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Critique The Mandalorian – Chapitre 1 : Chasse & Mandales, c’est la Fett !

TOU DOUM. Révolution dans le milieu du streaming : Disney+ a débarqué aujourd’hui aux États-Unis et arrivera le 31 Mars 2020 en France. La plateforme de Mickey compte bien concurrencer les gros comme Netflix et Amazon Prime et pose c***** sur table avec The Mandalorian. À un mois de la sortie de l’Ascension de Skywalker, l’ultime épisode de la dernière trilogie Star Wars, cette série annonce un tournant stratégique pour le géant américain et la saga sur la guerre des étoiles.

– Je t’aime.

– Oui, je sais.

Disney s’est un peu offert la condescendance d’Han Solo en rachetant Star Wars. Qu’importe ce que je fasse, tant que c’est sur Star Wars, les gens aimeront et regarderont. Alors après la dernière trilogie et le spin-off Rogue One, Mickey plonge dans l’univers de Georges Lucas, au format série cette fois-ci. Mais où et quand exactement ?
Situé entre l’épisode VI et VII, The Mandalorian suit les aventures d’un … Mandalorien. On va la faire courte. Venant de la planète Mandalore, ces derniers sont craints à travers toute la galaxie car ils ont la particularité d’être des chasseurs de prime. Dans un univers manichéen où s’affrontent Jedi et Sith, ces mystérieux mercenaires masqués tirent leur réputation de récits légendaires. Braves, malins et redoutablement efficaces, ils sont devenus une véritable icône de l’univers de Star Wars, notamment grâce à Boba et Jango Fett, Jango que l’on remercie chaleureusement pour son implication et son dévouement à la cause scientifique en matière de clonage.

Rentrons dans le vif du sujet. Qu’en est-il de ce pilote de The Mandalorian ? Attention, SPOILER ALERT !

 » Disney has spoken « 

Bon, tout d’abord, nul besoin de sortir le pop-corn en pensant que vous allez passer 2 heures dans votre canapé, l’épisode ne fait que 38 minutes. Si vous voulez mettre un hachis au four, pas besoin de minuteur, regardez The Mandalorian.

L’épisode commence par notre chasseur en terrain glacial. On s’y fait notre première impression sur le personnage principal en quelques minutes. Débarquant dans un bar pour faire son taf, il est calme, méticuleux, très à l’aise au combat, utilise judicieusement ses outils (grappin) et son environnement (porte en forme d’anus), tranquille. En gros, c’est Batman, sans la voix qui mue. Il récupère un Mythrol, qui préfère discuter tuning que s’opposer à son chasseur. On y découvre là un Mandalorien peu bavard, appliqué à la tâche et qui collectionne les plaques de carbonite dans son Razor Crest. L’association intergalactique des philatélistes a appelé, ils en ont marre de passer pour des ploucs à côté des Mandaloriens.

Sa vie se résume donc à écumer la galaxie, à bord de son vaisseau, et à traquer des gens qui doivent de la thune à quelqu’un qui, lui, a les finances pour se permettre ce genre de service. En gros, un Mandalorien, c’est un huissier en freelance. Alors lui, il enchaîne les “ palets “, ces hologrammes qui lui indiquent qui il doit chasser, et il mène sa petite vie. Sauf que problème. Ces palets, il y en a de moins en moins. Les primes sont trop basses et ne couvrent même plus le coût du carburant. Galère galère la taxe carbone.

Notre Mandalorien (qu’on appellera Pedro jusqu’à ce qu’on sache son « identification ») est loin d’être une tanche. Il a bien bossé alors on va lui proposer une mission peu … conventionnelle. Pas de code d’identité, pas de palet, tout se fait sous la table. L’URSAFF des chasseurs de prime en PLS.

Pas de palet, pas de palet. L’intrigue est en place !   

Alors, la commande est simple. On donne à Pedro un capteur de positionnement et les quatre derniers chiffres d’identification de sa cible. On sait donc qu’il a 50 ans, qu’on va entendre bip-bip quand il va s’en rapprocher, et que son client le veut vivant. Mort, c’est possible, mais la récompense sera rabaissée. La récompense d’ailleurs, c’est un camtono rempli de beskar, un acier mandalorien utilisé pour fabriquer leurs armures. J’ai pas jeté un œil à la bourse de Coruscant, mais ça semble valoir bonbon.

Sa mission amènera Pedro sur une autre planète, qui ressemble étrangement à Tatooine. Là, petit comité d’accueil, il se fait attaquer (ou plutôt mordre en vrai) par deux piranhas sur pattes. Un habitant du coin, un figurant de La Planète des Singes de 1968 (ouais, ceux de Tim Burton ils font peur) qui s’est probablement perdu lors du tournage, déboule pour tazer les méchants piranhas. Ouf ! Pedro n’était pas loin de concurrencer Snoke aux Star Wars Darwin Awards.

On rigole on rigole mais cet habitant, pacifiste malgré son tazer, sera bien utile à notre Pedro. Il est prêt à l’aider car il veut se débarrasser “ des mercenaires assoiffés d’argent et de destruction dont leur place n’est pas ici “. Sauf que sans Blurrg, les piranhas sur pattes, pas possible de rejoindre leur campement ! Alors au boulot, une leçon d’équitation s’impose. Pedro galère un peu et ça craint pour lui. Bah ouais, d’habitude, la monture des Mandalorians, c’est un Mythosaure. Là, il sait même pas dompter un Blurrg, c’est comme s’il se faisait ridiculiser au saut d’obstacle par Capucine, 5 ans et demi, et son poney Camomille.

