La saison 2 de The Missing promet une nouvelle quête mystérieuse et bouleversante au cœur de l’obsession et de l’absence sur deux nouvelles temporalités. 2014 ou le retour d’Alice Webster disparue 11 ans plus tôt jusqu’à nos jours et le dépassement de soi pour le lieutenant Julien Baptiste…
Synopsis : Deux ans après la « résolution » sur la disparition du petit Oliver Hughes, Julien Baptiste reprend du service quitte à délaisser femme et enfant pour retrouver Alice Webster et Sophie Giroux disparues en 2003. La première semble s’être échappée après onze années de réclusion pour retrouver sa famille. Sauf qu’en 2016, la réalité est tout autre et le lieutenant français est prêt à tout pour faire la lumière sur cette enquête qui va le mener jusqu’en Suisse…
Chose promise chose due
L’anthologie se déroule en Allemagne près d’une caserne militaire. Une adolescente, au tatouage récent représentant une toile d’araignée, sèche les cours devant son petit frère. Elle disparaît dans un van jaune tandis qu’une autre (le montage et la ressemblance oblige le spectateur à faire la connexion et à penser à l’analogie avant/après) semble s’être échappée et s’écroule en place publique. Elle prononce « Sophie Giroux » dans l’ambulance. Voilà le point de départ de huit épisodes qui nous emmènent, sur deux temporalités jusqu’en Irak et en Suisse pour faire le jour sur cette/ces nouvelle(s) disparition(s). Le père Sam Webster est officier et la mère Gemma, enseignante. Ils retrouvent leur fille disparue à l’hôpital. Julien Baptiste est mis au parfum par le sergent Eve Stone, chargée de l’affaire, car Sophie Giroux est une adolescente française disparue en même temps qu’Alice Webster. Il est fort à penser que les deux fillettes aient été enlevées par le/la/les même(s) agresseur(s). Le lieutenant français, obsédé depuis le suicide devant ses yeux de la mère de Sophie Giroux à Paris, part pour Eckhausen pour apporter son soutien. On le retrouve en 2016 en Irak à la poursuite d’un certain Daniel Reed. Malgré la pesante incompréhension, l’intérêt reste premier, contrairement à d’autres formats qui usent de mystère ou de flou à des fins aguicheuses quitte à paraître gratuits ou superficiels (Falling Water, Blindspot, Quantico…).
A coup de savantes doses d’informations distillées ça et là telle une perfusion goutte à goutte, The Missing à l’atmosphère toujours autant oxymorique (glaciale du flashback, chaleureuse du temps présent) s’articule sur une nouvelle obsession et des portraits sensibles et poignants. Julien Baptiste est ce nouveau Tony Hughes courant derrière son fils, sauf qu’à présent ce sont deux adolescentes devenues adultes. Avec cette certitude, toujours, qu’elles sont vivantes, une nous est présentée comme un gage dès l’introduction, le spectateur s’accroche au fil tenue par Ben Chanan, le réalisateur. Ce n’est plus Tom Shakland qui avait obtenue l’Emmy l’année dernière pour la meilleure réalisation. Imperceptiblement, la somptuosité de la première saison laisse place à un déroulé presque déjà-vu. Et par la même, les portraits sont des parties visibles de l’iceberg où seules Laura Frasier (Breaking Bad, One of Us par les mêmes scénaristes créateurs) et Anastasia Hille incarnent plus en nuances, deux pendants féminins de Tchéky Karyo. On reconnait David Morrissey (The Walking Dead, The Driver, Extant) dans le rôle maussade du père malgracieux qui se remet difficilement en question. Dommage que les contours de son personnage soient bien trop visibles…
Tout vient à point à qui sait attendre
Au travers la lente évolution (huit épisodes ce n’est rien encore!), le personnage de Julien Baptiste, « boiteux » est un héros dans l’absolu cumulant toutes les qualités qui permettent l’identification : la persévérance, l’amour de son métier, l’intégrité, l’infaillibilité face à ses promesses, mais la faiblesse face à la maladie. Comme si le courage et la force de caractère pouvaient surpasser toute pathologie. L’amour plus fort que la mort. Il y a ici une notion irréaliste propre au Romantisme, mais qui n’entrave en rien l’adhésion, bien au contraire. Si cette deuxième histoire paraît moins passionnante, la raison en est toute simple. Nous sommes confrontés à un nouveau mode déstabilisant où la victime, de retour en société, ne nous renseigne pas sur le motif premier qui nous intéresse, l’identité de l’agresseur et les cartes qui nous sont montrées annihilent l’effet de surprise: les thématiques de la pédophilie, de la malversation militaire ou de l’Alzheimer contrebalancées par d’autres bien étonnantes comme la grossesse d’Eva Stone… L’addiction se situe donc sur une fidèle confiance du spectateur sur une nouvelle version de ce qu’il a aimé précédemment. A l’instar de la saison 2 de Broadchurch, nous désirons être bercés par un leitmotiv semblable et intelligemment, la mécanique se déploie sans aucune lenteur ou impatience sur une résolution qui provoque une fois de plus la lacrymale. Les problématiques sont quasi identiques: remise en question du mariage, fin de carrière ou reconversion. L’originalité du déséquilibre, du contraste tels les pièces d’un puzzle à la vérité documentaire qui faisaient la magie de la première saison laisse place à de plus violentes actions. A ce propos, la maxime est toujours efficace « Chaque personnage agit comme une partie d’un sombre engrenage qu’il nous faudra, patiemment, sur plus de 6 heures, démêler. »
Si cette deuxième saison ne glace pas davantage le sang, elle bouleverse tout autant. En aucun cas, elle ne surpasse la première ni ne la précède, elle offre sur un relatif même registre de nouvelles sensations en prolongeant le plaisir du fidèle sériephile qui avait déjà suivi les aventures de Julien Baptiste deux ans auparavant. Il est difficile de l’imaginer dans une troisième épopée. Ne mettons pas la charrue avant les boeufs, la série débarque sur Starz en février 2017 et devrait suivre sur France 3.