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Mission : Impossible et ses univers musicaux

L’univers musical de la saga Mission : Impossible

Mission : Impossible >> B.O./Trame Sonore/Soundtrack

A l’occasion de la sortie du dernier Mission : Impossible Rogue Nation avec l’iconique Tom Cruise, lemagduciné s s’est penché sur l’univers musical de la saga tout entière.

Adapté de la série de Bruce Geller, le premier film devait être réalisé par Sydney Pollack, sous l’impulsion de l’acteur lui-même et son agent Paula Wagner qui viennent tout juste de fonder une société de production, mais le projet revient à Brian De Palma, lassé de ses précédents échecs commerciaux (Outrages, Le Bûcher des vanités et L’Impasse). Rencontré chez Spielberg, le réalisateur avoue à Cruise vouloir depuis longtemps mettre en scène un film d’espionnage qui se déroulerait en Europe.

Mission Impossible TV Series

Source : Samuel Blumenfeld et Laurent VachaudBrian de Palma : Entretiens avec Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud, Calmann-Lévy,‎ 2001

Mission : Impossible (1996) Brian de Palma

C’est en 1994 que la production s’amorce avec David Koepp (L’Impasse, Jurassic Park), Robert Towne (Bonnie & Clyde, Chinatown) et Steven Zaillian (La Liste de Schindler) à l’écriture. Mission : Impossible est le film de la carrière de Brian De Palma qui, enfin, jouit d’une grande liberté. Ce dernier pense que Lalo Schifrin ne pourra pas composer toute la musique du film. La production fait donc appel à Alan Silvestri, connu pour sa collaboration avec Zemeckis, mais ce dernier, trop solitaire, n’écoute pas les suggestion du réalisateur qui, en plus de juger sa musique trop « mélodique » avec« quelque chose d’excessif », estime qu’elle ne plaira pas à Tom Cruise. C’est enfin Danny Elfman, déjà triple récompensé (Grammy pour Batman en 1989, Emmy pour Les Simpson l’année suivante et Golden Globe pour L’Étrange Noël de Mr. Jack en 1994) qui compose la bande son originale.

Le thème orignal, orchestral jazz avec percussions, est repris et rallongé d’une minute par deux des membres de U2, Adam Clayton et Larry Mullen, et se classe 7ème au Billboard Hot 100 (classement hebdomadaire des 100 chansons les plus populaires aux États-Unis par le magazine consacré à l’industrie du disque). L’album atteint la 16ème position du Billboard 200. En 1966, Lalo Schifrin compose avec élégance un refrain dynamique, nerveux aux sonorités jazzy, fidèle à ses origines argentines et propre à l’univers à succès des agents spéciaux qui savent prendre des risques sans jamais se prendre au sérieux, tandis que les deux musiciens rock irlandais accentuent les teintes froides et électrique en modifiant légèrement le tempo et en rajoutant des nuances électronique et des voix qu’on pourrait par exemple retrouver dans le générique de 1963 de Doctor Who par Ron Grainer ou dans certaines chansons de Massive Attack (« Angel » ou « Karmacoma »). En 1968, le travail du compositeur est récompensé d’un Grammy et le générique de la série devient aux Etats-Unis et dans le reste du monde occidental, synonyme d’action et de suspense.

https://www.youtube.com/watch?v=iLClWG1KKoE

La majorité des titres de l’album, sorti en même temps que le film, n’apparaissent pas à l’écran et ont été sélectionnés par leur vague lien de parenté à l’univers britpop et rock alternatif que l’on attribue à défaut trop rapidement à l’ensemble du film de De Palma. Il faut donc compter sur Danny Elfman pour continuer l’analyse et pour comprendre son univers, revenir sur sa collaboration avec Tim Burton.

