La saison 3 de The Handmaid’s Tale arrive à point nommé aux Etats Unis, dans un climat de tension pour les droits des femmes. Cette série dystopique, où les femmes sont privées de leur liberté, se rapproche dangereusement de la réalité dans laquelle nous vivons, ou du moins, vers laquelle nous tendons inéluctablement. Alors que la saison 2 se donnait un ton beaucoup plus froid et alerte, cette nouvelle saison redouble en portée politique. Attentions, risque de divulgacher.
Comment s’était finie la saison 2 ?
Précédemment dans The Handmaid’s Tale, June/DeJoseph (Elisabeth Moss) avait enfin accouché dans des circonstances des plus affreuses, d’une fille, Nicole. Malgré son accomplissement de servante, sa situation chez les Waterford ne s’était pas pour autant améliorée. Après l’attentat contre le commandant (Joseph Fiennes), Serena (Yvonne Strahovski) avait subtilisé momentanément la place de celui-ci, et jouissait alors d’un certain pouvoir, en complicité avec June. Cependant, au retour du commandant, Serena avait payé le prix de son affront par la perte d’un doigt. Emily, après un séjour dans les camps de travail et une excision, s’était retrouvée affectée chez le très étrange commandant Lawrence.
Une saison décevante
Le dernier épisode rattrapait le rythme plutôt lent d’une deuxième saison mitigée, dans un enchaînement de retournements de situations. Serena acceptait de confier sa fille Nicole à June pour qu’elle puisse vivre une meilleure vie hors de la société patriarcale de Gilead. Le Commandant Lawrence, avec la complicité des Martha, protège et aide June et Emily à s’exiler au Canada. Mais au dernier moment, June confie le bébé à Emily, sans la suivre. Elle prend alors la décision la plus inattendue, de ne pas sauver sa peau, mais retrouver sa première fille Hannah.
Face à ce sacrifice inattendu, on comprend la frustration des spectateurs qui reprochaient aux scénaristes d’avoir changé la psychologie du personnage de June. Certains allaient même jusqu’à remettre en question la portée « féministe » de la série, quand les personnages féminins lesbiens ont gravement été mis à mal (l’excision d’Emily, la quasi-invisibilité de Moira). Et même si le personnage de Serena est enfin sorti de l’ombre de son mari, en sa qualité de dominante, elle traite toujours June comme son esclave. Sa position reste alors ambiguë, passant de bourreau de June à victime de son mari. L’évolution scénaristique des personnages de The Handmaid’s Tale a été sujet à débat, par le fait que cette seconde saison se détachait aussi du roman de Margaret Atwood.
« Burn, Motherfucker, Burn »
C’est donc dans un mélange d’excitation et d’appréhension que cette saison était fortement attendue par les fans. Et avec joie, les trois premiers épisodes de The Handmaid’s Tale ont été disponible ce jeudi 06 Juin sur Hulu (et OCS en France). On retrouve enfin June, plus téméraire que jamais, tant le danger semble lui glisser sur les épaules. De plus en plus rebelle, elle n’hésite pas encore à risquer sa vie pour retrouver un court instant sa fille Hannah chez sa famille de remplacement. Un moment de torture émotionnelle pour June, avant de retourner, de force, chez les Waterford.
Entre cris et larmes, Serena reproche à June la décision d’avoir abandonné « leur » fille aux bras d’Emily. Le commandant au milieu de leur affrontement fait pâle figure, tant il est royalement ignoré. Encore une fois, l’ambiguïté de la relation entre June et Serena oscille entre respect et rejet. C’est alors dans un acte désespéré, mais esthétiquement incroyable, que Serena brûle le lit conjugal. Une manière de raser son passé, réduire en cendre la demeure qui a accueilli les viols à répétition et la mascarade d’une famille brisée. Comme punition, DeFred se retrouve dans une nouvelle maison…
Le début de la révolte contre le patriarcat
On s’imagine alors le pire. Après les Waterford, June risque de se retrouver de nouveau à jouer le rôle de pouliche pour un nouveau commandant. Or c’est avec une certaine surprise que June devient DeJoseph, la nouvelle servante du commandant Lawrence. Pourtant, il serait naïf de faire entièrement confiance à cet étrange homme, au rôle anticonstitutionnel.
Il reste un homme froid à l’égard des Martha et des servantes. Parfois menaçant, et jouant de son pouvoir pour humilier June. Mais à d’autres moments, il devient complice des agissements rebelles des Martha en couvrant des tentatives d’évasion.
Pourtant June n’a pas froid aux yeux. En quelques épisodes, on est témoin de sa détermination à rejoindre la cause rebelle. Mais elle comprend aussi qu’elle devra s’entourer des bonnes personnes, celles qui ont du pouvoir. Car cette révolte, qui gronde, invisible, restera aussi stérile que les femmes de Gilead, si elle n’est pas menée par un groupe fort et organisé.
Notre June parviendra-t-elle à mener son combat révolutionnaire ? Le commandant Lawrence deviendra-t-il un allié ou un ennemi ? Serena reviendra-t-elle en position de pouvoir ? Et qu’adviendra-t-il d’Emily, Luke et Moira, de l’autre côté de la frontière ? Les réponses, on l’espère, dans les prochains épisodes….