Deuxième série dérivée, Stargate Universe s’avère pourtant très différente de ses ainées. Un ton plus sombre et nettement moins d’humour, un design réaliste, une image magnifique, une continuité bien plus marquée, une série qui se concentre sur tout un équipage et non plus une équipe, moins d’exploration et plus de développement des personnages.
Synopsis : Dans la Voie Lactée, une base du SGC, ayant pour vocation à étudier le mystérieux 9ème chevron de la porte des étoiles, est attaquée par surprise. Le dernier chevron est finalement activé en catastrophe et les gens réunis autour du projet, militaires, civil et scientifiques, débarquent sur un très ancien vaisseau qui vogue à des milliards d’années-lumière, à destination des frontières de l’univers même. Totalement non préparés, sans équipement et pas du tout qualifiés pour une telle mission, ils vont pourtant devoir survivre en trouvant les ressources nécessaires sur d’autres planète, et surtout coopérer ensemble, ce qui ne sera guère évident pour une communauté constituée par la force des événements. Mais malgré les difficultés et le danger, tous prennent conscience qu’ils vivent une aventure unique.
Ce n’est pas la destination qui compte mais le voyage
Une volonté d’innover
Une volonté marquée de se distinguer de SG1 et Atlantis. Une prise de risque dont on peut féliciter les créateurs, mais que malheureusement plusieurs fans n’ont visiblement pas appréciée, rebutés principalement par le manque d’humour et d’exploration. Ce qui est fort dommage car SGU excelle sur plusieurs points.
Luttes pour la survie, justice, espoir constituent des thèmes très intéressants et inédits pour la franchise. Outre le ton sombre, on assiste clairement à un effort de réalisation, tant au niveau de la musique (de vraies compositions sont utilisées, comme « Breath » de Alexi Murdoch, en plus de morceaux originaux signés par un Joël Goldsmith toujours en grande forme), que des images somptueuses de l’espace. Il y a quelque chose de majestueux à voir l’équipage accolé à la baie du vaisseau, admirer une nébuleuse ou contempler la couronne d’une étoile.
Des personnages complexes qui évoluent
Du fait des conditions particulières à sa formation, des problèmes de confiance et des conflits de pouvoir notamment ne tardent pas à apparaître. Difficile aussi pour une autorité de se faire respecter et d’être considérée comme légitime, lorsque les civils peinent à accepter une autorité militaire parfois instable et craignent pour leur sécurité, des dangers extérieurs comme des soldats eux-mêmes.
Moins lisses que ceux des précédentes séries (surtout Atlantis), les personnages apparaissent plus complexes, et dévoilent une évolution certaine.
Parmi eux on retrouve le colonel Young, qui en acceptant le commandement d’une base mineure n’avait pas signé pour de telles responsabilités écrasantes. Il est intègre mais cède un peu trop souvent à ses émotions. Son aptitude à diriger sera d’ailleurs souvent remise en cause. Principalement par le Dr Rush (Robert Carlyle, également maléfique et tourmenté Rumplestiskin dans Once upon a time), scientifique de génie, froid et rationnel, du genre à ne pas hésiter à sacrifier des personnes pour l’intérêt de tous. Une absence de compassion auquel vient s’ajouter une obsession dangereuse pour le mystère qui entoure le vaisseau, ce qui suscite la méfiance de Young. Mais son intelligence fait de lui un atout indispensable. Rush, par son rôle très ambigu, est sans contexte le personnage le plus intéressant de la série, et même de la franchise.
Les autres ne sont pas en reste mais ils sont trop nombreux pour être tous cités. Si parmi les jeunes personnages se créé un triangle amoureux, ce dernier reste très discret et traité avec pertinence sans qu’il ne prenne une place trop importante dans l’intrigue.
Durant la saison 2, l’évolution des personnages est notable, notamment dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux. Ceux qui s’affrontaient naguère commencent à agir ensemble comme des partenaires, même si la confiance reste encore fragile. Young affronte ses doutes, Eli, le jeune génie qui passait son temps à jouer à des jeux vidéo, accepte d’utiliser son talent, et Chloé la fille de sénateur, trouve finalement sa place.
Dans l’ensemble, en dépit des épreuves endurées et des conditions encore rudimentaires, chacun accepte la situation. Comme le dit un des scientifiques parlant au nom de tous, « je n’aimerais être à aucun autre endroit ». C’est que l’équipage vit en même temps une incroyable aventure, découvrant de nouveaux mondes, de nouvelles galaxies, contemplant de près de magnifiques étoiles.
Le vaisseau constitue également un personnage à part entière, et prend des décisions par lui-même pour le bien de l’équipage.
De nouvelles découvertes sur le fonctionnement du vaisseau, des rencontres avec des races aliens hostiles comme bienveillantes, prolongent l’intérêt de la saison 2. Une saison réussie donc, qui trouve même le temps de développer les personnages secondaires, bien que la multiplicité des intrigues nuise parfois au rythme.
