Ce mercredi 8 février sort chez la plupart des marchands, Rusty James, film ovni de Francis Ford Coppola, dans une édition remarquablement remasterisée.
Synopsis : Tulsa, Oklahoma. Petite frappe locale, Rusty James rêve d’égaler les exploits de son grand frère, le Motorcycle Boy, légendaire chef de bande qui a choisi de s’éclipser. En son absence, pour être à la hauteur de sa réputation et se tailler la part du lion, Rusty se frotte aux gangs rivaux… Un soir, une rixe tourne mal. Le voyou est gravement blessé et ne doit son salut qu’à l’intervention inattendue de son aîné. Mystérieux et charismatique, le Motorcycle Boy est de retour chez lui…
Ce mercredi 8 février sort chez la majorité des fournisseurs et contrebandiers de films, Rusty James, réalisé par Francis Ford Coppola en 1983 avec Matt Dillon, Mickey Rourke, Dennis Hopper et Diane Lane entre autres… Le film est réédité par Wild Side en deux éditions : un Blu-ray simple, et un coffret collector Blu-ray + DVD + Livre.
Œuvre abstraite pour certains ; vision à la fois brutale et onirique de la jeunesse rebelle américaine pour d’autres, Rusty James (dont le titre original est Rumble Fish) est aussi une odyssée. Multiple même : nous avons d’abord le frère de Rusty, surnommé le « Motorcycle Boy » (brillamment incarné par Mickey Rourke), qui revient chez lui après un long voyage en Californie où il a pu revoir sa mère. Le jeune homme revient à Tulsa, là où il a grandi et où il a été glorifié de « Président » des bagarres de gangs. L’odyssée ne s’arrête pas juste à son retour, le voyage du gaillard est loin d’être fini. Le jeune homme se cherche, tente de devenir celui qu’il aurait voulu être, de devenir l’homme qu’il désire être, tout en essayant de combattre sa persona primitive et vaine de « Motorcycle Boy ». Cet être en puissance est aussi là pour tenter de libérer les Rumble Fishs (littéralement les poissons de combat) de leur aquarium, de manière littérale comme on le verra, mais aussi métaphorique. Il faut bouger les jeunots adeptes de cette mythologie ennuyeuse, vaine, dangereuse et folle sur laquelle reposent les gangs et les bandes. Il faut qu’ils sortent de leur bocal, Tulsa, qu’ils aillent s’amuser, vivre, s’épanouir.
Pour ce faire, le personnage de Rourke doit affronter une deuxième odyssée, frivole, sans réflexion et sanglante, celle de son frère Rusty James ou Russell James (incarné par Matt Dillon) comme l’appelle leur père. Rusty veut retrouver la gloire passée de son frère ; mieux que ça, il veut y accéder.
Ci-dessou : Rusty James en plein combat.
Gladiateur sans honneur des rues, Rusty veut accéder au titre de « président » quand bien même son frère a mis fin aux pratiques des combats lors de son départ. Mais au-delà de ce désir vide, Rusty n’a pas de buts. Souvent il erre dans Tulsa : il va au bar, puis chez sa copine où il s’endort, il lui fait la promesse d’aller à un concert, pour finalement coucher avec une autre fille lors d’une soirée orgiaque. Rusty réfléchit peu, et agit au gré de ses émotions extrêmes. Ne l’énervez pas, car il peut vouloir se battre avec vous sans avoir de prétexte. Le jeune homme est un paumé comme il y en a eu beaucoup et comme on en trouve encore, qui ne savent pas où aller, qui ne rentrent pas dans le cadre scolaire ayant tendance à l’exclure. Dans un des bonus du film, « Making-of à Tulsa », Coppola déclare ceci :
« Dès le tout début, un personnage arrive et dit : « Rusty James, Biff Wilcox dit qu’il va te tuer ». À partir de ce moment-là, jusqu’à la fin (du film), son temps est compté. »
Justement, les errances de Rusty James, qu’elles soient d’ordre géographique, morale ou encore concernant ses activités, ne peuvent le conduire inexorablement que dans une impasse, vers la mort donc. Mais le frère de Rourke, dans sa propre quête, va devoir sauver son frère à deux reprises alors qu’il est blessé et violenté, et une troisième fois en lui ouvrant les yeux et en le faisant sortir de sa dangereuse zone de confort. Le troisième « sauvetage » a lieu en la mort du frère, car Rusty réagira enfin. Quant à leur père – interprété par un Dennis Hopper toujours aussi fou -, il continuera de s’enfoncer dans la tourmente infernale de l’alcool. Certains jeunes honoreront sa mémoire, d’autres avaient déjà commencé leur avancée.
Si, d’après le mot écrit au dos de la jaquette du coffret, le film « semble à des années-lumière de ses fresques les plus célèbres, d’Apocalypse Now à la trilogie du Parrain », Rumble Fish (Rusty James) est un périple mélancolique, déjanté, brillant, d’une vitalité folle et à la mise en scène travaillée, comme seul Coppola en est capable.
Cette œuvre unique est formidablement servie par la remasterisation – toujours soignée – proposée par les éditions Wild Side. Côté bonus, on regrettera un manque de contenu malgré le fait que les éléments proposés sont véritablement intéressants. Mais comme d’habitude, et dans ce cas fort bien heureusement, on retrouve un livre, riche en informations et recherches, sur le film et ses processus créatifs (ainsi que sur Coppola et sa méthode de travail ou encore sur le cinéma sur et pour la jeunesse dans le cadre duquel s’inscrit Rusty James). L’ouvrage écrit spécialement pour cette édition est écrit par la théoricienne du cinéma Adrienne Boutang. Ainsi, malgré un manque de contenu sur le disque (Blu-ray comme DVD), on ne saurait que conseiller cette édition signée Wild Side de ce formidable et surprenant film de Francis Ford Coppola.
Rusty James : Bande-annonce
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DVD
Master restauré HD – Format image : 1.85, 16/9ème compatible 4/3 – Format son : Anglais DTS 2.0 & Anglais & Français Dolby
Digital 2.0 – Sous-titres : Français – Durée : 1h34
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES Blu-ray
Master restauré HD – Format image : 1.85 – Résolution film : 1080 24p – Format son : Anglais & Français DTS Master Audio 2.0
Sous-titres : Français – Durée : 1h36
Prix public indicatif :
49,99 Euros le Coffret Blu-ray + DVD+ Livre
19,99 Euros le Blu-ray simple
COMPLÉMENTS
– Commentaire audio de Francis Ford Coppola
– 6 scènes coupées (19’26)
– Making-of à Tulsa (11’43)
– Rusty James au rythme des percussions : le making-of de la bande originale signée Stewart Copeland (11’56)
+ Un livre exclusif de 200 pages sur le film et la genèse, spécialement écrit pour cette édition par Adrienne Boutang, illustré de photos d’archive rares.