the-first-slam-dunk-takehiko-inoue-critique-film
Copyright Wild Bunch Distribution | Film The First Slam Dunk

The First Slam Dunk : rebond sensationnel

Jérémy Chommanivong Responsable Cinéma

Le basketball arrive à son paroxysme dans un univers que l’on qualifierait pourtant de masculin. Cependant, The First Slam Dunk transcende les individualités du shōnen dont il est adapté, afin de réunir petits et grands, amoureux du manga, du sport ou de cinéma autour d’un plan de jeu unique et une animation à couper le souffle.

Synopsis : Le meneur de jeu de Shohoku, Ryota Miyagi, joue toujours intelligemment et à la vitesse de l’éclair, contournant ses adversaires tout en gardant son sang-froid. Né et élevé à Okinawa, Ryota avait un frère aîné de trois ans de plus. Sur les traces de ce dernier, joueur local célèbre dès son plus jeune âge, Ryota est également devenu accro au basket. En deuxième année de lycée, Ryota fait partie de l’équipe de basket-ball du lycée Shohoku, aux côtés de Sakuragi, Rukawa, Akagi et Mitsui, et participe au championnat national inter-lycées. À présent, ils sont sur le point de se mesurer aux champions en titre, les joueurs du lycée Sannoh Kogyo.

En 31 tomes et 101 épisodes pour l’adaptation sérielle, Takehiko Inoue a su donner l’impulsion nécessaire aux adolescents et adolescentes afin qu’ils trouvent le chemin des terrains de basketball. Au lycée, ce fut le sport collectif de prédilection du mangaka, à présent réalisateur et auteur d’un nouveau récit qui se détache légèrement de son Slam Dunk originel. Il s’agit d’un véritable tour de force de la Toei Animation, à qui l’on doit déjà One Piece : Red et Dragon Ball Super : Super Hero dernièrement. Ces grandes licences ont d’ailleurs tendance à s’enfermer dans un schéma répétitif, où l’événement l’emporte que la qualité des œuvres projetées. C’est là où le cinéaste se démarque, avec une réelle envie de renouveler son univers avec moins d’humour et encore plus de sensations et d’émotions.

Rebond visuel

Loin d’être aussi cartoonesque que Space Jump ou Shaolin Basket, voire aussi radical que les enseignements du Coach Carter, l’ouverture garde les pieds sur terre. Deux frères s’entraînent, tout en apprenant beaucoup sur eux-mêmes. Ils ont beau être nés le même jour, trois bougies d’écart les séparent. Et ce sera à travers le manque d’expérience du cadet, Ryota Miyagi, que l’on redécouvrira l’intensité de ce sport qui pousse à bout ses limites, ainsi que celles de ses coéquipiers. Tous sont invités à entrer dans le colisée des fauves, pour un unique match de quarante minutes, où dix mains sont tournées vers le même objectif.

Les lycéens de Shohoku défient les tenants du titre, une confrontation qui ne laissera personne indemne. Chaque passe et chaque point ont leur importance, que ce soit pour le score final ou pour le moral du groupe. Le duel est à la fois physique et psychologique. Les corps s’adaptent à la vitesse du jeu, mais le bras de fer est permanent. Le positionnement des jambes, des pieds, des mains, des épaules, des hanches… de nombreux réflexes nerveux et abondamment répétés à l’entraînement sont captés dans une animation alléchante, mêlant 2D et 3D, et qui n’oublie pas de justifier la masse des protagonistes à chaque fois qu’ils avancent d’un pas. La mise en scène est d’une minutie qui ravira les fans de cette discipline, à tel point que l’on vit le match et les enjeux de chaque joueur de l’intérieur.

Rebond d’émotions

Hisashi Mitsui occupe l’arrière, Kaede Rukawa est l’ailier, Takenori Akagi tient le rôle de pivot et de capitaine de l’équipe, Hanamichi Sakuragi le héros principal de la bande dessinée reste l’ailier fort du groupe, notamment grâce à ses talents athlétiques pour jouer les rebonds. Quant à Ryota, il est fonceur dans la vie, une attitude qu’il déploie à merveille en menant le jeu sur le terrain. Ces cinq individus que tout opposait à leur première rencontre se trouvent bien là, jouant le match de leur vie afin de justifier le surpassement de soi, si cher aux récits de teenage movie. S’il ne s’agit pas pour autant d’un sport extrême, ce genre de divertissement génère sans peine de l’adrénaline au fur et à mesure que le ballon traverse le terrain pour finir dans le panier adverse, à 3,05 mètres du sol. Chacun a ainsi l’opportunité de progresser et d’être caractérisé dans des flashbacks, qui ne freinent en rien le rythme d’un récit trop bien huilé.

Comme arrivé au bout d’un exercice de suicide, chacun s’accorde une seconde chance de remonter la pente avec des ressources insoupçonnées dans l’ultime quart-temps. La rivalité des personnages, leur point d’origine et d’arrivée, tout cela est compilé dans un cocktail explosif où chacun des équipiers joue contre la montre, enchaîne leur rédemption, surmonte leur traumatisme et tente de s’affirmer sur le terrain comme dans leur vie privée. Il n’y a nul besoin de passer par une autre case, car ce film se suffit à lui-même, trouvant le bon équilibre entre le sport et le mélodrame. Il faut également reconnaître la bande-son incroyablement stimulante du compositeur Satoshi Takebe, de même que les tubes rock’n’roll des groupes The Birthday et 10-FEET. Ainsi, l’œuvre laisse peu à peu le portrait d’une équipe se dessiner, prendre vie et prendre goût à leur revanche sur la vie.

Après avoir digéré ses années de lycée, le mangaka s’est depuis tourné vers un seinen médiéval avec Vagabond, tout en gardant un pied dans le basketball avec Real, mettant en avant des sportifs en fauteuil roulant. Au même titre qu’un Rocky Balboa, ce dernier revient livrer le dernier combat de sa carrière, avec une intensité remarquable.

« Le match n’est jamais terminé tant que vous n’avez pas abandonné. » Le coach Anzai Mitsuyoshi en sait quelque chose, avec ses années d’expérience au sein de l’équipe nationale. Il est facile de faire le pont avec la vie que les joueurs doivent reprendre en main, qu’importe le camp, qu’importe les ambitions. 26 ans après la fin de la série, The First Slam Dunk de Takehiko Inoue sculpte sa plus grande fresque du basketball sur grand écran, une démonstration savoureuse du savoir-faire de l’animation japonaise. Au terme d’un récit, d’un match et d’une vie sans temps mort, le cinéaste nous tend avec amour et passion le ballon qui nous donne suffisamment envie d’assister à des matchs ou à organiser les nôtres.

Bande-annonce : The First Slam Dunk

Fiche technique : The First Slam Dunk

Réalisation & Scénario : Takehiko Inoue
Direction artistique : Kazuo Ogura
Directeur 3D : Daiki Nakazawa
Superviseur Technique et Truquage : Hiroto Nishitani
Superviseur Principal de l’Animation : Kazuki Matsui
Superviseur de l’Animation Technique : Kai Makino
Superviseur de Simulation : Daisuke Ogawa
Superviseur des Effets : Taro Matsuura
Musique : Satoshi Takebe
Son : Koji Kasamatsu
Production : Toei Animation, DandeLion Animation Studio
Pays de production : Japon
Distribution France : Wild Bunch Distribution
Durée : 2h04
Genre : Animation, Sport
Date de sortie : 26 juillet 2023

The First Slam Dunk : rebond sensationnel
Note des lecteurs4 Notes
4
Responsable Cinéma