The Raid 2 : Le coup de grâce au cinéma d’action mondial
Après avoir porté un sévère coup de bambou contre le cinéma d’action mondial avec The Raid, Gareth Evans double la mise et porte un énorme coup de grâce au cinéma Hollywoodien. Là où le premier s’attardait sur le raid de l’armée Thaïlandaise dans un immeuble, le second propose une véritable intrigue comprenant trahison, honneur et trafics mafieux, laissant la possibilité à Gareth Evans de se surpasser d’autant plus sur sa mise en scène.
L’intrigue de cette suite se déroule seulement deux petites heures après le premier. Cependant, rien n’est jamais vraiment fini et on ordonne à Rama de devoir démanteler les plus grands réseaux de corruption au sein de la police en devant s’infiltrer dans le gang dominant de Jakarta. Il devra aller en prison pour ce faire ami avec le fils du chef du gang malgré la dangerosité de cette mission pour lui comme pour sa famille.
Et c’est en ce point que ce film surpasse le premier. The Raid nous proposait une heure et demi d’action pure où la tension ne retombait jamais et où les combats étaient ahurissants de dynamisme et de réalisme. Cette suite nous propose en plus de scènes de combats surréalistes, une intrigue âpre, digne de vrai film de gangster Asiatique. Néanmoins, même si le récit est assez profond, il ne l’est pas autant que des chefs d’œuvres du genre, tels Infernal Affairs de Andrew Lau et Alan Mak ou Outrage de Takeshi Kitano qui étaient bien plus dignes que moult films occidentaux dans leur manière de traiter leur thème.
Gareth Evan prend aussi le temps d’écrire son intrigue doublant sa casquette de réalisateur à celle de scénariste. Non sans nous déplaire. En effet, en essayant de construire une histoire de vengeance parsemée de thèmes idéologiques tels la famille, l’honneur, le courage ou encore le respect de l’adversaire, Evans pose ses bases durant la second partie du film, souffrant cependant de petites longueurs, seul défaut du film, avec des personnages néanmoins assez travaillés. On ne se lasse pas des sous intrigues plutôt efficaces, n’utilisant pas les scènes d’action comme prétexte mais privilégiant bien le récit. Car si le premier était de l’action non-stop, le second propose même une sorte de trou dans l’action d’une demi-heure en posant ses bases de manière remarquable.
D’un point de vue purement extérieur, une des plus grosses surprises, après que l’argument de vente se fasse sur les scènes d’action tout bonnement ahurissantes, c’est la profondeur de l’intrigue. Le réalisateur Gallois nous propose de nombreux thèmes assez travaillés même si certain sont un poil survolés. On a ainsi un énorme rapport à la famille, à la violence et à l’honneur. Nous comprenons facilement où le réalisateur veut en venir. Surtout que pour un film d’arts martiaux, nous proposer une intrigue aussi poussée, relève de la prouesse totale. Un réalisateur qui a compris que la baston ne suffit pas ; beaucoup de films hollywoodiens devraient en prendre de la graine.
La second réussite résulte bien évidemment de la mise en scène, ultra efficace et ultra soignée. Les combats les plus beaux (et le film en lui même) atteignent un paroxysme de génie au moment où il tombe dans l’ultra violence. Les combats sont superbement chorégraphiés et superbement filmés. Certaines scènes comme celle de la cuisine resteront dans les annales du film d’action pendant une trentaine d’années minimum. Surtout qu’Evans réussit la prouesse de renouveler sa technique et ses rendus sur chaque scène, repoussant toujours plus ses limites sans jamais en voir le plafond. L’art martial utilisé est le Pencak-Silat, un art martial indonésien, maîtrisé à la perfection par le réalisateur depuis son Merantau également avec Iko Uwais. On ne peut pas faire mieux du côté Européen au niveau de la mise en scène et le remake en production du premier film promet forcement d’être une déception.
