Cannes 2015: The Lobster, Mia Madre, Remise Du Prix France Culture

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Chronique Cannes 2015: The Lobster, Mia Madre…

Ce samedi 16 mai marque la 4e journée du festival de Cannes, mais les premiers pas de Cineseries sur la Croisette. Au programme des rencontres, la course aux invitations et deux films en compétition, tout ça en plus du soleil et de la joie d’une toute première fois. C’est en effet une découverte pour Cineseries que Cannes en vrai ! Récit de cette première journée en deux films et une remise de prix.

Ce matin à 11h, France Culture remettait son premier prix Cinéma des étudiants à Jean-Charles Hue pour « Mange tes morts« . On vous en parlait il y a moins d’un mois, le film a été choisi par des étudiants parmi cinq films. Le réalisateur était présent ce matin pour recevoir sa récompense et échanger avec les étudiants. CineSeries l’avait particulièrement remarqué pour sa forme sans concession, au cœur d’une communauté peu représentée au cinéma et pour son côté récit d’émancipation où un jeune garçon vivait sa dernière nuit avant son baptême chrétien. Plutôt décalé. On comptait aussi Aderamanne Sissako parmi les personnalités présentes. Le réalisateur a été récompensé d’un prix de Consécration. Son dernier film, Timbuktu avait tout autant marqué CineSeries que les Césars qui l’avaient fortement récompensé en février dernier.

« The Lobster » : les aventures de Colin Farrell en homard

Après les mondanités, CineSeries a eu l’occasion de voir « The Lobster » de Yorgos Lanthimos grâce aux « Séances du lendemain ». Une très belle surprise que ce film de science-fiction sélectionné en compétition officielle et dont les échos sont très bons depuis sa diffusion hier soir. Le film prend le temps de construire un univers parallèle où tout semble commun, mais où, en réalité, des hommes et des femmes sont changés en animaux s’ils ne trouvent pas l’amour au terme d’un étrange séjour à l’hôtel.

Au coeur d’une mise en scène léchée, le réalisateur pose des questions essentielles sur nos choix, nos rencontres et l’animalité qui réside en l’homme. C’est ici par un tout simple point commun, parfois incongru, que les couples se forment. Basculant peu à peu dans une forme d’angoisse, toujours savamment dosée, le film se démarque tout autant par son rythme et sa musique que par ses acteurs. On est plongé dans cet univers où Colin Farrell surprend, loin de ses rôles habituels. A ses côtés, la plupart des « seconds rôles » et parfois grands noms du cinéma (Rachel Weisz, Ariane Labed, Léa Seydoux, Michael Smiley) sont également remarquables. Un vrai plaisir de cinéma virtuose et intelligent à la fois !

Changement total de décor et de registre avec la seconde séance de la journée, le dernier film de Nanni Moretti, « Mia Madre« , écrit suite au drame personnel du réalisateur: la perte de sa mère. Comme à son habitude, Moretti mêle l’intime et le cinéma avec un John Turturro très en forme et dont le rôle, très drôle, offre une véritable respiration au film. C’est ça l’art du réalisateur italien, sélectionné en compétition officielle, parler de nos drames intimes avec rigueur et humour au sein d’une mise en scène, tantôt classique, tantôt inventive poussant jusqu’à la mise en abîme avec un plateau de « cinéma social » filmé en même temps que la vie des personnages. A ce jeu là, Margherita Buy, femme en pleine crise de nerf, mais aussi en plein bilan s’en sort à merveille. Le film finit même par toucher en plein coeur, tout en laissant l’espace à ses personnages de penser au lendemain malgré la perte qu’ils viennent de subir. L’analyse psychologique de Moretti est toujours aussi fine. Un vrai régal de mieux en mieux rythmé au fil des séquences. Le réalisateur revient au style « journal intime » de ses débuts, se démarquant un peu de ses derniers films, notamment « Habemus Papam » . Ici, il mêle de nouveau le réel et la fiction avec beaucoup de dérision et d’émotion.

Reporter LeMagduCiné