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FIFAM 2024 : compétition courts métrages

Chloé Margueritte Reporter LeMagduCiné

Le FIFAM 2024 programme de nombreux courts métrages, dont ceux du programme 2 dans lequel on peut découvrir Queen Size d’Avril Besson, Car Wash de Laïs Decaster, Quand la terre se dérobe de Federico Lobo, Câine, pâine si florile de mâine de Mîndru Mihaela et Fatme de Diala Al Hindaoui.

Queen Size

Ce matin, Marina a rendez-vous avec Charlie pour lui vendre un matelas. Ce soir, elle annulera son avion pour la Réunion. Mais ça, elles ne le savent pas encore.
Réalisation : Avril Besson. Avec India Hair, Raya Martigny, Marie Loustalot. Durée 18 minutes. France.

Queen Size est une romance moderne, pétillante et drôle. La rencontre entre Marina et Charlie, qui s’aiment le temps d’un transfert de matelas entre l’appartement que l’une quitte et celui dans lequel l’autre emménage. Ensemble, elles échangent quelques mots, et surtout, beaucoup de regards et de rires. Le temps file vite et pourtant on a l’impression de connaître ces deux-là depuis toujours et surtout qu’elles ne se quitteront jamais. Pourtant, Marina doit bientôt prendre son avion, alors que Charlie abandonne ses rêves de mariage hétéro au profit d’une rêverie avec sirène. Petit moment suspendu au milieu du chaos entre deux belles actrices : India Hair et Raya Martigny (qui a été il y a deux ans membre du jury longs métrages du FIFAM).

Car Wash

« Ma sœur Auréa nettoie avec soin sa voiture dans une station-service. Elle me raconte pourquoi elle l’aime tant, comment elle impressionne ses copines au volant, mais aussi comment elle l’utilise comme outil de drague… »
Réalisation : Laïs Decaster. Documentaire. Durée 12 minutes. France.

Laïs Decaster a pris l’habitude de filmer sa sœur, Auréa, mais aussi ses copines (Elles allaient danser, J’suis pas malheureuse). Résultat ? Des petites pépites spontanées où la réalisatrice donne la part belle à une parole franche et décomplexée. Dans Car Wash, elle filme Auréa bichonnant sa voiture dans une station de lavage auto : celle qui lui permet de frimer, draguer, aller jouer au foot, chercher désespérément l’amour et… un CDI. On rigole franchement avec ce portrait cash d’une jeune femme moderne et affranchie, parfois maladroite.

Quand la terre se dérobe

La plus grande mine de lithium en Europe va voir le jour dans le Trás-os-Montes, au grand dam des habitants locaux. Frederico Lobo exalte une sensualité terreuse et oppose deux géologies : celle de la prospection minière et de ses machines, celle des racines et des hommes.
Réalisation : Federico Lobo. Documentaire. Durée 29 minutes. Portugal.

Quand la terre se dérobe est un court métrage qui raconte la terre des hommes. On y rencontre un couple, un enfant, quelques chiens et une vache disparue, partie mettre bas : loin, très loin. Trop loin ? Autour de ces êtres vivants, la terre leur échappe, exploitée par une mine de lithium qui veut aller toujours plus vite, quitte à tout détruire. Au milieu de ce début de chaos, ils vivent. Le court métrage, très contemplatif, presque sans parole, offre une expérience organique et sensorielle, un avant-goût de délitement du monde avec au milieu des caresses sur le dos d’une vache qui lave son veau. Une merveille.

Câine, pâine si florile de mâine

Un nombre pair de fleurs dans chaque main, une couronne de pain, une bougie et un mouchoir. Partout, il y a des fleurs. Une montagne de fleurs entoure ma grand-mère, et je crains qu’elle ne les sente. On dit que sentir une fleur lors d’un enterrement fait perdre l’odorat, c’est une tradition ancienne dans notre village. J’espère que personne ne les sentira.
Réalisation : Mîndru Mihaela. Durée 6 minutes. Moldavie, France.

Dans ce très beau film d’animation (la réalisatrice est issue de l’école des arts décoratifs de Paris), Mîndru Mihaela raconte un deuil sans jamais le dire ainsi. Elle ne dit pas la mort du grand-père, elle dit les fleurs qu’il ne faut pas sentir au risque de perdre l’odorat. (Mais ce n’est qu’une sentence parmi toutes celles prononcées par les vieilles femmes du village, alors la fillette n’y prête pas trop attention.) Pourtant, elle ne saurait pas dire si le chien a aboyé cette fois (lui qui aboie toujours à l’approche de sa famille), ni que font tous ces gens chez ses grands-parents alors que l’anniversaire du grand-père n’est que dans deux jours. À travers un univers coloré et fleuri, se déploie une histoire d’enfance et de mort mêlées qui dit que les fleurs ne doivent jamais partir seules mais bien par paires dans l’au-delà.

Fatme

Fatmé, 11 ans, Syrienne, vit au Liban avec sa famille, dans une tente au bord d’une route de campagne. Ses cheveux en bataille, ses habits sales et son amour de la bagarre font débat dans son entourage. Sa mère se pose la question : est-elle une fille ou un garçon ? À cette question, Fatmé répond en riant : « Je veux juste être la plus forte. »
Réalisation : Diala Al Hindaoui. Durée 15 minutes. France.

Fatmé aime le sang (même si ce ne sont que des cerises écrasées), Rambo, la bagarre et être la plus forte. Est-ce que cela fait d’elle un garçon ? Seuls les adultes, au nom des traditions, se posent cette question. Sa mère la laisse simplement vivre, elle le dit, et Diala Al Hindaoui la filme ainsi libre et sans contrainte ou presque… car on lui promet plus tard le voile et des vêtements couvrants. Pour l’heure, elle s’émancipe des codes et elle vit simplement, sans se poser de questions.

Reporter LeMagduCiné