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Buffy contre les vampires, saisons 1 à 7, une série de Joss Whedon : critique

Le hasard en a décidé ainsi, mais le 10 mars 2017 restera une date clé pour deux séries qui ont chacune marqué son époque. Aujourd’hui sera diffusé le dernier épisode de la série The Vampire Diaries, mais nous fêtons surtout les 20 ans d’une autre série vampirique précurseur, Buffy contre les vampires.

Synopsis : Buffy Summers, jeune adolescente de 16 ans s’installe à Sunnydale avec sa mère pour débuter une nouvelle vie. Lycéenne le jour, Tueuse de vampires la nuit, dotée d’une force surhumaine, elle est l’élue qui a pour but de vaincre les forces du mal avec l’aide de ses amis et de son protecteur.

A chaque génération, une Tueuse vient au monde…

Tout le monde connaît Buffy aujourd’hui. Cette série s’est ancrée dans notre société qu’on l’ait suivie ou non. Produits dérivés, comics, jeux-vidéos, conférences et études universitaires, Buffy contre les vampires est le Star Wars de la télévision. 20 ans après la diffusion du pilote, la communauté de fans ne s’est pas atténuée confirmant son statut de série culte.
Cependant, l’ingéniosité du créateur et scénariste Joss Whedon (Avengers, Firefly, Dollhouse) avait débuté par un film : Buffy, Tueuse de vampires, sortie en 1992. Le long-métrage a reçu des critiques mitigées en partie à cause de divergences d’opinions. Whedon voulait faire une histoire effrayante, à l’inverse, la réalisatrice Fran Rubel Kuzui n’avait pas le même message et préféra créer une comédie plus légère.
Malgré son échec, le papa de Buffy finira par être contacté, et la première saison de la série, servant de suite au film sera diffusée sur la chaine The WB, avec Sarah Michelle Gellar dans le rôle titre. Du côté français, ce sera sur M6, dans la célèbre trilogie du samedi que l’on pourra découvrir les aventures du scooby-gang (nom donné à l’équipe de Buffy en vo).
Comportant sept saisons de 1997 à 2003, Buffy contre les vampires a été pionnière dans la manière d’écrire une bonne histoire fantastique et féministe. Joss Whedon veut casser les codes et les clichés avec sa série : au lieu d’avoir un héros qui sauve la jeune fille blonde d’un terrible danger, le cheminement s’inverse. Nous avons un personnage féminin fort qui sait se battre, et protéger les autres.
Avec Charmed, la série a amené un univers permettant de s’évader dans un monde semblable au nôtre, que l’on retrouvera dans diverses séries à succès plus récentes comme Supernatural, The Vampire Diaries, True Blood, Penny Dreadful, ou encore Teen Wolf.
Avant de continuer la lecture, il faut savoir que cette critique contiendra de potentiels spoilers.

Une histoire adulte pour adolescent

Centré avant pour un jeune public, la série a toujours été très mature, que ce soit dans les histoires adolescentes, les trames amoureuses, ou dans les simples aléas de la vie.
Nous trouvons un aspect très réaliste symbolisé autour d’un drama surnaturel que l’on peut remarquer sans que ce soit trop grossier. Joss Whedon a toujours vécu le lycée comme un cauchemar, il monte brillamment l’idée que la vie lycéenne de la Tueuse luttant contre les vampires servira de métaphore aux angoisses associées à l’adolescence. De cette manière, le cœur des forces du mal, la bouche de l’enfer puise son énergie dans le lycée de Sunnydale, au sein même de la bibliothèque.
Le spectateur s’identifie complètement aux personnages et aux différentes relations. L’écriture est toujours maitrisée, et souvent en nuances pour apporter un message différent de celui que l’on voit à l’écran. On retient par exemple la révélation de son rôle de Tueuse à sa mère dont les dialogues nous font penser directement au coming-out.

Notre héroïne, représente pleinement l’archétype de l’adolescent(e) qui se cherche, qui apprend, et qui grandit grâce à ses proches. Ses différentes relations montrent son parcours et son état d’esprit qui passe de l’adolescence à l’adulte, et de la joie à la dépression.
La nature sexuelle elle-même du personnage montre son évolution et sa transformation au cours des sept saisons. La première histoire d’amour avec Angel (interprété par David Boreanaz, Bones) est probablement la plus naïve et la plus poétique, d’autant plus qu’en période d’adolescence tout est sur-développé, leur amour est donc le plus intense, mais surtout le plus dramatique. Le désir charnel n’est presque pas représenté à cause de la malédiction d’Angel qui freine leur amour. C’est essentiellement grâce à Riley (Marc Blucas) et sa route vers l’université qu’on nous montre une héroïne plus adulte et, sexuellement, plus active et épanouie.
Enfin, les deux dernières saisons développent un aspect beaucoup plus sombre autour de Buffy à travers sa relation sado-masochiste avec Spike (James Marsters), dévoilant ainsi une noirceur beaucoup plus profonde.
Malgré son jeune âge, Buffy doit agir, et finira par penser en adulte. Joss Whedon a su écrire et réaliser ces saisons pour représenter ces difficultés que l’on s’apprête à aborder.