Lien avec la Terre
L’équipage a la possibilité de contacter la Terre via les pierres de communication, pour s’entretenir avec les responsables ou bien parler à leurs proches. Mais malgré l’immense réconfort que cela peut leur apporter, cette technologie a ses limites : tout le monde n’a pas le niveau d’autorisation requis pour connaître la vérité, l’aide qu’ils peuvent offrir à leurs proches est limitée puisque n’étant pas physiquement présents, ils sont condamnés à les voir évoluer sans eux. Entre autre les couples finissent fatalement par se séparer. Une possibilité qui a parfois l’effet pervers de rendre l’éloignement encore plus pénible à supporter.
L’idée est intéressante, elle permet davantage d’intrigues via le lien avec la Voie Lactée, ainsi que de conserver une capacité d’identification propre à la franchise via ce lien avec notre monde. Mais elle a l’inconvénient de casser quelque peu avec l’isolement, en diminuant l’intensité de l’histoire par des scènes sentimentales un peu trop nombreuses. Défaut néanmoins surtout présent au début de la série, par la suite cette astuce scénaristique sert d’avantage l’histoire, comme le conflit avec l’Alliance Luxienne. A ce titre, les épisodes de fin de la première saison suscitent une intensité rarement égalée.
Reproches injustifiés
En plus de son changement de cap, Stargate Universe a subi d’autres critiques, notamment des trop fortes ressemblances avec Battlestar Galactica et Star Trek Voyager. A croire que certains aiment bien parler de copie dés que les séries partagent quelques caractéristiques communes sans chercher à voir plus loin… Concernant Battlestar Galactica, série culte de SF (et forcément référence facile), si les deux séries partagent effectivement la même ambiance sombre et une idée assez similaire (humains à la dérive dans un espace inconnu), SGU s’en diffère pourtant par de nombreux points : utilisation d’éléments classiques de la SF (aliens, voyage temporel, technologie avancée…) que Battlestar Galactica avait refusé d’utiliser pour innover le genre, ainsi que des personnages de notre monde. Stargate Universe a emprunté l’ambiance sombre et réaliste de Battlestar Galactica pour y ajouter ses propres éléments et les mélanger à sa sauce, c’est indubitablement une série différente. Elle reste fidèle au concept de la franchise : permettre le voyage dans les étoiles à notre époque, via des technologies avancées.
Changement de ton, ressemblances injustifiées, malgré ses qualités Stargate Universe a souffert de plusieurs handicaps dans son idée de départ. Ces reproches sont difficiles à comprendre d’autant que Stargate Universe réussit sur plusieurs points où Atlantis n’avait su réussir, amplifiant les défauts de SG1 sans bénéficier des mêmes qualités (mais ça c’est une autre critique): histoire centrée sur toute une communauté et non une équipe, un bâtiment Ancien qui se découvre petit à petit, (les interfaces avec notre propre technologie ne se font pas en un clin d’œil), mondes exotiques qui habitent d’autres écosystèmes que ces bonnes vieilles forêts de Vancouver…
Il est regrettable que tant de personnes privilégient le pur divertissement à une œuvre de qualité. Si Stargate Universe n’est pas irréprochable loin s’en faut, dire qu’elle n’aurait jamais dû exister comme il est possible de le lire sur internet paraît exagéré.
Une triste annulation
Pourtant avec le temps elle avait fini par être davantage appréciée, mais c’était sans compter sur la politique controversée de SyFy, qui en changeant le jour de diffusion de la série a provoqué une nette baisse des audiences sur la saison 2 (idem pour Caprica, autre série excellente victime de cette chaîne de plus en plus critiquée). Malgré toutes les protestations, le couperet est tombé, et c’est avec une grande tristesse que les fans de cette série incomprise ont dû se résoudre à voir une série très prometteuse se terminer prématurément, en plein sur sa lancée. D’autant que les scénaristes avaient un plan prévu sur 5 ans, avec la levée du mystère sur une intelligence présente dés le début de l’univers rien que ça ! Comment aurait encore évolué ces personnages qui avaient déjà bien changé depuis le début ? Nous ne le saurons jamais. Agréable consolation malgré tout : le dernier épisode s’achève sur une fin ouverte, ou l’équipage se cryogénise pour arriver dans une autre galaxie. Discours sur les épreuves endurées et les liens forts qui en ont résulté, l’équipage devenu une vraie famille, lumières qui s’éteignent, dernier regard sur les lueurs bleutés de la navigation en hyper-espace, un adieu émouvant en somme.
Stargate Universe: Fiche technique
Réalisateurs : Peter De Luise, Andy Mikita
Scénaristes : Carl Binder, Joseph Mallozzi, Paul Mullie, Robert C.Cooper, Brad Wright
Casting : David Blue : Eli Wallace ; Robert Carlyle : Dr Nicholas Rush ; Louis Ferreira : Col Everett Young ; Alaina Huffman : Sgt Tamara Johansen ; Elyse Levesque : Chloe Armstrong ; Ming-Na : Camille Wray ; Jamil Walker Smith : Sgt Ronald Greer ; Brian J. Smith (II) : Ltn Matthew Scott
Musique : Joel Goldsmith
Producteurs : Robert C. Cooper, Brad Wright
Société de production : MGM
Genre : Science-fiction
Chaîne de diffusion : Syfy
Nationalité : américaine, canadienne
Nombre d’épisodes : 40, 2 saisons
Durée : 42 minutes