Après plusieurs carnages (Suicide Squad, Wonder Woman 84 ou encore la version cinéma de Justice League) on peut légitimement se demander si quelqu’un chez Warner s’y connaît en cinéma. Cela fait tout de même bien longtemps que le studio semble plus attiré par l’argent que par la qualité des productions. Heureusement, les voies de la popularité sont impénétrables. Après des années à enchainer les pires décisions possibles (et pas que pour DC, rassurez-vous), le studio aurait décidé d’écouter les fans, ou plutôt leur messie : Mr Dwayne Johnson. Aujourd’hui, c’est Black Adam qui sort au cinéma. Alors, ça vaut quoi ?
DC OUTRAGÉEEEE, DC BRISÉEEEE
Warner, ils sont quand même extraordinaires. La plupart de leurs films récents sont massacrés et les très rares qui fonctionnent sont ceux où ils avaient décidé de laisser le réalisateur tranquille. Ça n’arrive pas souvent. Malheureusement pour eux, les versions Snyder Cut de Batman vs Superman (versions du réalisateur, totalement différentes des versions sorties au cinéma) ont été saluées par le public et la critique. A elles seules, elles ont prouvé l’immense faille dans le système hollywoodien, vis-à-vis du rapport de poids réalisateur/producteur. Warner Bros, c’est le studio qui s’évertue le plus à reproduire les mêmes erreurs (Disney n’est vraiment pas loin derrière).
Zack Snyder Justice League aurait dû être la preuve finale, l’élément déclencheur pour faire comprendre aux producteurs que, non, ils ne sont pas réalisateurs. Ils ne savent pas mieux que lui comment faire un bon film. Il n’en est rien. Seule la popularité compte. Dwayne Johnson est arrivé, a dit ‘’ Hey, il faut faire ça, et ça ‘’. Devinez quoi ? Warner a dit d’accord. Cela fait presque dix ans que tout le monde leur crie la même chose. Quel super vilain !
Pourquoi une si longue introduction ? Pour vous faire comprendre le poids qui pèse sur les épaules de Black Adam : relancer un DC Cinématic Universe jusqu’ici profondément malmené. Montrer au public que, ça y est, après des années de flou total, de décisions stupides et illogiques, le DCCU retourne sur de bons rails. Malheureusement, dans les faits…
QUI C’EST QUI EST VILAIN ?
Beaucoup disent qu’ils ne vont pas voir un film d’action pour le scénario, que ce n’est pas si important. Faux, le scénario est l’élément le plus important de n’importe quelle œuvre. S’il tient sur un timbre-poste, le peu qui demeure se doit d’être impeccable. Pour les films d’actions ou de super héros, l’action n’a pas la même saveur sans enjeux, sans pay-off ou sans une bonne histoire pour les rendre épiques. Le souci de Black Adam, c’est que le scénario tient sur un timbre-poste… et que le peu qu’il propose n’a aucun intérêt. Pour tout dire, le produit (de 2h) ne semble avoir été fait que pour sa scène post crédit. Le reste est creux, malgré quelques fulgurances. On retrouve Black Adam (Dwayne Johnson) réveillé d’un sommeil de presque 5 000 ans et qui se retrouve malgré lui à devoir protéger son village natal d’une force démoniaque.
Si le scénario se suit sans difficulté, il n’en reste pas moins incohérent et souvent ennuyeux, surtout au début. Comme souvent avec ce genre de film, toutes les situations auraient pu être réglées en quelques minutes. La dualité entre Black Adam et la Justice Society (une Suicide Squad gentille) est ce qu’il y a de plus intéressant. Le personnage principal élimine brutalement quiconque lui barre la route. Car oui, dans l’univers DC, Black Adam est un super vilain, au mieux un anti-héros. Ce côté, vous le retrouverez plutôt bien, il faut l’avouer. Il tue, beaucoup. Bien sûr, ne vous attendez pas à une seule goute de sang. La violence est aseptisée au possible, aidée par le mixage sonore qui va accentuer les impacts ou les démembrements. Pour le reste, c’est ennuyeux. Quelques vannes fonctionnent bien et deux membres de la Justice Society sont superbes, notamment Dr Fate, mais sinon, c’est l’autoroute la plus totale. Le film va d’un point A à un point B, sans prendre aucun risque.
SNYDER DU PAUVRE
Malheureusement, en plus de son scénario pas folichon, Black Adam est laid. Dès les premiers plans, on sait que nos yeux vont saigner. La CGI est souvent hideuse et, si quelques scènes sont très jolies, on est à des années-lumière de ce qui se fait de mieux aujourd’hui. La palme revient au grand vilain, tout droit tiré d’une cinématique Playstation 4, et pas d’un jeu de 2020, plutôt de 2014. La réalisation aurait pu s’en tirer, malheureusement, elle copie en moins bien d’autres productions du même genre. On retrouve énormément la patte de Zack Snyder, dans la musique, les flous ou les mouvements de caméra… mais en version wish. Certains affrontements sont même calqués, parfois au plan près, sur d’autres affrontements DC ou Marvel. Dr Fate, par exemple, offre des séquences d’actions copiées/collées sur des combats de Dr Strange (d’ailleurs, ce sont les meilleures du film).
Alors, tout n’est pas à jeter, loin de là. Certaines situations comiques fonctionnent, certains affrontements restent sympathiques, ou au moins divertissants, malgré une musique parfois mal choisie. Tout cela accompagne malheureusement une histoire bancale, où chaque scène d’action se suit entre deux dialogues écrits avec les pieds. Black Adam ne respire jamais et c’est son plus grand défaut. On ne s’attache à personne, pas même au personnage principal. On attend, pendant deux heures, une scène post générique dont tout le monde connait le contenu. Dommage.
Black Adam : Bande-annonce
Fiche technique : Black Adam
Réalisation : Jaume Collet-Serra
Avec : Dwayne Johnson / Pierce Brosnan
Genre : Action / Super héros
Durée 2h04
Disponible : En salles depuis le 19 Octobre.