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« Madeleine, Résistante » : clap de fin

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Le travail de mémoire est essentiel pour préserver l’histoire de ceux qui ont lutté pour la liberté, et Madeleine Riffaud, figure emblématique de la Résistance française, en est un exemple poignant. À travers un triptyque dont le dernier tome vient de paraître aux éditions Dupuis, JD Morvan et Dominique Bertail rendent hommage à cette résistante en plongeant les lecteurs dans son parcours héroïque, tout en soulignant les horreurs et les victoires de cette période sombre de l’histoire. 

Ce dernier tome illustre avec force l’atmosphère pesante de l’époque. Avec ses teintes sombres de bleu, ses jeux d’ombres et de lumières et ses scènes crépusculaires de prison ou d’attentats, il évoque à la fois l’obstination, l’isolement et la clandestinité des actes de résistance.

Fort d’un contenu historique riche, Madeleine, Résistante retrace la vie de Madeleine Riffaud, depuis son engagement dans la Résistance française jusqu’à sa participation active à la Libération de Paris. Ce troisième tome s’attarde sur certains moments cruciaux de sa vie de résistante : son arrestation, ses actions contre l’occupant nazi, ses rencontres. Chaque étape est représentée avec un souci du détail historique, donnant au lecteur un aperçu précis des épreuves qu’elle a traversées.

Au-delà de la simple chronologie des événements, l’œuvre explore les aspects humains et psychologiques de la résistance. Des moments de doute, de peur, mais aussi de camaraderie et de solidarité sont mis en avant. L’héroïsme de Madeleine ne tient pas seulement à ses actes de bravoure, mais aussi à sa résilience face à l’adversité et à la perte. Elle ne craint pas la mort, elle s’y prépare. Elle reste digne dans la torture et regrette presque d’échapper au peloton d’exécution.

Une partie significative de cette bande dessinée se concentre ainsi sur l’arrestation de Madeleine, sa détention et les interrogatoires violents qu’elle a subis. Ces scènes sont représentées avec une intensité graphique qui vise à faire ressentir au lecteur la souffrance et la détermination de la jeune femme, par ailleurs capable de défendre au péril de sa vie une inconnue en proie à une hémorragie consécutive aux coups reçus. 

En mettant en lumière la vie de Madeleine Riffaud, les auteurs contribuent à faire connaître au grand public l’importance des femmes dans la Résistance, un aspect souvent sous-représenté dans les récits historiques. Une autre intention manifeste est de montrer la guerre sous son aspect le plus humain, loin des chiffres et des grandes batailles souvent évoqués. Ici, ce sont les petites histoires individuelles, les choix personnels, les sacrifices et les dilemmes moraux qui sont mis en avant. Les auteurs insistent sur le fait que la guerre n’est pas seulement un événement historique, mais une série d’expériences humaines intenses et déchirantes.

Pour Madeleine, c’est une fierté d’avoir rendu Paris dangereuse pour l’Occupant nazi. Les Brigades spéciales ont beau colporter la terreur de seuil en seuil, la résistance continue de se dresser sur la route des Allemands. Et face aux épreuves de la détention, la jeune femme se réfugie dans la poésie, elle s’évade mentalement, s’affranchissant des barreaux de la dictature qu’on cherche à lui imposer. Rigoureuse, âpre, cette conclusion s’inscrit parfaitement dans un triptyque de très grande qualité.

Madeleine, Résistante : Les Nouilles à la tomate, JD Morvan, Madeleine Riffaud et Dominique Bertail
Dupuis, septembre 2024, 128 pages 

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