Les Vampires à la sauce Netflix boivent du sang dans des verres à vin et tentent de détruire la cellule communautaire pour mieux sauver la cellule familiale. Il y est aussi question de génétique, de liberté et de résistance à sa propre nature. Tout un programme en six épisodes de quarante minutes. A découvrir dans le noir complet, bien entendu. On ne rigole pas avec les traditions.
Les liens du sang
Oulaya Amamra incarne Doïna, 16 ans, la petite vampire qui va jeter un grand froid dans sa communauté, la réveiller aussi. Les vampires existent, ici, maintenant. Ils sont le résultat d’une mutation génétique vieille de 500 ans et d’une pandémie qui a décimé l’humanité, sauf eux. Sauf que ces humains d’un autre genre doivent vivre cachés, fuir la lumière et surtout ne se nourrir que de sang, en évitant tel un Edward Cullen de boire du sang humain. Le risque ? Devenir un camé à la Ladislas Nemeth, le fils de la famille à abattre, dont la mère est pourtant reine de la communauté. Oui, car Netflix ne rigole pas avec les traditions. Il sera question de communauté de vampires, de naphtalines, de refus de vieillir, de désir de soleil. En plus d’être une formidable actrice, Oulaya incarne le personnage qui fait bouger tout ce petit monde. Hybride, complexe et, on le devine dès les premières minutes, puissante, elle va dynamiter les codes. En effet Vampires apparaît d’abord comme un bonne vieille série de genre à la française, qui respecte les codes tout en étant ultra stylisée (le travail sur les couleurs fait du Paris filmé un genre hybride entre le tableau, la carte postale et le fantasme), et s’engouffre très vite dans d’autres thématiques.
« Un sang, une loi, une mère »
Si Doïna explose, c’est à cause de Martha, sa mère. Un personnage incarné par Suzane Clément, jamais meilleure que chez Dolan, partout ailleurs elle semble toujours un poil surjouer. Ici, ça passe presque tant son personnage est tout aussi ridicule que puissant. Cette mère surprotectrice, amoureuse meurtrie aussi, trouve sous ses traits toute la démesure qui lui est nécessaire. Une démesure assez forte pour cramer et être cramée. Et oui, telle est la question. Mais ce qui fait le sel de cette série, c’est sa capacité à faire des vampires des êtres adaptatifs, capables d’être à la fois en plein soleil et puissants. De ne plus se cacher dans l’ombre de vieux appartements où ils ressassent leur trois cent dernières années passées sur terre. D’autres personnages un poil surfaits peuplent cette série où la mère doit renaître de ses cendres pour reconstruire une famille détruite par trop de mensonges. On pense aux grand frère et à la grande sœur Radescu, qui en font toujours trop, quitte à perdre leur intérêt. Quelques questions soulevées laissent cependant supposer des pistes intéressantes qu’on voudrait voir explorées dans la saison 2 : la génétique, la violence de Rad, le lien au père aussi. Toutes ces questions étant finalement liées et prenant le temps d’éclore dans la saison 1.
Adolescence Netflix
En dehors de cela, Vampires se veut aussi une série d’ados comme on en trouve mille sur Netflix où Doïna veut juste passer son bac et sortir avec le mec de ses rêves. Quitte à ce qu’il y perde des plumes et à repenser, une énième fois, l’union entre deux êtres l’un monstrueux, l’autre totalement humain. C’est d’ailleurs un chien qui fait l’union entre leurs deux corps, quand dire la vérité est la seule issue. Finalement, on pense souvent à Only Lovers left alive pour ce sang bu à même la coupe de vin, la stylisation. On regrette cependant un peu trop souvent la poésie qui se dégageait du film de Jarmusch et le manque de réelle surprise. Mais Vampires reste une série intéressante, graphiquement assez belle, qui laisse supposer comme Grave avant elle que la France à beaucoup à offrir au genre, dans sa capacité à le respecter, le dépasser, et même parfois le moderniser (quitte à en faire trop, c’est le prix à payer). A suivre.
Vampires : Bande annonce
Vampires : Fiche technique
Synopsis : À Paris, une adolescente mi-humaine mi-vampire aux prises avec ses nouveaux pouvoirs et ses problèmes familiaux est poursuivie par de mystérieux vampires.
Une série de : Benjamin Dupas, Isaure Pisani-Ferry, Anne Cissé
Avec : Oulaya Amamra, Suzanne Clément, Kate Moran
Diffusée sur : Netflix depuis mars 2020
Durée : saison 1, six épisodes d’environ quarante minutes chacun
1: Une lycéenne comme les autres. 44 min. …
2: Je suis un monstre. 39 min. …
3 : Oublie ta vie d’avant. 37 min. …
4: Un sang, une loi, une mère. 40 min. …
5: Tout est possible dans ce monde. 38 min. …
6: L’Alpha et l’Oméga. 42 min.
Genre : Drame, fantastico-horreur vampirique