Analyse et critique de la série Stargate SG1

Stargate SG1 a réussi à rendre la science-fiction spatiale populaire, là ou la seule série connue était Star trek, qui souffre d’une mauvaise réputation de kitch en France. Pendant un temps elle suscita un fort enthousiasme auprès de nombreux fans. Un enthousiasme qui perdure encore aujourd’hui.

Synopsis :Après l’activation d’un appareil extraterrestre permettant d’ouvrir des passages vers d’autres mondes, la Terre découvre la menace d’une espèce alien hostile. Le programme SGC est alors mis sur pied pour trouver de nouvelles technologies et nouer des alliances qui permettront à la Terre de se défendre. L’équipe SG1 est la plus importante, à l’origine des aventures les plus étonnantes et des découvertes cruciales. Au-delà de ses applications militaires, le programme vise également une meilleure compréhension de l’univers et des échanges avec d’autres cultures. Des alliances sont créées, mais de nouvelles menaces apparaissent. 

Cross the gate 

En rendant possible la découverte d’autres planètes et d’autres races de nos jours grâce à un appareil alien, SG1 devient crédible et permet de s’identifier aux personnages, qui sont de notre époque, de notre civilisation et non d’un autre monde. Au final, une aventure humaine et scientifique d’autant plus prenante.

Cette série à l’exceptionnelle longévité est d’abord diffusée sur Showtime pendant 5 saisons, avant d’être annulé et récupéré par Sci-Fi. Les créateurs envisagent l’annulation mais à chaque fin de saison, cette dernière est repoussée – conduisant à  modifier les plans pour la série dérivée et même à remodeler profondément la mythologie – jusqu’à la saison 10, où l’histoire se conclura par deux téléfilms.

Stargate SG1 : Un univers riche

Au fil des saisons, SG1 développe tout un univers, avec  ses races, ses planètes, ses technologies, et va bien au-delà du schéma « un épisode=un monde ». Si les épisodes ne s’inscrivent généralement pas dans la continuité, de fréquentes références sont faites aux épisodes passés, souvent même de plusieurs saisons avant, rendant une connaissance de base indispensable pour tout comprendre et profiter de l’histoire (à l’inverse de la première série Star trek). Ce format donne une cohérence très appréciable à la série, là où d’autres se perdent dans leur mythologie.

Egalement, SG1 se base toujours sur de vrais notions ou théories scientifiques, ce qui permet une véritable crédibilité, et un avantage sur beaucoup d’autres séries de science-fiction, même si en contrepartie ces dernières sont plus fun ou décalées, à l’image de Doctor who ou Farscape. Pour un peu, on serait tenté d’imaginer que tout ceci est bien réel, caché par le gouvernement !

ascension-stargate-sg1-Michael-Shanks-as-Dr-Daniel-JacksonLa série explore tous les thèmes chers à la science-fiction, entre voyage dans le temps, réalités parallèles, dimensions cachées, transfert d’esprit, manipulation de mémoire, humains améliorés, intelligences artificielles, ou encore stades de conscience supérieur. Mais elle développe aussi plusieurs thèmes de réflexion : communication compliquée entre différentes formes de vie ou différentes races, difficultés de maintenir la paix, problème de l’ingérence envers d’autres peuples, danger de la technologie mal utilisé et avec de mauvaises intentions, réaction face à un peuple inconnu, entre hostilité et diplomatie, et enfin à quel point et jusqu’où peut-on abandonner ces principes pour protéger les siens. En effet de nombreuses fois SG1 l’équipe se retrouve dans des situations délicates où elle est face à de difficiles dilemmes moraux. Enfin elle rencontre souvent des cultures où se produisent des événements similaires à ceux qui se sont déroulés dans notre histoire, du racisme à la guerre froide, ce qui permet une certaine critique de notre société.

Cet univers varié est à l’origine de la diversité des épisodes qui parviennent à susciter l’intérêt du spectateur même après plusieurs saisons, entre les missions sur d’autres planètes avec un problème imprévu, un artefact sans contrôle qui menace la base, des problèmes politiques internes, sans compter les combats contre les Goa’ulds, entre affrontements occasionnels ou missions capitales pour éliminer un dangereux seigneur. Espèce primitive ou évoluée, humaine ou alien, hostile ou pacifique, les variétés de rencontres possibles sont à même de concevoir toute une gamme d’histoires. Une diversité qui se retrouve dans le ton des épisodes, tantôt orientées action, aventure, thriller ou complètement décalés.

Brat-ac-as-Tony-Amendola-et-Teal-c-Christopher-JudgeAu fil des missions et des rencontres, la série s’est construite une galerie de personnages dont certains effectuent des apparitions remarquées, tel Bra’tac, Selmac, Thor, Martouf, ou encore Maybourne, militaire corrompu antipathique devenu un allié inattendu… à sa façon. Autant de personnages qui participent à l’enrichissement de l’univers.