On peut également glorifier dans ce long métrage, la distribution avec le champion dans sa discipline, un artiste martial du Pencak-Silat, Iko Uwais, bluffant pour un acteur semi professionnel qui n’a eu pour expérience étrangère, que le (moyen) Man of Taï Chi de Keanu Reeves, sinon il n’a osé tourner qu’avec Gareth Evans dans Merantau et les deux films The Raid. Gareth Evans n’a pas voulu prendre la grosse tête suite au succès du premier film et décide de ne prendre que des acteurs inconnus du grand public, quasi amateur, livrant chacun une performance aussi efficace qu’épatante. L’acteur Arifin Putra, excelle dans son interprétation du personnage d’Uco, le fils du patron du gang, froid, sombre et très professionnel. On notera aussi la prestation remarquée de Julie Estelle, interprétant The Hammer Girl, la fille au marteau, véritable hommage (trop voyant?) à Old Boy, une guerrière sourde et quasi aveugle.
Cependant nous oublions que ce qui fait l’évidente et la plus grande force du film, à savoir la fusion de tous ces éléments, conduisant à une symbiose parfaite, à l’ambiance digne d’un film de mafia et aux meilleurs scènes d’action de ces dix dernières années. Gareth Evans est le réalisateur à suivre de notre génération, ses films sont aussi violents que brillants, aussi efficace que bien écrits.
Nous ne pouvons que glorifier The Raid 2. Le réalisateur Gallois a réussi la prouesse de mélanger film d’action ultra efficace et ultra violent (à ne surtout pas mettre devant tous les yeux !) et polar âpre et sombre dans l’univers mafieux. Le résultat est époustouflant et brillant de réalisme. La mise en scène est sublime que ce soit pour les scènes d’actions qui resteront gravées dans la mémoire collective ou pour l’intrigue mafieuse aux thèmes développés et riches. L’affiche avait finalement raison, il s’agit là d’un des meilleurs films d’action de tous les temps !
Synopsis : Après un combat sans merci pour s’extirper d’un immeuble rempli de criminels et de fous furieux, laissant derrière lui des monceaux de cadavres de policiers et de dangereux truands, Rama, jeune flic de Jakarta, pensait retrouver une vie normale, avec sa femme et son tout jeune fils…. Mais il se trompait. On lui impose en effet une nouvelle mission : Rama devra infiltrer le syndicat du crime, où coexistent dans une sorte de statu quo mafia indonésienne et yakusas. Sous l’identité de « Yuda », un tueur sans pitié, il se laisse jeter en prison afin d’y gagner la confiance d’Uco, le fils d’un magnat du crime indonésien – son ticket d’entrée pour intégrer l’organisation. Sur fond de guerre des gangs, il risquera sa vie dans un dangereux jeu de rôle destiné à porter un coup fatal à l’empire du crime.
The Raid 2 : Bande-annonce
The Raid 2 : Fiche technique
Titre américain : The Raid 2 : Berandal
Réalisation: Gareth Evans
Scénario: Gareth Evans
Interprétation: Iko Uwais (Rama alias Yuda), Yayan Ruhian (Prakoso), Arifin Putra (Uco), Oka Antara (Eka), Tio Pakusadewo (Bangun), Alex Abbad (Bejo), Julie Estelle (la fille aux marteaux), Cok Simbara (Bunawar), Ryuhei Matsuda (Keichi), Kenichi Endo (M. Goto), Kazuki Kitamura (Ryuichi)…
Image: Matt Flannery, Dimas Imam Subhono
Décor: Tomy Dwi Setyanto
Costume: Rinaldi Fikri, Aldie Harra
Montage: Gareth Evans
Musique: Joseph Trapanese, Aria Prayogi, Fajar Yuskemal
Producteur: Ario Sagantoro, Nate Bolotin, Aram Tertzakian
Production: Merantau Films, XYZ Films
Distributeur: The Jokers, Le Pacte
Durée: 128 minutes
Genre : Action, Arts martiaux
Date de sortie: 23 juillet 2014
Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement
Indonésie – 2014