Souvent relégués au second plan, la lumière et les costumes sont pourtant essentiels dans la confection d’un film et ce, tout aussi bien dans un film d’époque que dans un film d’arts martiaux.
Après son premier film indonésien, Merantau, Gareth Evans a à l’esprit un film beaucoup plus ambitieux intitulé Berandal. Trop ambitieux car il ne parviendra pas à trouver les fonds nécessaires pour le produire. N’ayant alors pas tourné de film depuis 2 ans, le jeune réalisateur gallois se tourne vers un plan B.
Un projet intitulé The raid, qui permettra de faire le pont avec Berandal s’il obtient le droit de faire une suite en y introduisant déjà le personnage principal et certains personnages secondaires et sous intrigues. Ici, pour des questions financières, il limite le casting à quelques acteurs, et centre son scénario dans un seul et même bâtiment.
Un scénario simplifié donc, demandant beaucoup moins de moyens et qui sera pour lui l’occasion de faire ses preuves. Le succès de The Raid, huit-clos au budget de seulement un million de dollars étant au rendez-vous, Gareth Evans peut enfin mettre en chantier son projet qui lui tient à cœur depuis de nombreuses années désormais réintitulé The Raid 2 : Berandal.
Le film reprend les codes mis en place par l’opus précédent, mais avec de nouvelles aspirations. Tout d’abord narratives, puisqu’en place et lieux d’un survival, le réalisateur et scénariste propose un film policier avec une intrigue plus complexe. De même en ce qui concerne le champ de l’action qui s’étoffe, passant d’un bâtiment à une ville et proposant ainsi une plus large panoplie de décors et permettant de penser et de réaliser de nouvelles chorégraphies de combat et de mise en scène.
Tout cela amène à la précision avec laquelle le film a été conçu. Évidemment, les mouvements de caméra tout comme les chorégraphies, les acteurs, les choix et les utilisations des décors ou encore le montage sont impressionnants et frappent au visage durant le visionnage du film. Mais ils sont complémentés également par la lumière et les costumes, comme le montre le plan ci-dessus.
Aux premiers abords, en ce qui concerne le cadrage, le réalisateur utilise ici une ligne de fuite au centre du cadre pour guider le regard du spectateur au loin, vers la profondeur du plan. Puis il utilise la règle des tiers en plaçant le personnage que le spectateur doit suivre au centre de l’un des points d’intersection (en haut à droite). En faisant cela, le réalisateur guide le regard du spectateur. Le montage du film pouvant être parfois assez rapide, il est essentiel que le spectateur sache immédiatement où se situent les personnages les uns par rapport aux autres dans le décor.
Mais à tout cela s’ajoutent la lumière et les costumes. S’ils peuvent être utilisés pour donner un ton ou une ambiance à une scène, comme ils peuvent tout aussi bien développer des personnages et transmettre des émotions au spectateur, ici, dans la continuité de la ligne de fuite et de la règle des tiers, le metteur en scène les utilise pour guider le regard du spectateur.
En effet, les lumières, celles de l’extérieur du métro, qui scintillent et traversent les fenêtres de gauche viennent se projeter sur le mur de droite, exactement là où se tient le personnage qui est au cœur de l’attention. Ces lumières qui clignotent sur le personnage captent immédiatement le regard du spectateur. Ce qui est accentué à l’aide des costumes, puisque les usagers de la rame sont tous habillés de couleurs plus ou moins sombres tandis que le personnage est habillé en blanc, couleur qui reflète la lumière.
Enfin, à cela s’ajoute le mouvement du personnage, elle se relève sur son siège et enlève sa jambe qui était étendue dans l’allée centrale alors que tous les autres passagers sont immobiles.
Ce simple plan de quelques secondes à peine permet de constater de tous les éléments qui sont mis en œuvre pour permettre la meilleure lisibilité et compréhension d’un plan, et que parmi eux -et non des moindres- il y a la lumière et les costumes.
The Raid 2 : Bande-Annonce
The Raid 2 : Fiche Technique
Réalisation : Gareth Evans
Scénario : Gareth Evans
Acteurs : Iko Uwais, Julie Estelle, Oka Antara, Yayan Ruhian
Directeur de la photographie : Matt Flannery et Dimas Imam Subhono
Montage : Gareth Evans
Musique : Aria Prayogi, Joseph Trapanese et Fajar Yuskemai
Chorégraphie : Iko Uwais
Producteur : Nate Bolotin
Sociétés de production : Pt. Merantau et XYZ Films
Sociétés de distribution : Pt. Merantau et Sony Pictures Classics
Genre : Action
Durée : 150 minutes
Date de sortie : 23 juillet 2014 (France)