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Rétrospective Danny Boyle : Slumdog Millionaire

Avant de pouvoir écrire une critique de ce film, il est nécessaire de rappeler qu’il a tout de même remporté 4 golden globes et 8 oscars, dont celui du meilleur film, en 2009. Slumdog Millionaire est l’adaptation britannique d’un roman indien très célèbre de Vikas Swarup : « Les Fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devient milliardaire ».

Danny Boyle, le metteur en scène de Trainspotting, relève le défi de traduire les contradictions d’un pays en pleine mutation. Il ambitionne de parler de l’Inde d’aujourd’hui, pays difficile à cerner (cf. Documentaire de Louis Malle L’inde Fantôme), de ses affrontements reli­gieux à ses trafiquants d’enfants.

Toutefois son erreur est de vouloir néanmoins montrer un pays joyeux malgré toute cette pauvreté, où deux orphelins affamés peuvent s’amuser comme des fous sur le toit d’un train en marche, et où peut fleurir une extraordinaire histoire d’amour en plein cœur des bidonvilles.

Quelque chose dérange dans ces images et ce récit invraisemblable souligne au contraire, involontairement, la cruauté d’une réalité bien plus triste.

Aussi stylisée que décorative, la mise en scène tente de renouer avec le bouillonnement créatif de ses premiers longs métrages. En effet les partis pris esthétiques sont nombreux et très éclectiques. Beaucoup de plans originaux, une caméra agitée et nerveuse qui bouge sans cesse et surtout un énorme travail sur la colorimétrie. Slumdog Millionaire pêche principalement par son exagération perpétuelle

Le fait d’esthétiser la pauvreté, donne alors une vision très superficielle et mercantile. La pauvreté, la mort, se veulent belles par l’utilisation de couleurs accentuées, un montage au rythme effréné, et une bande son oppressante et omniprésente. Mais tout cela ce n’est pas la réalité, ce ne sont que des enchevêtrements d’artifices. La misère et la laideur sont enveloppées dans un déguisement rutilant et aseptisé, autant de choix esthétiques qui mettent le spectateur à distance, qui le privent d’un réel qu’ils méritent de voir.

Par ailleurs, les effets de mise en scène sont décuplés par un scénario qui cultive lui aussi l’artifice et la surenchère.

Le film est en fait divisé en de multiples saynètes sans rapport les unes avec les autres, interrompues par une nouvelle question – prétexte à un nouveau sujet –, où Danny Boyle veut tantôt dénoncer la misère, tantôt rendre hommage au folklore indien. Son développement narratif, suivant toujours le même schéma, ne laisse place à aucune surprise et lasse rapidement. Il en résulte un film confus, intéressant à certains égards mais somme toute décevant.

En somme, un sommet de mièvrerie beaucoup trop kitsch, pour une success story exotique calibrée pour remporter un maximum d’oscars et faire tirer aux spectateurs quelques larmes.

En comparaison avec les meilleurs films oscarisés des années précédentes, un sentiment de légèreté semble prendre le dessus. Pour ne citer qu’eux No country for old men des frères Coen et Les infiltrés de Martin Scorsese les années précédentes.

Synopsis : Jamal Malik, 18 ans, orphelin vivant dans les bidonvilles de Mumbai, est sur le point de remporter la somme colossale de 20 millions de roupies lors de la version indienne de l’émission « Qui veut gagner des millions ? ». Il n’est plus qu’à une question de la victoire lorsque la police l’arrête sur un soupçon de tricherie.
Sommé de justifier ses bonnes réponses, Jamal explique d’où lui viennent ses connaissances et raconte sa vie dans la rue, ses histoires de famille et même celle de cette fille dont il est tombé amoureux et qu’il a perdue.
Mais comment ce jeune homme est-il parvenu en finale d’une émission de télévision ? La réponse ne fait pas partie du jeu, mais elle est passionnante.

 Slumdog Millionaire – Fiche technique :

Réalisation : Danny Boyle
Interprétation : Dev Patel, Freida Pinto
Scénario : Simon Beaufoy, d’après le livre « Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire » de Vikas Swarup
Musique : A.R. Rahman
Montage : Chris Dickens
Photographie : Anthony Dod Mantle
Décors : Mark Digby
Producteur : Christian Colson
Production : Celador Films et Film4 Productions
Distributeurs : Pathé
Durée : 120 minutes
Genre : Drame

Auteur : Clement Faure