En 1985, Paul Rubens, créateur du personnage de Pee-Wee, et Tim Burton appréciait déjà le groupe de rock dont faisait parti le compositeur, Oingo Boingo, mais pour le film, il ne s’agissait pas de concevoir des musiques proche de ce que the band produisait. D’autant plus que le musicien a toujours eu en horreur le recours au rock dans ses compositions, car il protestait (le présent doit encore être de mise) contre les bandes originales des films hollywoodiens qui regorgent jusqu’à l’écœurement de « tubes » destinés à assurer la vente de disques. Et le cas de Mission : Impossible en est encore un exemple flagrant. En effet les producteurs ont longtemps préférés vendre des chansons plutôt que la bande originale, qu’il estimait moins vendeur. Autre exemple, à la sortie de Batman, le disque de Prince, inspiré par le film, est sorti avec le logo de l’affiche et fut présenté comme la bande originale du film, alors que deux chansons seulement y étaient effectivement incluses. Pour le cas présent, il faut compter sur 3 morceaux dont 2 appartiennent au compositeur. L’autre étant The Cranberries avec Dreams. Ne nous énervons pas, ce n’est pas le sujet.

En 1971, le jeune Danny, âgé de 18 ans, joue du violon au célèbre Grand Music Circus de Jérôme Savary, directeur de théâtres musicaux notamment. Son attrait pour les monstres, les morts-vivants, les vampires, les univers parallèles plus ou moins menaçants qui peuplent les films fantastiques depuis les origines, est commun à l’univers du cinéaste. De plus, les influences musicales revendiquées par les deux hommes sont, entre autres, celles de Nino Rota pour Fellini et Bernard Herrmann pour Hitchcock. De quoi annoncer une étroite et longue collaboration. On retrouve chez les deux un goût pour la fête, du spectacle, couplé à une certaine inquiétante étrangeté (Noël/Halloween dans L’Etrange Noël…). On devine également l’importance de l’œuvre de Tod BrowningFreaks en 1932 et les phénomènes de foire (Beetlejuice, Edward aux mains d’argent, le Pingouin de Batman…). Le motif du cirque et de la fête mêlé à un univers noir et angoissant ne peut se passer d’une musique inspirée de divers courants et époques musicales. Parmi les noms cités : Max Steiner et les symphonies américaines sans oublier le jazz et les comédies musicales, Béla Bartók, la musique disharmonique de Philip Glass, Maurice Ravel (il n’y a qu’à écouter le Boléro pour se rendre compte de la filiation) et Erik Satie ou encore les classiques russes Prokokiev, Stravinsky et Tchaïkovski.

Je n’irais pas plus loin sur cette notion du cirque et du spectacle de foire, dont les origines du cinéma ont nourri l’œuvre de Danny Elfman et des alternatives « new waves » aux petites pièces rythmées et grinçantes du compositeur allemand Kurt Weill, le complice de Bertold Brecht, sur certains morceaux de son groupe de rock Oingo Boingo, car la bande son de Mission : Impossible ne traduit pas suffisamment cette réflexion. Écoutez ce morceau qui reprend à 3’38 le thème de Lalo Schifrin pour vous en rendre compte :

Je me rallie à l’avis de Steven McDonald sur l’aspect un peu médiocre et trop peu singulier des compositions de Danny Elfman.

«  The Adam Clayton/Larry Mullen update of the classic theme is OK, but that same epithet applies also to Danny Elfman‘s somewhat generic-sounding music. Come to think of it, the entire album tends strongly toward the generic — just perfect for the airplay end of the spectrum, no doubt. »

« Je n’ai rien à dire sur la mise à jour du thème classique par Adam Clayton et Larry Mullen. Je ne changerai pas d’opinion également sur Danny Elfman malgré le fait que sa musique puisse paraître un peu trop générique — ….. »

(AllMusic Review)

