Dire que le Marvel Cinematic Universe traverse une phase compliquée tient de l’euphémisme. Films et séries à la qualité de plus en plus médiocres, immenses problèmes de production en interne, reports, absence flagrante de ligne directrice, rien ne va. En revanche, Disney et Kevin Feige ont bien compris que faire de bons films n’était plus une priorité. Pourquoi s’embêter à faire de bonnes choses quand il suffit d’aligner quelques caméos qui feraient passer un projet catastrophique pour le meilleur film de super héros de la décennie ? Malheureusement, pour son arrivée dans un univers au plus bas, Deadpool & Wolverine n’est pas épargné et souffre des pires maux qui rongent celui-ci depuis 2018. Et, pourtant, le troisième volet des aventures du mutant le plus irrévérencieux se révèle fort sympathique, sauvé par le cœur mis dans le projet.
Deadpool : No Way Home of the Mutliverse of Madness
Jusqu’ici et depuis 2000, il ne vous est pas inconnu que les films X-Men appartenaient à la Fox. Pourtant, ce Deadpool & Wolverine fait office de 34ème film de l’Univers Cinématographique Marvel… chez Disney. Rien de bien illogique, quand on sait que le géant aux grandes oreilles a racheté la 21st Century Fox en 2019. Mais alors, tous les événements survenus depuis le premier X-men se déroulaient-ils dans le MCU ? Absolument pas. Pour rendre le tout cohérent, ce troisième opus survient au meilleur moment, en plein arc du multivers. Et, quand on connait un peu le personnage, on se doute que de délicieuses vannes ou remarques sur ce changement d’univers attendent le spectateur. Bingo, on va en avoir pour notre argent !
Avant toute chose, il est important de préciser ceci : Deadpool & Wolverine reste une comédie d’action destinée aux fans du personnage et de Marvel. En l’état, le scénario est terriblement plat. Pire, in fine, il ne fait que très peu avancer l’arc du multivers, ne se contentant de jouer sur des possibilités ouvertes avec la série Loki. Oui, quelques pions sont placés ici et là pour la suite, mais globalement, ce projet reste un stand-alone sans grand impact, dans la même veine qu’un Thor : Love and Thunder. Là où le projet tient tout son intérêt, c’est que pendant 2h, on s’amuse bien. Oui, ce troisième film est parfaitement conscient de ne plus rien raconter et va se contenter de tirer verbalement sur tout ce qui bouge, jonglant entre les envies des fans et les petits plaisirs de Ryan Reynolds (toujours très attaché à l’écriture et au respect du personnage). Le but ici, c’est de faire plaisir, en proposant des caméos attendus ou inattendus, bien plus utiles à l’histoire que Spider-Man : No Way Home et moins insérés au chausse pied en reshoots comme Multivers of Madness. Ouf !
I will always love Huuuugh
Là où l’on attendait d’entrée cet épisode, c’est surtout pour la réunion tant attendue et désirée entre Deadpool et Wolverine. Réclamé autant par les fans que par Deadpool lui-même lors des deux premiers films, le duo rouge/jaune fait des merveilles. L’alchimie entre Reynolds et Jackman est magique, rendant les interactions incroyablement sincères, drôles et touchantes. Parfaitement conscients que les fans se demanderaient à quel point ce retour impacterait la superbe conclusion initiale du personnage dans Logan, le film s’ouvre immédiatement sur cette question. Rassurez-vous, aucun spoiler ne vous expliquera les tenants et aboutissants, mais sachez que cela mène à l’une des meilleures scènes d’introduction de tout le MCU, si ce n’est la meilleure.
Quant à Wolverine, il s’agit bien d’une autre version de celui que nous avons suivi pendant près de deux décennies. Hugh Jackman campe encore avec grand brio un Logan meurtri par ses propres démons, mais dans un style très différent du film de 2017. Dommage que les révélations qui suivent soient décevantes, quand l’on apprend enfin ce qu’il s’est passé dans son univers. Qu’importe, chaque seconde du duo à l’image transpire l’amitié et la complicité que les deux acteurs se portent et ça fait un bien fou. Bien qu’encore une fois, avec Deadpool & Wolverine on sait pertinemment qu’il n’est pas bien écrit, du moins, pas pour son histoire.
META Cagoule, mon Wolvi chéri !
Le côté meta, trash, gore et totalement irresponsable du personnage est resté intact. Oui, Disney a autorisé Reynolds à pousser les curseurs au maximum. Non, Deadpool & Wolverine n’est pas aseptisé, loin de là. Plus que jamais, le 4ème mur en prend pour son grade et tout le monde y passe. Le spectateur, la fox, Disney, Hugh Jackman, même l’état du Marvel Cinématic Universe et le désastre actuel qu’est la saga du multivers, rien n’est épargné. On apprécie l’auto-dérision, en espérant que cela serve réellement à quelque chose pour la suite de l’univers et que tout ceci ne soit pas qu’une fausse remise en question.
Car, pour le reste, disons-le franchement… C’est le néant. Rien de bien alarmant, puisque c’est ce que propose Marvel depuis quelque temps déjà. Les décors sont d’une pauvreté absolue. l’image est immonde et d’un gris d’une tristesse infinie. La mise en scène de la majorité des combats est illisible, sauvée par un montage d’images efficace et une bande-son irréprochable. Restent la formidable scène d’intro et un faux-plan séquence final génialissimes. Alors, oui, on pourrait sortir l’excuse que la majeure partie de l’intrigue se situe dans le Néant, mais Loki a démontré que même une zone fantôme pouvait proposer de belles choses. Dommage. On sort finalement de ce 3ème épisode assez satisfaits, rassurés face à la catastrophe narrative et artistique qu’il aurait pu être. On est bien face à une cagastrophe artistique (quoique, les attentes n’étaient pas bien élevées) mais le cœur mis dans le projet lui offre une telle authenticité qu’il serait dommage de s’en priver.
Bande-annonce : Deadpool & Wolverine
Fiche Technique : Deadpool & Wolverine
Réalisation : Shaun Levy
Scénario : Rhett Reese / Paul Wernick / Zeb Wells / Ryan Reynolds / Shaun Levy
Casting : Ryan Reynolds / Hugh Jackman / Emma Corrin / Matthew Macfadyen
Production : Marvel Studios
Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures
Genre : Super-héros / comédie / action
Durée : 127 minutes
Sortie : 24 Juillet 2024 en salles