20 minutes supplémentaires de fun, c’est tout…
Cela fait déjà presque un an qu’est sorti La Bataille des Cinq Armées dans nos salles. Une conclusion à la trilogie du Hobbit qui s’était montrée plutôt décevante aux vues de ce que le public était en droit d’attendre, s’étant révélée être un divertissement certes spectaculaire et amusant mais au combien incomplet et fait à la va-vite sur certains points. Il ne restait donc plus qu’à attendre la fameuse version longue quelques mois plus tard pour voir si cet ultime voyage en Terre du Milieu vaut vraiment le coup comparé à ce que laissait croire la version cinéma. Sorti dans les bacs depuis le 18 novembre 2015, il est grand temps de vous dire si l’attente valait le coup ! Attention, spoilers en vu !!!
Avant de continuer, il faut tout de même avouer qu’il y avait de quoi appréhender cette version longue. Et pour cause, contrairement à la trilogie du Seigneur des Anneaux qui proposait des montages allant d’une trentaine à une cinquantaine de minutes supplémentaires, celle du Hobbit s’est montrée assez avare de ce côté-là. Il suffit de prendre le premier opus (Un voyage inattendu) qui ne proposait que seulement 8 minutes en plus histoire de rajouter du fan service (Bilbon se promenant dans Fondcombe, par exemple) ou bien des scènes véritablement inutiles (celle du marché dans la Comté). Les choses s’étaient légèrement améliorées avec les 16 minutes de La Désolation de Smaug, mais l’aspect gadget de cette version longue se faisait tout de même ressentir. En est-il de même pour les 20 minutes complémentaires de l’épisode le plus court de la franchise (2h24 au cinéma) ? Malheureusement, oui…
La faute revient une fois de plus au fait d’avoir adapté en trois longs films un livre dépassant timidement les 300 pages. Si Peter Jackson et son équipe s’étaient assez bien débrouillés avec les deux premiers opus malgré quelques « remplissages » en piochant ici et là dans l’univers de Tolkien, cet ultime opus ne cachait plus l’entreprise commerciale d’avoir élargi à l’excès une intrigue plutôt mince. Cependant, 20 minutes supplémentaires pouvaient se montrer idéales pour combler quelques trous au film (surtout au niveau des personnages) et surtout une fin bâclées comme pas possible. Il n’en est rien : le dénouement reste tel quel (hormis une scène rendant hommage à Thorïn et ses deux neveux, morts au combat) et l’ensemble ne propose que quelques séquences en plus lors de ladite bataille. Il est vrai que La Bataille des Cinq Armées peut se vanter d’être plus amusante, surtout avec l’ajout d’une bonne dizaine de minutes d’action bien jouissives, principalement centrées sur les Nains (le passage en char « à la Ben-Hur » tiré par des boucs est un vrai régal). Sinon, il s’agit de plans durant à peine quelques secondes (comme en témoignent l’attaque de Lacville par Smaug ou le combat du Conseil Blanc contre les Nazguls), ni plus ni moins.
Si vous vous attendiez à un peu plus de peaufinage au niveau de l’intrigue et des personnages qui permette à La Bataille des Cinq Armées de ne plus avoir l’air d’être un film expédié, vous serez grandement déçus. Car si vous avez une allusion rapide à la mère de Legolas qui puisse justifier une réplique à la fin du film, vous n’aurez rien d’autre. Que ce soit l’intervention sortie de nulle part de Beorn, le devenir étonnement oublié de Tauriel après la bataille, l’évolution survolée de certains protagonistes importants tels que Bard et Thranduil, vous n’aurez aucune correction qui aurait très bien pu remédier à cette sensation d’avoir vu un film sautant bien des étapes de son propre récit.
Comme pour les films précédents, la version longue de ce troisième opus n’apporte pas grand-chose au montage initial, si ce n’est plus d’amusement et de fan service. En soit, ce n’est pas une mauvaise chose. Mais quand on sait que pour Le Seigneur des Anneaux, chaque ajout améliorait (et pas qu’un peu !) les films initiaux, il y a de quoi être déçu par la trilogie du Hobbit. D’autant plus qu’avec 20 minutes supplémentaires, le public pouvait très bien avoir plus de développement que d’action. Ce qui n’est pas le cas, renforçant les défauts autour de cette franchise, déjà cités maintes et maintes fois.