Liste des titres de l’album

1. (Theme from) Mission Impossible- Adam Clayton & Larry Mullen, Jr. (3:27)
2. « Spying Glass »- Massive Attack(5:21)
3. « I Spy »- Pulp(5:56)
4. « Impossible Mission »- Danny Elfman(5:35)
5. « Headphones »- Björk(5:40)
6. « Weak »- Skunk Anansie(3:31)
7. « On & On »- Longpigs(4:11)
8. « Claire »- Danny Elfman(2:55)
9. « Dreams »- The Cranberries(4:13)
10. « You, Me And World War III »- Gavin Friday(4:28)
11. « So »- Salt(3:33)
12. « Trouble »- Danny Elfman(3:32)
13. « No Government »- Nicolette (5:31)
14. Alright- Cast(3:35)
15. The Dance of the Butterflies- Benjamin Orr (7:02)
16. « Mission: Impossible Theme » (Mission Accomplished)- Adam Clayton& Larry Mullen, Jr. (3:05)

Compositions originales de Danny Elfman

1. « Sleeping Beauty » (2:28)
2. « Mission : Impossible Theme » – Lalo Schifrin(1:02)
3. « Red Handed » (4:21)
4. « Big Trouble » (5:33)
5. « Love Theme? » (2:21)
6. « Mole Hunt » (3:02)
7. « The Disc » (1:54)
8. « Max Found » (1:02)
9. « For « Job » » (4:38)
10. « Betrayal » (2:46)
11. « The Heist » (5:46)
12. « Uh-Oh! » (1:28)
13. « Biblical Revelation » (1:33)
14. « Phone Home » (2:25)
15. « Train Time » (4:11)
16. « Menage a Trois » (2:55)
17. « Zoom A » (1:53)
18. « Zoom B » (2:54)

Mission : Impossible 2 (2000) John Woo

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Peu de temps après la sortie du premier opus, Oliver Stone est attaché à un projet de suite et écrit une ébauche de script. Mais il quitte finalement le projet quand Tom Cruise décide de partir tourner Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick. C’est finalement John Woo qui reprend les commandes. Après deux films américains avec en vedette Jean-Claude Van Damme (Chasse à l’homme en 1992), puis John Travolta (Broken Arrow en 1996 qui lui permet de renouer avec une certaine stylisation de la violence), le réalisateur chinois fait véritablement ses preuves aux USA avec Volte-face dans un brillant face-à-face entre le dernier acteur cité et Nicolas Cage. La composition de la musique est attribuée à un autre grand qui n’est autre que Hans Zimmer.

Le jeune musicien d’origine allemande, installé en Angleterre dès l’âge de 14 ans, a également fait parti d’un groupe The Buggle a qui l’on doit le célèbre titre Video Killed the Radio Star. Il se lance très vite dans la musique électronique en collaborant avec le groupe new wave Ultravox. Sa carrière se lance lorsqu’il devient l’assistant de Stanley Myers qui l’entraîne notamment sur la production de My Beautiful Laundrette de Stephen Frears. Sa composition de Un monde à part de Chris Menges attire l’attention de Barry Levinson qui frappe littéralement à sa porte pour lui demander de travailler sur Rain Man. Ce film marque l’entrée tonitruante du compositeur sur le sol américain avec une nomination aux Oscars. On retrouve dans ce film le titre Iko Iko, remixé par Zap Mama qui ouvre Mission : Impossible 2 lorsque Ethan Hunt, alors en vacances, escalade des rochers du Dead Horse Point en Utah. Coïncidence ? Je ne crois pas. Dès les années 90, Hans Zimmer s’attaque à un nouveau style : le film d’action. Puis la consécration lui vient en 1994 avec Le Roi Lion pour lequel il obtient le seul oscar à ce jour de sa carrière. L’année suivante, il compose pour Jerry Bruckheimer et Tony Scott la bande originale de USS Alabama, marquera l’histoire des films d’action hollywoodiens, pour son alliance entre musique électronique, orchestrale, et l’utilisation impressionnante des chœurs. Zimmer connaît son plus gros succès commercial avec le film Gladiator de Ridley Scott où il s’associe avec la chanteuse australienne Lisa Gerrard. La même équipe s’occupe en 2000 de Mission : Impossible 2 de John Woo dans l’urgence.

