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PIFFF 2017 : Un fantastique diffus au profit de l’horreur de la réalité

Pour son deuxième jour, le PIFFF 2017 délaisse quelque peu le fantastique pour nous plonger dans une white trash comedy avec 68 Kill, un drame mexicain avec Tigers Are Not Afraid et nous lancer sur les traces d’un tueur au sein d’un Londres victorien avec Golem, le tueur de Londres.

[Compétition] – 68 Kill

Réalisé par Trent Haaga (Etats-Unis, 2017)

Trent Haaga s’est d’abord imposé comme un scénariste plutôt prometteur jusqu’à présent. Encore peu connu, il a pourtant développé un véritable amour pour les portraits au vitriol d’une Amérique déphasée et borderline. Après être passé pour la première fois derrière une caméra en 2011 avec Chop, le voilà de retour 6 ans après avec 68 Kill. Dans la droite lignée de son précédent travail, il signe une white trash comedy acerbe et particulièrement efficace. Drôle, impertinent et plaisant à suivre surtout grâce à sa réalisation impeccable, notamment sa photographie très léchée qui retranscrit à merveille l’univers crade et stylisé du « redneck movie », le film reste par contre très classique dans ce qu’il amène.

Le scénario est un peu léger même s’il est mené par l’excellent Matthew Gray Gubler qui compose ici un looser magnifique assez attachant. Il est par contre dommage que les personnages féminins n’aient pas bénéficié du même soin d’autant que l’ensemble tend vers un propos des plus misogynes. Ici les femmes sont représentées de manière très négative mais, dans son immoralité constante et sa façon de ne pas cautionner ses personnages, 68 Kill ne franchit jamais la ligne fatidique du sexisme. Même si sa façon de flirter avec risque indubitablement de faire grincer des dents.

[Compétition] – Tigers Are Not Afraid

Réalisé par Issa Lopez (Mexique, 2017)

On sent dans Tigers Are Not Afraid la volonté de s’imposer comme le nouveau Labyrinthe de Pan. Une volonté tellement évidente que cela va amoindrir le film d’Issa Lopez. Même utilisation du fantastique pour pallier l’horreur de la réalité, personnage principal similaire, etc. Autant d’éléments qui ne peuvent empêcher la comparaison et le long métrage de Lopez en pâtit sincèrement. Il n’a pas la même subtilité quant à l’utilisation du fantastique dans son récit et jamais il n’arrive à insinuer le doute dans l’esprit du spectateur même s’il s’y essaye maladroitement. Le problème ici vient du fait que le récit ménage plus le choc que l’émotion, ce qui implique que le film se perd entre ses péripéties qu’il ne développe pas assez et la dynamique entre le groupes d’enfants.

Pourtant ce n’est pas la faute des très bons jeunes acteurs ni de la réalisation percutante qui retransmet avec gravité la réalité qui régit un pays sous l’emprise des gangs et de la corruption. Mais plutôt d’un pathos beaucoup trop envahissant et d’une absence de subtilité évidente dans la symbolique de cette histoire. A trop chercher où il veut aller Tigers Are Not Afraid finit par n’aller nulle part et se perd dans l’inconsistance de sa démarche.

[Compétition] Golem, le tueur de Londres

Réalisé par Juan Carlos Medina (Royaume-Uni – 2016)

Pour son deuxième long métrage, Juan Carlos Medina signe un thriller d’époque maîtrisé et efficace même s’il ne révolutionne pas son genre. Pour autant, Golem, le tueur de Londres arrive à surprendre grâce à son habile gestion du suspense qui permet de créer le doute autour de l’identité du tueur alors que celle-ci est des plus évidentes. Mais dans sa manière d’élaborer son récit et de le rendre aussi dense, on arrive vraiment à se prendre au jeu même si le mystère prend souvent le pas sur des personnages assez peu développés au final. Notamment le personnage principal qui, malgré la présence classieuse de Bill Nighy (Indian Palace – suite royale, I, Frankenstein), n’arrive pas à s’imposer dans l’histoire.

Celle qui vole la vedette ici, c’est clairement Olivia Cooke (Bates Motel & prochainement The Quiet Ones) qui signe vraiment une performance nuancée et impressionnante dans sa manière de jongler entre les émotions. Elle crève l’écran. Le tout est encadré par une réalisation superbe, notamment dans l’impeccable reconstitution d’époque. Tout sent bon le savoir-faire et Golem, le tueur de Londres se donne les moyens de flatter la rétine de son spectateur en offrant un spectacle hautement divertissant alors qu’il aurait aisément pu basculer dans le simple téléfilm de luxe.

La journée s’est ensuite clôturée sur Jojo’s Bizarre Adventure Diamond Is Unbreakable Chapitre 1, le deuxième film de Takashi Miike à être hors compétition pour cette édition du PIFFF après The Blade of the Immortal. Une adaptation de manga qui a eu du mal à convaincre le public et a reçu un accueil des plus glacials.

Rédacteur LeMagduCiné