Les Noces Funèbres, un film de Tim Burton – Critique

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2005 est une année particulièrement prolifique pour Tim Burton, qui sortira deux films en l’espace de quelques mois. Après le triomphe de Charlie et la Chocolaterie, le réalisateur revient à ses premiers amours avec Les Noces Funèbres.

Synopsis : Au XIXe siècle, dans un petit village d’Europe de l’est, Victor, un jeune homme, découvre le monde de l’au-delà après avoir épousé, sans le vouloir, le cadavre d’une mystérieuse mariée. Pendant son voyage, sa promise, Victoria l’attend désespérément dans le monde des vivants. Bien que la vie au Royaume des Morts s’avère beaucoup plus colorée et joyeuse que sa véritable existence, Victor apprend que rien au monde, pas même la mort, ne pourra briser son amour pour sa femme.

Hymne à la joie

Douze ans après L’Étrange Noël de Monsieur Jack, le revoilà aux commandes d’un projet en animation stop motion. Cette fois-ci, il est de tous les postes ou presque, assumant la triple casquette de metteur en scène, scénariste (s’il n’écrit pas les dialogues, l’idée et la trame principale sont de lui) et producteur. Un excellent moyen de s’assurer un contrôle total d’une œuvre qui, sans atteindre la brillance visuelle ou l’émotion narrative de L’Étrange Noël, porte tout de même la griffe de son créateur.

La mort leur va si bien

À commencer, bien sûr, par l’esthétique. Les Noces Funèbres se scinde en deux univers clairement définis : celui des vivants, terne et gris, et celui des défunts, bien plus joyeux et coloré. Une dichotomie qui se trouve au centre de l’histoire, opposant deux mondes séparés par l’ultime frontière : celle de la mort. Le thème est cher à Burton, et peut se retrouver, déjà, dans Beetlejuice. L’entre-deux y était déjà représenté comme un lieu aux couleurs flashys, plus étrange que véritablement festif comme c’est le cas ici, mais déjà loin de l’idée que s’en fait la culture populaire occidentale actuelle. On peut également la retrouver dans Batman Le Défi, où l’antre du Pingouin, dans les égouts de la Gotham, a des allures de carnaval grotesque, très éloigné de l’aspect sombre de la ville au-dessus de lui.

Puisant son inspiration dans le gothique Anglais le plus pur, Burton crée un monde presque monochrome, fait de salles immenses à l’ambiance morose. On retrouve là certains aspects d’un de ses films cultes, La Belle et la Bête (la version Cocteau, pas celle de Disney), le manoir du prince ayant visiblement marqué le jeune homme. Dans le même temps, il mixe des éléments venus d’Europe de l’Est, et notamment de la Russie, pays dont est tirée la légende ayant inspiré l’histoire. Les fêtes dans le monde des morts font en effet irrésistiblement penser au folklore des Balkans et à la convivialité régnant dans les pays de l’Est.

Les histoires les plus courtes…

Si la direction artistique et la mise en scène de Burton sont toujours aussi efficaces, Les Noces Funèbres pêche un peu au niveau de son scénario. La durée relativement courte du film (seulement 75 minutes) devrait assurer son intérêt, pourtant quelques longueurs apparaissent rapidement au fil d’un récit finalement assez quelconque. Une fois passé le plaisir de la découverte du monde des morts, force est de constater que la magie retombe un peu et qu’un certain ennui s’installe alors. S’il reste une belle réussite, Les Noces Funèbres pâtit de la comparaison avec L’Étrange Noël, qui parvenait sans mal à charmer jusqu’au bout.

Un défaut mineur, et qui ne gâche pas le charme de ce nouveau bijou de stop-motion. Un style que Burton aura réussi à transcender en seulement deux films. Le mélange des univers est une totale réussite, prouvant encore une fois le génie visionnaire de son créateur, lorsqu’il ne tente pas d’en faire trop. Ses deux films suivants, Sweeney Todd et Alice aux pays des merveilles, en reprendront d’ailleurs plusieurs éléments visuels. Sans atteindre le même degré de réussite, tout de même.

Les Noces Funèbres – Fiche Technique

USA – 2005
Animation, Fantastique, Romance
Réalisateur : Tim Burton, Mike Johnson
Scénariste : John August, Caroline Thompson, Pamela Petter, sur une idée originale de Tim Burton
Distribution : Johnny Depp (Victor Van Dort), Helena Bonham Carter (Emily), Emily Watson (Victoria Everglot), Tracey Ullman (Nell Van Dort/Hildegarde), Christopher Lee (Le Pasteur)
Producteurs : Tim Burton, Allison Abbate
Directeur de la photographie : Peter Kozachik
Compositeur : Danny Elfman
Monteur : Jonathan Lucas
Production : Warner Bros, Vinton Studios
Distributeur : Warner Bros France

Auteur : Mikael Yung