Et cela s’en ressent. Sans réel identité, si ce ne sont les titres plus rock heavy metal qui viennent ponctuer les scènes d’action finales entre autres, la composition de Hans Zimmer est assez fade. Entre acoustique hispanique pour le romantisme durant les scènes entre Nyah et Ethan, latino gipsy et pauvres ambiances « sauvages » de crépuscule, qui paraissent bien insipide à côté du morceau de Limp Bizkit qui revisite brillamment  le thème original avec Take a Look Around . Une reprise métal surprenante. Seul le titre « Injection«  comporte une charge émotionnelle suffisante.

Limp Bizkit donc, mais également Metallica qui signe pour le film, « I Disappear« . Rob Zombi, The Pimps et les Foo Fighters qui reprennent les Pink Floyd… Il n’y a pas à dire, ces chansons « additionnelles » sont beaucoup plus existantes, donnant un côté bad ass au personnage de Tom Cruise, que l’univers flou de Hans Zimmer. Et Ethan Hunt peut tomber amoureux si les fans pouvaient en douter..! On est donc plongé dans une course contre la montre sentimentale teintée de quelques efforts explosifs, et combats au pied, car c’est John Woo qui réalise faut pas dé***** ! A la sortie du film en mai 2000. Avec un casting beaucoup moins bankable que le premier, le film réussi à cumuler plus du quadruple en box office par rapport à son budget initial, mais je trouve que ce deuxième opus est le seul (avec le dernier) qui ne se regarde qu’une fois avec « plaisir ». La relation entre Nyah, jouée par Thandie Newton aux origines zimbabwéenne, et Ethan parait à présent superflue, un peu prétexte à mon avis. Et entre la love story et le film d’espionnage, les contours sont flous et la violence aseptisée (exceptée pour la scène finale en moto et les combats près des plages). Seul les morceaux de heavy, metal et rock alternatif souligne ce nouveau tournant dans les films Mission : Impossible, « manu militari » presque van dammien, avec une certaine fougue qui s’adresse à un public beaucoup plus jeune que le premier.

Liste des titres de l’album (63:14)

1. Limp Bizkit– « Take a Look Around »
2. Metallica– « I Disappear »
3. Rob Zombie– « Scum of the Earth »
4. Butthole Surfers– « They Came In »
5. The Pimps – « Rocket Science »
6. Foo Fighters  – « Have a Cigar » (reprisedes Pink Floyd)
7. Chris Cornell– « Mission 2000 »
8. Godsmack– « Goin’ Down »
9. Uncle Kracker– « What U Lookin’ At? »
10. Apartment 26– « Backwards »
11. Diffuser– « Karma »
12. Buckcherry– « Alone »
13. Tinfed– « Immune »
14. Powderfinger– « My Kind of Scene »
15. Tori Amos– « Carnival »
16. Hans Zimmer– « Nyah »
17. Hans Zimmer– « Injection »
18. Zap Mama– « Iko Iko »

Compositions originales de Hans Zimmer

1. « Hijack » (4:09)
2. « Seville » (feat. Lisa Gerrard) (4:32)
3. « Nyah » (2:20)
4. « Mission: Impossible Theme » (Lalo Schifrin) (0:39)
5. « The Heist » (2:22)
6. « Ambrose » (2:37)
7. « Bio-Techno » (1:42)
8. « Injection » (feat. Lisa Gerrard) (4:49)
9. « Bare Island » (5:30)
10. « Chimera » (1:42)
11. « The Bait » (1:00)
12. « Mano a Mano » (feat. Lisa Gerrard) (4:22)
13. « Mission: Accomplished » (1:44)
14. « Nyah and Ethan » (5:05)

Mission : Impossible 3 (2006) J.J.Abrams

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Jamais deux sans trois. Avant J.J.Abrams, Mission : Impossible 3 devait être confié à David Fincher pour une sortie à l’été 2004. Mais le projet est confié à Joe Carnahan (Narc) qu’il développe sur plus d’un an. Tom Cruise ayant le dernier mot, fait appel au showrunner d’Alias qui l’a subjugué. Kenneth Branagh, Carrie-Anne Moss et Scarlett Johansson devaient tenir un rôle, tout comme Thandie Newton devait reprendre son rôle, mais la production est retardée, car J.J. Abrams doit tenir ses engagements sur Lost. Ce qui laisse le champ libre donc pour Tom Cruise de tourner avec Spielberg pour La Guerre des Monde. A la reprise, Scarlett a d’autres obligations auprès de Woody Allen et Hugh Jackman (Scoop) tout comme Carrie-Anne Moss avec la fraterie Wachowski (Matrix).