Mais, à force de persévérance, il y arrive le Pedro. Alors il chevauche son Blurrg, avec son nouveau pote, et il arrive au campement des mercenaires. Là, plus le temps de niaiser, c’est l’heure de se mettre au boulot ! Il tâte le terrain, jusqu’à ce qu’un autre collègue, un droïde, décide de venir jouer les cow-boys. Bon, tant pis, il semble avoir la gâchette facile, alors il va pouvoir l’aider contre ces dizaines de mercenaires, et partager la récompense. Pedro, il est pas là pour la thune lui, il est là pour faire le taf avant tout. Ils font donc équipe, ils butent les mercenaires et rentrent dans le bâtiment. C’est vide, c’est le bordel, mais le bip-bip sonne et le dirige vers … un landau.

Elle est où la caméra cachée ? Bah oui, parce que quand on se souvient que la cible devait avoir 50 ans, on se dit que finalement, un palet, ça évite de prendre les chasseurs de prime pour des cons et de les envoyer au charbon pour changer des couches au gamin de Jabba. Puis, on voit deux petites oreilles vertes sortir. C’est un petit bébé Yoda ! Un bébé Yoda de 50 ans, trop choupi !

Trop choupi, trop choupi, le droïde lui, qui doit pas s’enfiler de vidéos de chats au petit-déjeuner, souhaite boucler sa mission : en l’éliminant. C’est trop pour Pedro qui l’en empêche et débute ainsi sa carrière de nounou de l’espace.

Écran noir. Générique. Clap-clap.

Voilà pour l’histoire en quelques lignes, mais est-ce que c’était bien ? La mandale était bonne ?

Alors, il y a plusieurs avantages à faire une série dans l’univers de Star Wars :

La première, c’est de faire de la thune. Bon, nous, à l’échelle de spectateurs, ça nous en touche une sans faire balancer l’autre comme dirait notre défunt président.

La deuxième, c’est de s’alléger de la pression de faire un film. La saga Star Wars étant le Saint-Graal des sagas cinématographiques, il est compliqué de prendre des risques tant les trilogies s’étalent sur les générations. Il faut plaire à tout le monde, ne pas brusquer le néo-spectateur comme le fan inconditionnel. C’est pas évident et ça crée un clivage entre les générations, comme on a pu le constater pour la dernière trilogie.

Le troisième prend à contre-pied la pression, car une série, ce n’est pas un film. Une série qui s’implante dans un univers cinématographique aussi gigantesque, c’est la chance de s’offrir un nouveau virage, de creuser plus en profondeur dans un environnement si vaste, de se libérer de la pression de personnages iconiques auxquels le public est tant attaché et dont le moindre changement peut être adoré comme complètement rejeté.

Et quelle chance que de s’immiscer dans cet univers qu’est celui de Star Wars ! Quelle jouissance ce dut être pour Jon Favreau, le réalisateur du live action du Roi Lion, aux commandes de la série.

Car dans le cas de The Mandalorian, on rentre dans le quotidien de cette espèce peu développée dans les films, dont les innombrables légendes ont fait la réputation dans toute la galaxie. De redoutables chasseurs de primes, qui n’enlèvent jamais leur masque et qui chevauchaient des Mythosaures. Ça en jette sur le papier comme ça.

Dans la réalité, celle de Pedro, on y découvre un chasseur de prime orphelin qui n’est pas intéressé par l’argent. Loin de là même, puisqu’il offre le surplus de son beskar pour les orphelins (le forgeron a fait un peu de forcing en vrai mais on lui crédite la bonne action) et n’hésite pas à partager le gâteau s’il le faut. On ressent dans tout l’épisode le poids de la légende des Mandaloriens et cela attise la curiosité. On veut en savoir plus sur eux, on veut en savoir plus sur Pedro, on veut comprendre pourquoi cette chasse est ancrée dans leurs gènes. The Mandalorian va nous offrir une série qui va explorer l’univers de Star Wars sous un autre regard, un regard plus neutre et apolitique, un regard plus sombre et plus profond.

Car plonger dans The Mandalorian, c’est plonger parmi les oubliés de Star Wars, les laissés-pour-compte, comme Jar-Jar Binks ou Watto, les retraités, comme ce bon vieux figurant de la Planète des Singes. Car là où certains sont venus chercher la paix, ils y ont trouvé la guerre et le conflit. Et c’est l’intervention d’un intermédiaire extérieur qui va permettre de retrouver l’équilibre, de remettre l’équilibre dans la force. Et cet intermédiaire sera quelqu’un d’autre qu’un Jedi ou qu’un Sith.

À l’instar des westerns, dont on ressent grandement l’inspiration et les codes, The Mandalorian offre une image différente de Star Wars, une image plus clandestine, moins glorieuse. Une aventure solitaire d’un chasseur de prime orphelin dont la quête est de poursuivre l’héritage de ses ancêtres dans un monde où son seul repère semble être le siège conducteur de son Razor Crest.

En résumé, le pilote de The Mandalorian est très prometteur. Bien que le scénario soit, en surface, assez léger, les aficionados de Star Wars comme les amateurs trouveront leur bonheur dans ce nouveau format. L’environnement, très fidèle et réussi (heureusement quand on voit le budget alloué à cette production) nous ouvre grandement les portes d’un univers Star Wars hors des sentiers battus. Et on sent déjà le plaisir que l’on va avoir à chercher les Easter eggs de la saga la plus suivie dans le monde. Rendez-vous pour le chapitre 2 !