inventivité le conduit aussi à se réapproprier des chansons ou des morceaux, par exemple « la vie en Rose » d’Edith Piaf dont la musique d’Inception est une constante déclinaison, ou encore l’ouverture de William Tell de Rossini dans la séquence d’action finale de Lone Ranger. Il n’hésite pas non plus à utiliser de nouveaux instruments, notamment l’orgue d’Interstellar au son de cathédrale dont les notes résonnent encore dans les oreilles. Ceci n’implique pas pour autant qu’Hans Zimmer ne soit pas influencé comme tout créateur par d’autres musiciens, en particulier Ennio Morricone qui reste son compositeur favori.

Le quotidien d’un homme débordé : entre solitude et partage
Très sollicité, Hans Zimmer passe des heures à composer seul dans son immense studio privé, richement meublé et décoré. Des canapés et des fauteuils rouges, une bibliothèque, un bar, un piano, des enceintes, des ordinateurs, des tables en bois, des cranes remplissent la salle dans laquelle le génie puise son inspiration.

S’il crée toujours seul, sauf quand il travaille avec un autre compositeur, comme ce fut le cas pour The Dark Knight avec James Newton Howard, Hans Zimmer est bien loin d’être isolé. Producteur musical, récemment pour Divergente et Terminator Genisys, il apporte son soutien à d’autres musiciens. D’autre part, grâce à sa société fondée avec Jay Rifkin, Media Ventures, qu’il a ensuite quitté pour créer sa propre maison de production, Remote Control Productions, il donne l’occasion à de jeunes artistes, venus comme lui d’autres Etats, de se faire connaitre. Harry Gregson-Williams, le compositeur d’Armageddon, du Monde de Narnia, de Hacker, et Klaus Badelt auteur des musiques de the Pledge et Rescue Dawn, ont par exemple pendant un temps fait partie de l’équipe de Media Ventures.
L’an dernier, le compositeur allemand s’est également lancé dans une série de concerts, intitulés « Hans Zimmer revealed », où sont jouées en direct pour un public privilégié ses plus belles partitions. L’étoile Hans Zimmer, incrustée dans le sol d’Hollywood Boulevard, brille de mille feux et n’est pas prête de s’éteindre.

Redacteur LeMagduCiné