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Longtemps influencé par l’oeuvre de Spielberg et Star Wars pour qui le jeune réalisateur voue un culte sans nom, les influences de J.J. Abrams se tourneront donc vers des œuvres qui l’ont marqué, comme E.T. ou Poltergeist. Il compose également avec son ami Michael Giacchino les thèmes d’Alias, Lost et Fringe.

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Parmi les musiques additionnelles : le rappeur Kanye West chante avec Keisha Cole feat. Twista un titre rap aux sonorités dancehall/raggae/funk qui fleurissent dans ces années 2000 (Sean Paul, Justin Timberlake, Timbaland…). On peut écouter « Impossible » sur les crédits de fin.

Concernant la composition de Giacchino, l’utilisation du piano, déjà fréquente dans la série, apporte une plus-value presque artisanale, renforçant le mystère sur l’action, la sensibilité sur l’émotion. La composition est assez complète et le titre 11 mélange à la fois les cordes stridentes de l’univers de l’horreur au vents puissants et tambours battants de celui du péplum. On assiste à une tentative d’harmonisation entre l’intime et le grandiose. Le film d’espionnage n’est pas qu’une simple histoire de vengeance et de sauvetage sur l’être aimé, mais d’un travail d’équipe spectaculaire qui ne laisse personne insensible. Je ne parle que de la bande son, mon opinion sur la mise en scène est relativement différente. Le désir de contraste et de nuances est évident, les références multiples. Je m’abstiendrais de tout commentaire, ignorant les influences précises sur certaines chansons. La plus construite reste pour moi la 14 « World’s Worst Late 4 Minutes To Live » dans laquelle différentes couleurs auditives composent un ensemble harmonique et efficace en terme d’émotions (les grincements de violon introductifs aident peut-être aussi). Notons que sur une minute, seul le piano démarre la piste suivante, isolant l’émotion pour la reprendre symphoniquement sans grande réussite par la suite. La chaleur générale un peu surfaite de cet album contribue à l’aspect télévisuel, mais de qualité, de ce troisième volet.

Liste des titres composés par Michael Giacchino

1. « MI Theme » (0:51)
2. « Factory Rescue » (4:14)
3. « Evacuation » (2:46)
4. « Helluvacopter Chase » (3:15)
5. « Special Agent Lindsey Farris » (2:46)
6. « Ethan and Julia » (1:24)
7. « Humpty Dumpty Sat On a Wall » (5:55)
8. « Masking Agent » (3:41)
9. « Voice Capture » (2:41)
10. « See You In The Sewer » (1:45)
11. « Davian’s Brought In » (2:06)
12. »Bridge Battle » (4:13)
13. « Davian Gets The Girl » (2:44)
14. « IMF Escape » (2:44)
15. « Disguise The Limit » (3:24)
16. « Shang Way High » (3:39)
17. « The Chutist » (1:59)
18. « Hunting For Jules » (3:55)
19. « World’s Worst Last 4 Minutes To Live » (4:11)
20. « Reparations » (3:36)
21. « Schifrin and Variations » (3:04)

 

