Moontrap, un film de Robert Dyke : critique

« Dans l’espace, personne ne vous entendra crier », peut-on lire sur l’affiche d’Alien Le Huitième Passager de Ridley Scott. Ce slogan faisait référence à la terreur que les spectateurs et l’équipage du Nostromo allaient vivre dans un vaisseau spatial coupé de tout, avançant dans le vide intersidéral où les sons se meurent dans un profond silence.

Synopsis : Lors d’une mission de routine, deux astronautes américains découvrent un étrange cocon dans l’épave d’un vaisseau spatial d’origine inconnue, ainsi que le corps d’un humanoïde qui serait mort depuis… 14000 ans. Ils ramènent leur découverte sur Terre, et sont renvoyés sur la Lune où la NASA espère découvrir l’explication de ces mystères.

On pourrait accoler ce même slogan au film de Robert Dyke, Moontrap, ressorti en DVD chez les éditions Rimini ce mardi 18 octobre. Le film de 1989 mérite toutefois ce slogan pour d’autres raisons. En effet, chez vous, personne ne criera de peur, car le film n’est pas terrifiant, encore moins spectaculaire, ce long métrage est une série Z absolue, entre le navet de compétition et le nanard de petite main – un film qui vous fait rire par dépit.

Le synopsis, aussi proche du remake de 2001 L’Odyssée de l’espace que de celui d’Alien, ne retranscrit pas assez bien l’ambiance du film. Alors, tachons de le faire : Bruce Campbell (le Ash de la saga cinématographique et télévisuelle Evil Dead) est Ray Tanner, un cosmonaute à la blague facile, aussi brave qu’un cowboy, et probablement le seul acteur à avoir compris qu’il ne jouait pas dans un « grand film » ; Walter Koenig est Jason Grant, le héros du film, celui qui parle trop, qui devine tout trop vite, qui se tape la fille dans une tente de survie gonflable sur la Lune après avoir perdu ses amis et l’espoir de survivre, c’est enfin le gars trop sérieux et trop grave à tel point qu’on peut se demander si l’acteur ne tentait pas désespérément d’obtenir un prix, ou du moins de se décoller la peau de son rôle dans l’univers Star Trek, Pavel Chekov ; Leigh Lombardi est Mera, une extraterrestre humanoïde censée prévenir les hommes du danger, elle ne parle pas anglais, ne sait pas ce qu’est embrasser, mais elle saura se déshabiller pour faire « la bête à dodo » avec Koenig. Attendez, le défilé n’est pas fini, il y a des robots tueurs inspirés (beaucoup trop d’ailleurs) par Terminator, Robocop 2 et la Guerre des Mondes entre autres choses ; des effets spéciaux que n’aurait probablement pas utilisé Ed Wood (même lui oui) ; un scénario poubelle et incohérent fait au shaker, qui aurait été refusé par la Warner même si elle a accepté Suicide Squad, c’est pour vous dire…

« Certaines personnes disent qu’il y a des millions de façons de filmer une scène. Je ne pense pas, peut-être deux ou trois façons. Toutes les autres sont fausses. » – David Fincher

Si Fincher a raison, c’est dommageable pour Robert Dyke – responsable des miniatures sur Evil Dead 2 –  qui semble avoir fait les mauvais choix. La réalisation est pauvre et médiocre tant la qualité de l’image est problématique, en effet le film semble avoir été tourné en cassette vidéo – ce qui peut être intéressant si c’est bien exploité, sauf qu’ici nous sommes censés être face à un film spectaculaire -, mais on peut compter sur quelques éclairs de « génie » (voir photographie ci-dessous) ; un score cliché digne d’un navet ou nanar de Joseph LoDuca, le compositeur de la trilogie Evil Dead ; puis – attention SPOILERS – une ouverture finale sur une possible suite qu’on ne voudrait pas voir même gratuitement et dont l’idée n’a hélas pas été oubliée par l’équipe créative puisqu’une suite intitulée Moontrap Target Earth devrait débarquer sur les écrans cette année.

Et enfin vous obtenez Moontrap, un film à voir le samedi soir entre potes autour d’une pizza ou autre pornfood. Comme l’a déclaré Bruce Campbell dans une interview, Moontrap « est un film de science-fiction à bas budget, cool et funky ». Et nous conseillons d’en rester là, de ne pas y chercher plus que ça. En effet, si vous comptiez regarder un film de science-fiction bien fabriqué, bien écrit, bien interprété, soit un bon film en somme, détournez-vous de Moontrap, de sa version cinéma comme de sa version « longue » (de trois minutes de plus avec leur lot de ridicule). On pourrait alors se demander le pourquoi de cette réédition par Rimini, l’argument commercial entourant les deux acteurs principaux Bruce Campbell et Walter Koenig serait probablement déployé. On déplorera l’absence de bonus sur le DVD, et on notera une remasterisation plutôt propre malgré une image étrange.

Moontrap : Bande-Annonce

Moontrap : Fiche Technique

Réalisation : Robert Dyke
Scénario : Tex Ragsdale
Interprétation : Walter Koenig, Bruce Campbell, Leigh Lombardi, Robert Kurcz, John J. Saunders, Tom Case, Reavis Graham…
Photographie : Peter Klein
Montage : Steven C. Craig, Kevin Tent
Direction Artistique : Larry Fox, Peter Gurski
Décors : B. K. Taylor
Costumes : Deborah K. Larsen
Musique : Joseph LoDuca
Production : Shapiro Glickenhaus Entertainment, Magic Films
Producteurs : Victor Malone, Frank Isaac
Distribution vidéo en France : Éditions Rimini
Durée : version courte – 81 min ; version longue – 85 min
Genre : science-fiction / horreur
Date de ressortie vidéo (France) : 18 octobre 2016
Etats-Unis – 1989