En janvier, pour compenser les nominations aux César 2023, nous avons découvert trois films de femmes : Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar, Nos Soleils de Carla Simon et Brillantes de Sylvie Gautier.
Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar
Synopsis : À 17 ans, Zahia Ziouani rêve de devenir cheffe d’orchestre. Sa sœur jumelle, Fettouma, violoncelliste professionnelle. Alors comment peut-on accomplir ces rêves si ambitieux en 1995 quand on est une femme, d’origine algérienne et qu’on vient de Seine-Saint-Denis ?
Date de sortie : 25 janvier 2023
Avec : Oulaya Amamra, Lina El Arabi, Niels Arestrup
Le 7e film de Marie Castille Mention Schaar est certainement le plus réussi, le plus solaire. Porté par l’excellente interprétation des comédiennes Oulaya Amamra et Lina El Arabi, l’histoire évite d’être trop clichée, tirée pourtant d’une histoire vraie transposée à l’écran. Ancré dans l’art, porté par la musique, les mains des musiciennes, le film est doux, peu misérabiliste (la famille soutient les deux soeurs, la banlieue n’est pas ici montrée comme un lieu de division, mais de vivre ensemble). C’est un beau portrait de femmes, surtout un esprit de collectif magnifique, qui dit que la musique symphonique ne doit pas être élitiste en ce qu’elle sépare les gens, mais en ce qu’elle va chercher le meilleur d’eux.
Nos Soleils de Carla Simon
Synopsis : Depuis des générations, les Solé passent leurs étés à cueillir des pêches dans leur exploitation à Alcarràs, un petit village de Catalogne. Mais la récolte de cette année pourrait bien être la dernière car ils sont menacés d’expulsion. Le propriétaire du terrain a de nouveaux projets : couper les pêchers et installer des panneaux solaires. Confrontée à un avenir incertain, la grande famille, habituellement si unie, se déchire et risque de perdre tout ce qui faisait sa force…
Date de sortie : 18 janvier 2023
Avec :Jordi Pujol Dolcet, Anna Otín, Xenia Roset
Carla Simon revient filmer la saison chaude, six ans après le très solaire Été 93. Encore une histoire de collectif, de croyance en un monde qui peut résister à l’appât du gain. Pourtant, c’est bien la fin d’un monde que filme la réalisatrice, celui d’une agriculture non intensive. Nos Soleils n’est qu’une tentative de résistance, un maigre espoir en la lutte pour conserver une liberté de produire sans détruire. C’est aussi un film familial qui a ses excès d’amour et de colère, ses personnalités, toutes magnifiquement dépeintes. Même si toute la terre est arrachée à ces cultivateurs, nous espérons qu’ils persistent, qu’ils ne baissent pas les bras. La fin entre joie et destruction le suggère fortement. On pense au film Les Merveilles d’Alice Rohrwacher et on espère que ces terres fruitières ne demeurent pas des utopies passées… Les acteurs, non professionnels, sont tous formidables et particulièrement les enfants que la réalisatrice considère comme des « acteurs nés » et qu’elle sait si bien diriger. Ils nous entraînent dans leur univers de jeux et de conscience du monde où l’on voudrait se perdre à jamais, pour ne pas voir la fin, le gâchis industriel monumental de notre monde moderne.
Brillantes de Sylvie Gautier
Synopsis : Karine, femme de ménage, partage sa vie entre son travail de nuit avec ses collègues et Ziggy, son fils de 17 ans. Lorsque l’entreprise qui l’emploie est rachetée tout bascule pour Karine. La pression sociale va la pousser dans ses retranchements et la mettre face à un dilemme : dévoiler un secret ou mentir pour se protéger.
Date de sortie : 18 janvier 2023
Avec : Céline Sallette, Thomas Gioria, Camille Lellouche
A l’image de l’héroïne d’A plein temps (interprétée par Laure Calamy), celle jouée par Céline Sallette dans Brillantes est entrée dans une course contre la montre. Propulsée déléguée du personnel parce qu’elle devra se taire, Karine peine à sortir la tête de l’eau. La caméra ne la lâche jamais et Céline Sallette offre à cette femme sans voix une partition vibrante, bien que souvent un poil trop misérabiliste, le personnage s’ouvre peu à peu, sans miracle, pour apprendre simplement à dire non. La réalisatrice saisit la solidarité du groupe de femmes, leurs failles, mais fait surtout grandir son personnage de Karine, qui relève peu à peu la tête, prend la parole, sans grand effet, simplement pour l’amener vers un cri libérateur.