Mission : Impossible Protocole Fantôme (2011) Brad Bird

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Malgré les recettes « décevante » du troisième, la Paramount Picture a à cœur de sortir un quatrième opus. J.J. Abrams, trop occupé, refuse un peu à contrecœur la mise en scène, mais se joint à Cruise pour le produire. On retrouve Simon Pegg dans le rôle de l’agent Dunn, un peu étourdi, à l’image des personnages comiques qu’il a l’habitude de jouer. Jérémie Renner rejoint le casting sous les traits de l’agent Brandt, personnage créé pour pallier à un éventuel départ de l’acteur principal. Paula Patton remplace Maggie Q, troisième agent féminin typée (après zimbabwéenne et hawaïenne, afro-américaine). Brad Bird (Tomorrowland), ayant fait ses preuves dans l’animation avec Le Géant de Fer, Les Indestructibles et Ratatouille, se voit confier la réalisation. C’est un ami de J.J.Abrams et Michael Giacchino. Ce dernier compose encore la bande son de Ghost Protocol en exploitant plusieurs fois le thème original et « The Plot » de Lalo Schifrin.

Retour au source et profond respect ou facilité de composition ? A la lecture de la tracklist de Giacchino, on aurait du mal à se positionner, bien que le curseur penche vers le premier. La sensibilité du cinéaste en terme de rythme et d’images animées (car oui penser « animé Pixar », c’est penser « efficacité ») participe-t-elle à une éventuelle différence de ton ou d’intensité par rapport aux précédents de la saga ? Ma réponse est, sans hésité, affirmative.

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Giacchino a eu le temps de faire davantage ses preuves depuis son Emmy Award pour la bande son de Lost en 2005. Après un Grammy pour Ratatouille et des compositions pour des jeux vidéo tels que Call of Duty et Medal of Honnor, il rafle un Golden Globe, un BAFTA, un Grammy et surtout un Oscar pour la chanson « Married Life » et implicitement sa composition dans Là-haut des studios Pixar en 2010. Il a acquis au début de cette nouvelle décennie une reconnaissance planétaire. Ne mentionnons même pas Vice versa qui est très bien parti pour gagner toutes les récompenses à la rentrée prochaine. (Je me garderai sur la référence principal au jazzman Jerry Martin qui a composé la musique des Sims…) Qu’en est-il donc de ses compositions sur le 4ème opus ?

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Commençons par la fin en nous replongeant dans la musique des crédits défilants. Si la plupart des spectateurs sont déjà parti avant même que les premiers noms apparaissent à l’écran, il n’en reste pas moins un excellent résumé de l’univers musical du film.

https://www.youtube.com/watch?v=QIa3iBqjcPA

En reprenant « Kremlin with Antipation » ou « Mumbai’s the Word », on a un vite aperçu d’une certaine ampleur. Un choeur masculin russe suffit à nous plonger au cœur de la forteresse du Kremlin de Moscou ou nous donner l’impression de défiler sur la place rouge. Si l’effet fonctionne par association d’idées et surtout de stéréotypes auditifs. « A Man, A Plan, A Code, Dubai » n’est pas loin de la musique de John Williams lorsqu’il compose pour Indiana Jones en nous faisant voyager en plein désert égyptien. Le Moyen-Orient résonne dans nos oreilles, car par habitude on associe cette élan de percu, cordes et vents aux mélodies orientales et rythmes indiens. Des univers distincts recomposés donc pour donner cœur aux cascades époustouflantes. Si l’on rajoute les musiques additionnelles raggae, disco ou classique, on obtient un ensemble presque total qui était cher à Wagner et le romantisme allemand, mais ceci est un autre débat. De là à affirmer que le 4ème film de la saga est une œuvre d’art total… Brad Bird réussit néanmoins à équilibrer avec efficacité spectacle, émotion, humour et espionnage high-tech que seul De Palma avait réunit 15 ans auparavant. Ghost Protocol reste à ce jour mon préféré de la saga.

