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Six Feet Under saison 1 à 5 : Critique série

Critique d’une série singulière sur des personnages qui voient la mort tous les jours. Malgré son concept, Six Feet Under se veut aussi drôle que dramatique et aborde, à travers le sujet de la mort, une formidable réflexion sur la vie.

Synopsis : Les Fisher, père et fils, gèrent une société de pompe funèbre implantée dans la maison familiale. Ils sont ainsi régulièrement en contact avec la mort et le deuil. Un environnement particulier qui n’est pas sans conséquences. Quand le père décède subitement, la mort les frappe cette fois directement et chaque membre de la famille doit y faire face, chacun à sa manière, et continuer à vivre en l’absence du chef de famille.

La mort

La mort, cette finalité par laquelle toute vie s’achève. Notre société s’efforce de l’oublier, mais quand elle surgit, toujours trop tôt et imprévisible, cette réalité nous frappe durement, nous ramenant à notre solitude et notre condition de mortel…nous rappelant que la mort nous attend tous au bout du chemin, et qu’elle peut frapper nos proches, à tout instant.

C’est qu’un humain n’est pas juste un corps organique. Parent, enfant, compagnon, collègue ou ami, il rayonne au-delà des limites de la chair avec les connexions qu’il crée avec ses semblables et ce qu’il a construit. La mort réduit tout cela à néant, lorsqu’un être qui avait tellement d’importance dans nos cœurs qu’on en est venu à croire qu’il était éternel, disparaît soudainement, une perte tragique et inconcevable.

Puis viennent les douloureuses étapes du deuil. La colère et l’abattement, et enfin la longue voie de la guérison, jusqu’à pouvoir aborder en riant les souvenirs partagés avec le défunt, qui continue à vivre à travers ceux qui l’aiment.

Les Fisher

La mort, les Fisher y sont particulièrement familiers. La disparition soudaine du père va entraîner beaucoup de bouleversements en eux, les inciter à se poser des questions, sur qui ils sont et quelle direction donner à leur vie. D’autant que vivre dans cet environnement de tristesse et de recueillement ne facilite pas le processus, chaque membre étant plutôt renfermé et n’ayant pas l’habitude de se confier.

Ruth (Frances Conroy), la mère qui s’est toujours consacrée aux autres avant elle-même sans jamais se faire plaisir, doit maintenant envisager sa vie sans son mari. Elle se pose pour la première fois la question de ses désirs refoulés, et décide de combattre ses inhibitions pour enfin s’imposer. Une recherche qui passera par plusieurs compagnons, mais le bon partenaire ne sera pas facile à trouver.

Nate (Peter Krause), l’ainé, a quitté le domicile familial, voulant fuir cette famille pour vivre une vie sans attache. Mais la mort du père l’incite à reprendre contact. Il voit dans la reprise de l’entreprise familiale l’occasion de peut-être trouver un sens à sa vie. Il persistera toutefois à avoir du mal à se lier aux autres. Une quête du bonheur laborieuse que viendront entacher des événements tragiques.

David (Michael C. Hall), le plus jeune fils, a suivi très tôt son père dans la même voie. Sa mort l’amène à se demander si c’est ce qu’il veut vraiment faire. Renfermé et sensible, il assume mal son homosexualité et n’en a même jamais parlé à sa famille, bien qu’il soit dans une relation. Une étape qu’il devra franchir un jour ou l’autre.

Claire (Lauren Ambrose), la plus jeune, n’est encore qu’une ado qui n’a jamais été bien proche de son père. Sa disparition intervient dans une période de doute où elle ne sait pas encore qui elle est ni ce qu’elle veut devenir. Elle choisit de suivre une formation en art, mais est finalement déçue par ce milieu. Est-elle vraiment une artiste, est-elle assez douée ? Elle vivra ses premières expériences, jusqu’à ce qu’arrive le moment où elle devra se lancer seule dans le grand périple qu’est la vie.

Puis il y a ceux qui font pratiquement partie de la famille. Brenda, la compagne de Nate, qui doit combattre l’influence malsaine de la famille déviante dans laquelle elle a grandi ; Keith, le compagnon de David et Rico, partenaire des Fisher, tous deux devant également régler leurs problèmes de couple et leurs soucis professionnels.

