Notre interview des frères Chris et Ben Blaine, réalisateurs britanniques connus sous le nom de Blaine Brothers :
Auteurs de plusieurs courts et moyens métrages primés dans de nombreux festivals comme Hallo Panda, 0507, Free speech et bien d’autres encore, les Blaine Brothers se sont vraiment fait connaître grâce à leur premier long-métrage : Nina Forever. Une comédie horrifique et sensuelle très remarquée notamment au Festival de Toronto et au British Independent Film Awards. Pour CineSeriesMag, notre duo de réalisateurs a bien voulu se prêter au jeu des questions/réponses. Vous trouverez ci-dessous cette interview exclusive en Français ET Anglais.
Award winning writer-director duo of short films like Hallo Panda, 0507, Free speech et many other films, the Blaine Brothers became chiefly famous with their movie Nina Forever. A creepy sexy comedy acclaimed at Toronto Festival and British Independent Film Awards, to name a few. For CineSeriesMag, the director duo accepted to answer some questions. Here is the interview both in French AND English.
Interview en Français :
Comment vous est venue l’idée de Nina Forever ? De quoi vous êtes vous inspiré pour le film ?
Blaine Brothers : L’idée a pris forme il y a quelques années – initialement, c’était l’histoire de la relation tordue entre Rob et les parents de sa petite amie décédée, de la façon dont ils agissaient tous comme si c’était ses propres parents, de cette foi qu’ils avaient les uns envers les autres mais qui prouvait à quel point ils étaient enfermés dans leur deuil – mais ce n’est que lorsque nous avons ressenti du chagrin et que Nina a commencé à parler que c’est devenu quelque chose de concret.
Ben (Blaine, ndlr) a écrit, à la demande d’un groupe, une pièce en un acte qui avait beaucoup de points communs avec la scène de la rencontre avec Nina.
Jusqu’à ce que Chris réalise que Holly était le personnage le plus intéressant à suivre – Rob et Nina sont complètement piégés alors que c’est Holly qui choisit de rester – et que nous comprenions comment on pourrait en faire un film. A partir de là, ce fut véritablement rapide à écrire.
Les deux personnages féminins sont incroyables et Abigail Hardingham irradie derrière cette apparence sombre. Comment les avez-vu choisies ?
Blaine Brothers : Nous travaillons avec Emily Tilelli, une directrice de Casting brillante et qui partage les mêmes convictions que nous sur les castings à savoir qu’il faut laisser les acteurs jouer, essayer des choses différentes plutôt que de rayer les noms d’une liste. C’était extrêmement passionnant de voir toutes les possibilités de ces personnages, ça nous a vraiment aidé à comprendre où nous voulions aller avec le film.
On voulait des surprises, des acteurs capables de faire quelque chose d’inattendu. Emily avait vu Fiona dans le film Utopia, elle était convaincu qu’elle serait la parfaite Nina et ce fut le cas.
Abigail était quelqu’un à qui elle voulait donner une chance – on n’avait aucune idée de ce que ça donnerait – et lorsqu’elle s’est présentée à l’audition, elle a fait quelque chose de totalement différent de la manière dont les autres avaient appréhendé la scène. Ça nous a fait entrevoir une nouvelle facette de Holly, de qui elle pourrait être, et nous fûmes enchantés de l’accueillir à bord.
Le personnage masculin est maltraité pendant tout le film. Nina Forever peut donner lieu à une interprétation féministe, était-ce votre intention ? Peut-on dire que c’est un film féministe ?
Blaine Brothers : On apprécierait carrément que vous le trouviez féministe, c’était précisément notre intention de focaliser l’histoire sur Holly et d’étudier chaque personnage dans leur profondeur et leur propre volonté.
Le scénario autour de Rob fait parti de ceux qui ont été écrits très longtemps en amont du film. Il s’est construit au détriment d’autres personnages comme Holly même si, dans ce cas-là, l’histoire du mec est relativement simple et la fille est un vrai point du sujet à traiter. On comprend pourquoi il s’intéresse à elle – elle l’aidera en profondeur. Mais pourquoi elle, elle s’intéresse à lui, ça c’est l’histoire que nous voulions explorer, écrire sur ce désir avide d’aider quelqu’un, d’être important pour lui, et de quelle manière ça peut vous transformer.
Nina Forever est assez différent de vos autres films même si on peut retrouver des similarités notamment dans Hallo Panda (les relations humaines, le couple, la couleur rouge avec cette robe rouge ou encore la chemise…). Finalement, allez-vous adopter ce ton dans vos films désormais ?