Intrigue bien construite, et épisodes expérimentaux

L’autre force du show se place dans la construction narrative de chaque saison indépendante les unes aux autres, même si nous suivons un fil conducteur montrant nos personnages qui grandissent (saisons 1 à 3 : la vie lycéenne, saisons 4 et 5 : la vie universitaire, saisons 6 et 7 : la vie adulte). Nous pouvons suivre plus ou moins une saison sans avoir vu la précédente (contrairement à la plupart des séries actuelles), car chacune lance une nouvelle histoire avec un nouvel ennemi principal et un nouvel enjeu (plus personnel) pour nos héros.

La série est parfaite sous tous les angles, et a très bien vieilli à l’exception de la première saison (composée uniquement de 12 épisodes).
L’histoire était encore assez simplette au départ, une fille qui refuse d’avoir ces pouvoirs et rêve d’être normale (idée qui sera mieux développée au fil des épisodes).
Le budget assez faible, a engendré des monstres et des effets spéciaux qui n’aident pas le spectateur à vouloir s’intéresser à la série. De ce fait, la chaîne était en réflexion pour lancer une seconde saison ou non. Après plusieurs accords, et quelques changements, Buffy contre les vampires trouve ses marques et s’installe à partir de la saison 2 à travers son récit qui prend plus d’ampleur.
Joss Whedon et ses équipes réussissent à créer une vraie mythologie dans l’histoire des protagonistes et antagonistes. Les saisons 2 et 3 sont considérées comme les meilleures par l’ensemble des fans. Il est vrai que nous avons une double réflexion autour de Buffy et son rôle de Tueuse.

buffy-contre-les-vampires-faithElle vit une histoire d’amour avec Angel qui rappelle la situation de Roméo et Juliette, ils s’aiment mais une tueuse ne peut pas aimer un vampire. Whedon a été ingénieux en poussant cette règle à l’extrême. Angel finira par perdre son âme et redevient un vampire sanguinaire aux côtés de ses acolytes  Spike et Drusilla (Juliet Landau). Les règles étant brisées, Buffy doit assumer son rôle de chef et d’héroïne en tuant son grand amour pour protéger le monde.
La 3ème saison va encore plus loin en présentant un effet de miroir avec l’arrivée de Faith (Eliza Dushku), l’autre Tueuse. Le maire de Sunnydale l’attire dans ses projets, et nous avons donc un combat égal entre Buffy et sa rivale, permettant de montrer l’hypothèse d’une tueuse de vampire qui s’allie aux démons. Cette rivalité développe la question de savoir où se place la limite des pouvoirs de l’élue.

Ainsi, les scénaristes assurent un renouvellement chaque saison, avec peut-être un schéma répétitif mais toujours avec de la nouveauté de façon constante dans son scénario. On pense notamment à l’arrivée surprise de Dawn la sœur de Buffy (Michelle Trachtenberg, Gossip Girl) en saison 5, permettant d’aborder des liens fraternels peu exploités lors des saisons précédentes, et de montrer une nouvelle facette du personnage de Sarah Michelle Gellar.
En dehors de son intrigue, on relèvera aussi de nombreuses pauses dans la narration, avec les épisodes dit bouche-trou, permettant d’expérimenter et de créer des histoires originales, c’est ici que se place tout le savoir faire de Joss Whedon.
La 4ème saison, plus légère dans ses storylines apporte ce genre d’épisode. On retiendra surtout « Un silence de mort » (4X10), complètement muet, ou son season finale « Cauchemar » (4X22) qui se place exclusivement dans un monde onirique. Mais le plus incroyable restera surement l’épisode musical « Que le spectacle commence » (6X07), l’un des premiers du genre à intégrer des parties chantées par le casting.
Nous avons donc à chaque saison deux ou trois épisodes originaux, en passant par d’autres épisodes plus traditionnels avec comme toile de fond Halloween, Thanksgiving, en passant aussi par la case de la Saint-Valentin.

Concernant la fin du show, il est important de relever un changement de ton à partir de la saison 6, en partie dû au fait que la série a été rachetée par une autre chaine UPN.
La saison 5 avait pourtant offert un final grandiose, sans nécessiter à un renouvellement. Buffy décide de sacrifier sa vie pour protéger sa sœur et sauver le monde de l’Apocalypse. La boucle était bouclée, sa mission était accomplie et tout le rôle de Tueuse avait été développé en cinq saisons.
Finalement, UPN en décide autrement et permet à Joss Whedon d’aller encore plus loin sans craindre la censure avec deux saisons supplémentaires. En conséquence, la 6ème saison est probablement la plus sombre de toutes, mais certainement la mieux réussie. A travers son écriture, les scénaristes montrent le combat intérieur de chaque protagoniste. La doctrine de la saison qui conviendrait serait « notre pire ennemi c’est nous-même ». Buffy n’arrive pas à reprendre goût à la vie et préfère avoir une relation malsaine avec Spike, Willow (Alyson Hannigan, How I met your mother), devient dépendante à la magie au point de vouloir détruire le monde, et Alex (Nicholas Brendon) prend peur et se rétracte à l’idée de se marier, ne se sentant pas prêt à franchir le pas.
On se recentre toujours sur ces trois personnages qui ont évolué pendant 7 ans, et leurs interprètes réussissent à merveille à rendre crédible leur parcours.