Sans oublier des personnages singuliers, comme Billy, le frère de Brenda, maladivement attaché à sa sœur, Olivier, le professeur excentrique de Claire, Arthur, le stagiaire coincé, et Sarah, la sœur hippie de Ruth.

La vie

La quête du bonheur est une route tortueuse faite d’imprévus, de doutes, de joies, de souffrances, d’espoirs, d’inquiétudes, d’accidents, de maladies, et de guérisons. Dans d’autres séries de soap opera, certains thèmes ont souvent tendance à agacer (Desperate housewives) mais, la série évite cet écueil parce que ses personnages et ses histoires sonnent vraie. Avec un rythme lent et posé, pas besoin d’histoires improbables ou d’intrigues de remplissage pour susciter l’adhésion et l’attachement aux personnages en est renforcé.

Six Feet Under nous touche ainsi plus en profondeur, dans ce qui constitue l’essence de la vie. Où l’on peut suivre un couple qui s’aime et qui n’arrive pas à s’entendre, l’un pouvant tromper l’autre tout en ayant des sentiments sincères ; où l’on croit être sûr de la personne que l’on aime et de ce que l’on veut pour l’avenir, pour s’apercevoir que l’on s’était trompé ; où des membres d’une même famille se disputent, parce qu’ils tiennent les uns aux autres, ou reportent leur souffrance vers leurs proches. Des erreurs qui font toujours souffrir ceux qui ont cru en nous.

Rires et larmes

Chaque épisode de Six feet under débute avec une mort, parfois absurde et insolite, souvent tragique. Il n’est hélas pas donné à tout le monde de mourir de vieillesse sans douleur. Il arrive que le défunt ou les conditions du décès fassent écho à un membre de la famille qui ne peut plus rester indifférent. Des conversations s’amorcent alors avec le défunt, traduisant ces troubles intérieurs, où mort et vivant échangent sur le sens de la vie. « La vie c’est comme un jeu de poker où tu mises tout ».

Un tel concept est propice à l’humour noir. A côté des instants tragiques, la série adopte un ton décalé, où les pensées des personnages peuvent se transformer en comédie musicale surprenante.

Quelques pierres sur la route

La série n’évite toutefois pas totalement les défauts du soap opéra. Certaines situations s’étalent un peu trop, ou paraissent un peu trop appuyées. Certains personnages sont un peu trop bizarres pour qu’on les comprenne et qu’on y adhère. Ils peuvent même être énervants à force de se disputer tout le temps, par leur égoïsme ou leur comportement injuste. C’est probablement une attitude plus réaliste mais qui ne passe pas toujours bien dans une fiction. Enfin, le rythme lent, certes judicieux, devient parfois pesant.

Mais ce sont des défauts mineurs qu’il faut savoir supporter pour admirer cette ode à la vie que raconte Six feet under, avec un final mémorable et des personnages parmi les plus attachants de l’histoire des séries.

A l’image d’une vie qui ne serait pas satisfaisante sans obstacle à franchir pour profiter pleinement du paysage une fois la destination atteinte.

Bande-annonce : Six Feet Under

Six Feet Under : Fiche Technique

Création : Alan Ball
Réalisation : Alan Ball, Alan Poul, Kathy Bates, Daniel Attias
Scénario : Alan Ball
Production : Alan Ball, Lori Jo Nemhauser, Alan Poul
Acteurs : Peter Krause (Nathaniel Fisher Junior) ; Michael C. Hall ( David Fisher) ; Frances Conroy ( Ruth O’Connor-Fisher) ; Lauren Ambrose (Claire Fisher) ; Rachel Griffiths (Brenda Chenowith ) ; Jeremy Sisto (William « Billy » Chenowith) ; Freddy Rodríguez (Hector Federico Díaz) ; Mathew St. Patrick (Keith Dwayne Charles) ; Richard Jenkins (Nathaniel Fisher Senior)
Musique : Richard Marvin
Chaîne d’origine : HBO
Réseau de diffusion : Jimmy, Canal+, France 2, France 4.
Format et nombre d’épisodes : 5 saisons de 63 épisodes
Genre : comédie dramatique
Première diffusion : 3 juin 2001 – 21 août 2005

États-Unis – 2001

Rédacteur CineSeriesMag