Liste des titres composés par Michael Giacchino

1. « Give Her My Budapest » (1:57)
2. « Light the Fuse One » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (2:01)
3. « Knife to a Gun Fight » (3:42)
4. « In Russia, Phone Dials You »(Contient le « Mission: Impossible Theme » et « The Plot » Lalo Schifrin) (1:40)
5. « Kremlin with Anticipation » (Contient le « Mission: Impossible Theme » et « The Plot » Lalo Schifrin) (4:12)
6. « From Russia with Love » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (3:37)
7. « Ghost Protocol » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (4:58)
8. « Railcar Rundown » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (1:11)
9. « Hendricks’ Manifesto » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (3:17)
10. « A Man, A Plan, A Code, Dubai » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (2:44)
11. « Love the Glove » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (3:44)
12. « The Express Elevator » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (2:31)
13. « Mission Impersonatable » (3:55)
14. « Moreau Trouble Than She’s Worth » (6:44)
15. « Out for a Run » (3:54)
16. « Eye of the Wistrom » (1:05)
17. « Mood India » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (4:28)
18. « Mumbai’s the Word » (7:14)
19. « Launch Is on Hendricks » (2:22)
20. « World’s Worst Parking Valet » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (5:03)
21. « Putting the Miss in Mission » (Contient le « Mission: Impossible Theme » de Lalo Schifrin) (5:19)
22. « Mission: Impossible Theme » (Out with a Bang Version) (0:53)

Musique additionnelles

1. « Come Into My Life » Jimmy Cliff
2. « Song 5000 » J. J. Abrams
3. « Back Door Santa » The Black Crowes
4. « Best of My Love » The Emotions
5. « A Sunday Kind of Love » Etta James
6. « Tell Me Something Good » Rufus and Chaka Khan
7. « Groksploitation » Thomas Dolby and J. J. Abrams
8. « The Plot » Lalo Shifrin
9. « String Quartet No. 4, Op. 18, No. 4 in C minor » Ludwig van Beethoven
10. « String Quartet in B Major, Op. 1, No. 1 (La Chasse) » Joseph Haydn
11. « We Are Family » Sister Sledge
12. « Impossible » Kanye West

Mission : Impossible Rogue Nation (2015) Christopher McQuarrie

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Pour ce 5ème et dernier à ce jour, les studio souhaite le retour de Brad Bird et c’est bien compréhensible, mais la roue tourne facilement à Hollywood, et depuis le début de ce dossier, même avant la lecture, ce n’est pas une surprise! A l’écriture, un scénariste familier de l’univers de super héros depuis sa série comique sur ITV2 (No Heroics), puisqu’embauché par Marvel pour écrire Iron Man 3, j’ai nommé Drew Pearce. A la réalisation, Christopher McQuarrie, qui a déjà dirigé Tom Cruise dans l’adaptation des romans de Lee Child, Jack Reacher en 2012. L’acteur devait participer à une autre adaptation de série d’espionnage, The Man from U.N.C.L.E. (Agents très spéciaux) par Guy Ritchie, mais il a avoué préférer se tourner sur ce qu’il soutient depuis 1996 donc, la franchise Mission Impossible.

Le copinage est une chose qui se fait régulièrement dans l’industrie cinématographique et je ne vous apprends, une fois de plus, rien, je l’espère. Joe Kraemer, qui a composé sur Jack Reacher, est aux commandes musicales de ce 5ème opus. On peut dès la scène d’ouverture, certes impressionnante se rendre compte d’une nouvelle version du thème. « The A400 »  propose une variation symphonique qui monte en puissance sur plus de 6 minutes.

https://www.youtube.com/watch?v=9dxFJLKEeP0

L’exercice de recontextualiser géographiquement la musique est moins précis. C’est ainsi que  « Havana to Vienna » et « Morocco Pursuit » manquent de profondeur, d’âme je dirais même plus. Si la bande son de Giacchino participait efficacement au voyage, celle de Kraemer ne fait que copier d’autres stéréotypes déjà entendus dans des films d’action qui avaient plus de cachet. Je ne parlerais pas du manque de crédibilité pourtant nécessaire à l’adhésion du spectateur ni d’un manque cruel de suspense qui cumule les incongruités pour tenir en haleine, mais l’univers musical est ici indistinct et pourrait s’articuler sur n’importe quel Taken ou blockbuster estival. Commencer la saga en 2015 pourrait convenir pour n’importe quel néophyte et les attentes satisfaites : courses poursuites en moto, explosions et infiltration dans une base militaire, opération en coulisse d’un opéra à Vienne, tambours et symphonie puissante… Les ingrédients sont présents, mais figure une amère impression de déjà vu si l’on a suit la franchise dès ses débuts. Quelques élans élégants sont amorcés*, mais sont vite avortés, limitant la bande son de manière putassière à un ersatz oscillant entre hystérie et fausse pudeur, entre space opera et teen action movie.