Un casting qui a su se renouveler

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Saison 1 à 3

Autre point à souligner, ses personnages. Le spectateur n’est pas lassé au fil des saisons grâce au renouvellement de son casting.
On peut vraiment constater deux équipes de protagonistes qui composent le noyau dur des sept saisons de Buffy, Willow, Alex, Giles (Anthony Stewart Head). L’équipe du lycée des saisons 1 à 3 avec Cordélia (Charisma Carpenter), Oz (Seth Green) et Angel, et l’équipe post-lycée des saisons 4 à 7 avec Anya (Emma Caulfield), Riley, Tara (Amber Benson), Spike et Dawn.
Ainsi, par ses héros secondaires, on a une renaissance après la saison 3, permettant de continuer en développant de nouvelles intrigues. La franchise et le culot de Cordélia se retrouvent en Anya et Spike, la douceur de Oz à travers Tara, et l’arrivée de Dawn aborde un nouveau caractère chez Buffy comme on l’a expliqué précédemment.
La série mélanges les genres, car ce n’est pas qu’une série d’horreur fantastique, ou dramatique. Nous avons aussi beaucoup d’humour par ses dialogues, et de cette manière, Buffy contre les vampires reste unique et transcende les générations. Encore aujourd’hui, on peut revoir un épisode sans qu’il fasse vieillot face à nos séries télévisées actuelles.

Le Buffyverse

La série n’est pas trop courte, ni trop longue, l’actrice principale a fait le choix de ne pas renouveler son contrat après la septième saison. A raison ou à tort, on nous a offert une magnifique conclusion, ouverte et pleine d’espoir sur l’avenir de Buffy Summers et ses amis.
Néanmoins, le plus grand bonheur pour les fans de Buffy contre les vampires, c’est que la série ne s’arrête pas à l’épisode 144.
En effet, il existe une huitième saison sous forme de comic-books, toujours supervisée par Joss Whedon, des romans, mais surtout un spin-off autour d’Angel, en compagnie de Cordélia et Wesley (Alexis Denisof). Série dérivée diffusée entre 1999 et 2005, composée de cinq saisons. Cela a permis de développer deux fois plus l’univers fantastiques de Whedon. Ce fut aussi révolutionnaire, car il s’agit des premières séries à avoir diffusé des crossovers (double épisode qui commence dans une série et se termine dans une autre). Ainsi, même si Buffy a plus marqué les esprits, sa petite sœur n’a rien à lui envier.

Pour terminer, le show est l’un des meilleurs de son époque, mais reste toujours une valeur sûre aujourd’hui. Buffy contre les vampires parle de révélation, de faits de sociétés, de problèmes financiers, de la vie et de la mort (comment ne pas retenir l’épisode 16 de la saison 5, l’un des meilleurs épisodes de séries qui existe, traitant de la perte de l’être aimé de façon crédible et tellement réaliste). Mais ce chef-d’œuvre a aussi été novateur, en avance sur son temps en traitant de la sexualité et l’homosexualité. Il est important de souligner que les personnages de Willow et Tara symbolisent le premier couple lesbien à l’écran.
Enfin, le pouvoir de la femme est totalement exprimé sans pour autant zapper les capacités de l’homme qui n’est pas qu’un faire-valoir ou un abruti. Certes, c’est une des premières séries mettant en avant la femme, mais sans pour autant oublier le pouvoir masculin.

C’est une certitude, Joss Whedon a crée une série culte qui s’est démarquée, le simple fait de dire Buffy : tout le monde assimile ce nom à « vampire ». Elle est devenue une référence.
On n’a plus qu’à espérer qu’un revival ne voie jamais le jour, quand on constate avec tristesse la qualité des retours d’anciennes séries plus que discutables…

Buffy contre les vampires : Bande-annonce

Buffy contre les vampires : Fiche Technique

Créateur : Joss Whedon
Scénario : Joss Whedon
Interprétation : Sarah Michelle Gellard (Buffy), Nicholas Brendon (Alex), Alyson Hannigan (Willow), Charisma Carpenter (Cordélia), Anthony Stewart Head (Giles), David Boreanaz (Angel), Seth Green (Oz), Marc Blucas (Riley), James Marsters (Spike), Emma Caulfield (Anya), Amber Benson (Tara), Michelle Trachtengerg (Dawn), Eliza Dushku (Faith).
Musique : Nerf Herder, Christophe Beck.
Producteurs : Joss Whedon, David Greenwalt, Marti Noxon, Fran Rubel Kuzui, Kaz Kuzui.
Société de production : Mutant Enemy, Sandollar Television, Kuzui Entertainment, 20th Century Fox Television.
Diffusion : The WB 1997-2001 / UPN 2001-2003
Genre : dramatique, horreur, fantastique
Format : 22 épisodes de 40 minutes. 144 épisodes

Etats-Unis – 1997 – 2003