Blaine Brothers : Nos courts-métrages avaient une tendance comique, mais nos projets de long-métrage étaient plus souvent sombres. Vous bénéficiez de plus d’espace pour vraiment explorer un sujet sombre sans qu’il y soit nécessaire que ça vous saute aux yeux en dix minutes ou moins.
Nina Forever représentait le parfait long-métrage pour nous en ce sens qu’il bénéficiait de nos côtés délirants et sombres à tous les deux, combinés pour en faire un film à notre image.
Nous tentons de donner une innocence cynique à nos films, c’est un aspect que nous voulons vraiment pérenniser et Nina nous a beaucoup aider à comprendre comment le faire ressortir.
Travaillez-vous actuellement sur votre prochain film ? Si oui, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Blaine Brothers : Nous avons plusieurs projets de film que nous prévoyons de faire. D’abord, un thriller oppressant que nous sommes en train d’écrire et qui est incroyablement angoissant mais qui traite à la fois d’infirmité, d’aveuglement, de peinture, de culpabilité et par-dessus tout, d’acharnement.
Ensuite, nous avons été choisis pour réaliser un scénario d’Irvine Welsh (Trainspotting) et de son partenaire Dean Cavanagh (Good Arrows, Wedding Belles, ndlr).
Ça se passe à Leith, dans la ville d’Irvine, et ça traite d’un groupe de femmes qui font s’écrouler le Casino du coin, ce qui va donner lieu à de grands moments de délires !
Interview in English :
CSM : How did you come up with the idea of Nina Forever ? What was your inspiration for the film ?
Blaine Brothers : The idea took shape over many years – initially it was the story of Rob’s weird relationship with the parents of his dead girlfriend, the way they all almost acted as if they were his parents, that reliance they had on each other which actually meant they all stayed stuck, but it wasn’t until we started experiencing grief for ourselves and Nina started talking that it became something beyond an idea. Ben wrote a one-act play for a group who had asked him to write for them, which has a lot of similarities to the first scene we get to meet Nina, and it wasn’t until Chris realised that Holly’s character was the most interesting to follow – Rob and Nina are pretty much stuck, whereas Holly is choosing to remain – that we saw how we could write it as a film. After that it was actually pretty quick to write.
The two female characters are amazing and Abigail Hardingham is radiating beyond her macabre
side. How did you choose them ?
B.B : We worked with a brilliant casting director called Emily Tilelli, who shared the same belief as us that casting sessions should be about letting the actors play, about trying stuff out rather than looking to cross people off a list. It was tremendously exciting to see all the different ways the characters could go, it really helped us understand where we wanted to go with the film. We wanted surprises, actors who would do something unexpected. Emily had watched Fiona in Utopia and knew there and then that she’d be our perfect Nina, and she was. Abigail was someone she’d taken a chance on – no idea how she’d do – and she came in for the audition and did something totally different to the way everyone else had done the same scene, which made us see a whole new side to Holly and who she could be, so we were delighted to get her on board.
The male character is mistreated during the whole film. Nina Forever could bring a feminist vision,
was it your intention ? Can we say it’s a feminist movie ?
B.B : We would certainly love it if you call it a feminist movie. It was certainly our intention to focus the story on Holly, and for every single character to have a depth to them, their own volition. Rob’s storyline is one that has been made many times over on film, and often that has been to the detriment of a person like Holly, even though the guy’s storyline in this case is fairly straightforward, and the girl’s has a real question to it. You know why he’s interested in her – she’ll help him out of the depths. But why she’s interested in him – that’s the story we wanted to explore, to write about the buzz of helping someone, of being important to someone, of how that will inevitably change you.
Nina Forever is quite different from your other films even if we can find same characteristics in Hallo Panda for instance (relationships, couple, red colour, red dress or shirt…). Finally, will you
adopt this tone in your movies by now ?
B.B : Our short films have all tended to be funny, but our feature ideas were most often much darker – you have more space to actually explore a darker theme in a way that doesn’t just feel blindingly obvious at ten minutes or under. Nina Forever felt like the perfect first feature for us in that it has both our funny and our dark sides, combining them to make a film that really is in our voice. We tend to have a cynical innocence to our films, and that’s definitely something we want to continue, and Nina has really helped teach us how to do just that.
Are you working on your next film right now ? If yes, can you tell us about this ?
B.B : We have a couple of film projects we’re looking to do next – firstly, a contained thriller we’re writing which is incredibly tense but also mainly about infirmity, blindness, painting, guilt and above all else, stubbornness. Secondly, we have also been attached as directors to a script by Irvine Welsh (Trainspotting) and his writing partner Dean Cavanagh. It’s set in Irvine’s home town of Leith and is about a group of women who knock off the local casino, which is looking like it’d be a lot of fun to do.
Hallo Panda : Bande-annonce