 (* »Audience With the Prime Minister » à la 55′ par exemple)

Il faut pourtant noter avec une certaine admiration que trois des pistes (la 4, 13 et 19) insère un air de ténor bien célèbre tiré  l’opéra Turandot de Giacomo Puccini, Nessun dorma. « Finale and Curtain Call » conclut en apothéose cependant l’OST de Kraemer. Aucune musiques additionnelles ne semblent avoir été rajoutées. Autosuffisance ou besoin d’unifier ? La critique est ouverte…

Liste des titres composés par Joe Kraemer

1. « The A400 » (6:38)
2. « Solomon Lane » (4:08)
3. « Good Evening, Mr. Hunt » (2:35)
4. « Escape to Danger » (2:46)
5. « Havana to Vienna » (5:13)
6. « A Flight at the Opera » (2:23)
7. « The Syndicate » (3:44)
8. « The Plan » (3:21)
9. « It’s Impossible » (CD Exclusive Track) (1:23)
10. « The Torus » (7:02)
11. « Morocco Pursuit » (2:29)
12. « Grave Consequences » (4:12)
13. « A Matter of Going » (5:05)
14. « The Blenheim Sequence » (4:00)
15. « Audience with the Prime Minister » (4:23)
16. « This is the End, Mr. Hunt » (CD Exclusive Track) (3:48)
17. « A Foggy Night in London » (2:10)
18. « Meet the IMF » (1:47)
19. « Finale and Curtain Call »

Récapitulons cette étude semi-approfondie : Danny Elfman se calque sur un cahier des charges en proposant quelques variations épiques qui lui sont propres, entre grandiose forain et sombre atmosphère, mais cette dernière est imprécise. Le premier film se limite donc à un film d’espionnage psychologique intéressant, mais j’aurais préféré personnellement les compositions d’Alan Silvestri, plus directes et définies. Le deuxième est plus difficile à situer. Beaucoup disent que c’est celui qui a le plus mal vieilli et c’est en effet exact. Hans Zimmer, en composant d’urgence, a mal défini sa bande son, entre chansons de geste romantiques (John Woo admirait l’oeuvre de Jacques Demy) et virage hard/metal rock qui participe au tempérament de feu, de rébellion du personnage principal. Le troisième se recentre sur un film d’espionnage à la Splinter Cell (flares bleus aussi omniprésent dans Super 8 entre autre) et sur des intérêts matrimoniaux top secret, que l’on trouvait déjà au cœur d’Alias : ne pas tenir au courant son conjoint (ou sa conjointe) de ses activités de peur qu’il ou elle ne disparaisse. J.J.Abrams a du être terrorisé par le mythe d’Orphée et Eurydice ! La bande son de Giacchino ne parvient qu’irrégulièrement à se démarquer de ses prédécesseur, peut-être par manque d’expérience. Sûrement, car au 4ème, il parvient l’objectif de nous transporter. La 5ème composition originale, en proie à des préoccupation entre opéra et entertainment aux schémas répétitifs, se positionne sur la même lignée des nombreux compositeurs de cette génération qui peine à sortir leur épingle du jeu. Si « l’artiste » ne se définit pas clairement en nous proposant un univers singulier, je doute que l’on retienne son nom à l’avenir comme on retiendra Williams, Horner, Zimmer, Elfman, Morricone, Desplats, Howard, Shore, Cosma, Newman… Schifrin et maintenant Giacchino.