Alors qu’on approche tout doucement de la fin de la compétition internationale, des petites surprises pointent le bout de leur nez. Une fois n’est pas coutume, le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (FEFFS)nous fait voyager. Direction cette fois-ci les Alpes Suisses pour un thriller avec Animals, la forêt Amazonienne et ses vampires dans Earth and Light et la banlieue de Londres pour un rendez-vous marquant dans Double Date.
[Compétition internationale] – Animals
Réalisé par Greg Zglinski (Autriche, Suisse, 2017)
Unique film en langue allemande proposé cette année au FEFFS, Animals est la nouvelle réalisation du cinéaste polonais Greg Zglinski. Il suit un couple viennois composé d’une écrivaine et d’un cuisinier qui partent en retraite dans les Alpes Suisses tout en laissant leur appartement au main d’une jeune femme du nom de Mischa. Sur leur chemin, le couple heurte un mouton et la femme se blesse à la tête. Le reste de leur séjour va s’en trouver des plus perturber. Commençant assez doucement, le film de Zglinski va distiller petit à petit des éléments surprenants qui vont jouer avec les nerfs des personnages et également des spectateurs.
En effet, ce qui semblait être un petite mise au vert dans la montagne, va très vite déraper en paranoïa ambiante pour ce couple. Des jours qui passent plus vite qu’ils ne le devraient, des paroles qui se transforment, un chat qui parle, le cinéaste polonais va s’amuser à jouer avec la perception du réel. Animals prend un malin plaisir à retourner le cerveau du spectateur qui va se retrouver très vite perdu. D’autant plus qu’à des kilomètres de là, des événements particuliers touchent également Mischa à Vienne qui se voit harceler par un homme pensant qu’il s’agit de son ex-petit amie suicidée. Un jeu de miroir commence à se mettre en place. Véritable thriller paranoïaque, Animals développe une dimension cauchemardesque très bien retranscrite par son réalisateur. À l’aide d’une réalisation propre, Greg Zglinski joue de cette ambiance pour renforcer l’impact de son récit. Si le dénouement s’avère être au final assez prévisible, le récit laisse assez de zones d’ombres pour permettre au spectateur déboussolé de se triturer le cerveau pendant quelques temps. Une œuvre intrigante qui se croit peut-être un peu trop sûre de ses effets mais qui n’en reste pas moins efficace.
[Compétition internationale] – Earth and Light
Réalisé par Renné França (Brésil, 2017)
À l’instar de The Crescent, Earth and Light fait partie de ces films aux petits budgets qui nous seraient impossible de voir sans le FEFFS. Si le film canadien de Seth A. Smith était des plus dispensables, Earth and Light dispose de plusieurs qualités non négligeables. Film post-apocalyptique brésilien situé dans la forêt Amazonienne, Earth and Light suit un homme équipé d’une machette accompagné d’une fillette qui essaient de survivre dans un monde où les vampires ont pris l’ascendant. N’attaquant que la nuit, le seul moyen de leur échapper est de se recouvrir la peau de terre. Vu son très faible budget, Renné França a pris la direction d’un film minimaliste misant avant tout sur le côté contemplatif de son odyssée
Survival dans une nature luxuriante, Earth and Light est lent, très lent. Les dialogues sont peu présents, la musique simple mais efficace et pesante. Earth and Light semble cependant ne pas aboutir à grand chose et donne parfois des impressions de vide, ce qui fait que si on ne se fait pas happer par l’ambiance, on risque de se retrouver sur le carreau pendant 1h15. Comme dit plus haut, le film possède cependant des qualités, notamment au niveau formel. Renné França offre en effet des plans à la photographie des plus léchées qui font honneur à la beauté des paysages qu’ils filment. Malgré ses faibles moyens, il arrive également à offrir grâce à une mise en scène astucieuse des séquences intéressantes avec les créatures de la nuit. La démarche du film entreprise par França est louable, mais manque réellement de substance pour captiver le spectateur. C’est dommage toutefois le potentiel est présent.
[Compétition internationale] – Double Date
Réalisé par Benjamin Barfoot (Royaume-Uni, 2017)
Jusqu’à maintenant la compétition manquait cruellement de comédie. Heureusement le duo Benjamin Barfoot/Danny Morgan a entendu nos supplications et y a répondu de la manière la plus réussie qu’il soit. Double Date, c’est typiquement le genre de film qui sur le papier ne paye pas de mine, mais qui s’avère être un concentré de fun absolu, délirant de sa première à sa dernière seconde. Il fallait bien les anglais et leur humour si particulier pour nous offrir cela. Double Date est donc une comédie horrifique racontant l’histoire de deux amis, Alex et Jim (joué par Danny Morgan, le scénariste du film) qui se retrouve dans un rendez-vous à quatre avec deux sublimes sœurs qui semblent avoir des vues particulières sur Jim dont la virginité leur servirai pour un rituel de magie noire.
À partir de ce postulat des plus cocasses, Benjamin Barfoot va nous embarquer dans un délire potache. Débutant comme des milliers de comédies américaines avec Alex prêt à tout pour faire perdre son pucelage à son ami Jim, Double Date profite d’un ton des plus décontractés qui s’amuse des clichés. Faisant rire à travers des séquences assez malaisantes (comme cette fête d’anniversaire empli d’embarras), des punchlines mémorables, ou encore des leçons de dragues « made in » Alex (comme mettre sa capote avant de partir au rendez-vous), Double Date ne souffre d’aucun temps mort et fait mouche constamment. Il faut dire que le casting est excellent. Jim et Alex fonctionnant à merveille ensemble, mais il ne faut pas oublier les deux jeunes femmes entre la fragile Lulu et la psychotique Kitty incarnée par une Kelly Wenham sexy en diable. Double Date embrasse clairement sa dimension de comédie horrifique dans une dernière partie complètement survoltée à base de baston ultra violente et daddy zombie tueur. Un film qui risque fort de repartir avec le prix du public.
Les derniers titres de la compétition vont se dévoiler lors de l’avant-dernier jour de cette dixième édition. On y retrouvera notamment Dave made a maze, le film fait de carton, et Kaleidoscope, un film de serial killer avec Toby Jones en tête d’affiche.