Citons en plus de ces qualités une réalisation maitrisée, des effets spéciaux plutôt réussis pour l’époque, des épisodes qui parviennent à générer du suspens grâce à leurs lots de péripéties et de rebondissements, et une musique marquante signée Joel Goldsmith.

Des héros attachants

L’équipe est composée de personnes aux compétences et tempéraments au début bien déterminés, mais bien nuancés avec le temps. Chacun aura son évolution et son lot de souffrances. Sans atteindre bien sur la complexité de Battlestar Galactica, les héros restant très compétents et parvenant toujours à se sortir des situations, mais sans que ce soit trop gros pour autant (contrairement à Atlantis…).

Ainsi, Jack O’Neill, dépressif et militaire stricte, finit par devenir plus positif et lâcher prise face à des événements incontrôlables, d’où une profonde dérision souvent proche de l’impertinence. S’il peut devenir sans pitié face à un ennemi, il montre une touchante sensibilité envers les enfants, suite à la tragédie qu’il a vécue. Daniel, idéologiste naïf, devient plus réaliste, moins obsédé par l’enlèvement de sa femme qui au départ est la raison qui l’a poussé à rejoindre le programme, pour se concentrer sur la recherche des mystérieux Anciens. Un cheminement spirituel qui l’amènera pour un temps à accéder à une conscience supérieure. Sa sagesse et ses convictions humanistes ont permis à plusieurs reprises de désamorcer des situations tendues.

Lui et O’Neill sont antagonistes : face à un ennemi, Jack choisit la défense tandis que Daniel prône la diplomatie. Ils sont donc en fréquent désaccord, mais au fil du temps, ils apprennent à mieux s’apprécier et une vraie amitié naît entre eux, allant jusqu’à s’influencer mutuellement. Une amitié née dans la douleur puisque les deux ont vu des êtres chers se faire enlevés par les Goa’ulds.

Et c’est aussi dans la douleur que Teal’c rejoint l’équipe, juste après avoir trahit les siens. Ce guerrier venant d’un autre monde est différent, parle peu, et vit avec la souffrance d’être un traître pour les siens, luttant contre un ennemi sans vrai espoir de vaincre. Mais au fil des victoires et des combats, du temps passé sur Terre, de la propagation du mouvement de liberté qu’il a initié et dont il est devenu une icône, le grand guerrier baraqué et peu bavard finit par s’ouvrir, jusqu’à devenir un vrai orateur. Depuis qu’il lui a proposé de rejoindre l’équipe, Teal’c considère O’Neill comme un frère et ressent une profonde affection pour lui.

Enfin, Carter, à la fois femme, scientifique et militaire, brillante, forte et belle, capable à la fois de pleurer que de se transformer en guerrière. Au début agressive pour se faire une place en tant qu’une femme dans un milieu d’hommes, elle gagne ensuite en confiance et devient plus sympathique.

Même si on peut leur reprocher d’être un peu lisse, les quatre acteurs savent passer par toute une palette de sentiments. Ils deviennent donc attachants et il y a une vraie dynamique d’équipe.

Enfin SG1 ne serait pas ce qu’elle est sans son savant mélange entre action et un humour bien placé, incarné par le colonel O’Neill majoritairement. Nombre de ses répliques sont ainsi mémorables et même devenues cultes !

« -quel est ce langage Carter ? 

-Ce sont des math mon colonel

-ah… ».

« -c’est un jaffa ?

-non mais il en joue un dans une série TV »

Stargate SG1, une histoire qui se renouvelle

Dans les premières saisons, l’histoire traite principalement de la lutte contre l’ennemi, les Goa’uld, d’abord incarné exclusivement par Apophis, puis avec de nombreuses autres fausses divinités empruntant aux divers mythologies. Citons le sage et mesuré Yu (« Youpi ! »), le mystérieux Anubis ou encore le machiavélique Baal (« ça n’a pas du être facile à l’école »).

L’équipe SG1 a pour mission de trouver de nouveaux alliés et de nouvelles technologies. Aussi, après quelques saisons, la Terre a développé de vraies relations avec d’autres peuples, et commence à se doter d’une certaine connaissance. Tandis que certains Seigneurs Goa’ulds s’approprient les armées vaincues, des créatures plus redoutables font peser une menace dans la galaxie. A partir de la saison 5 s’amorce un tournant (au moment de sa récupération par Sci-Fi). En effet après plusieurs victoires menées conjointement avec les alliés, la lutte contre les Goa’uld se fait en parallèle de recherches sur les Anciens, créateurs de la porte des étoiles, et dont les technologies avancées suscitent beaucoup d’intérêt. Les nouvelles technologies de la Terre, notamment en vaisseaux spatiaux, lui permettent de se défendre sans l’aide d’alliés, alliés qui montrent des failles et dont les relations se compliquent.

Dans le même temps, le programme SGC se développe et prend une envergure internationale avec tous les problèmes diplomatiques que cela peut entraîner. Des organisations clandestines se créent pour mettre la main sur des technologies aliens sans s’embarrasser de problèmes éthiques, pour se défendre plus efficacement ou pour des raisons financières moins justifiables.

Les saisons 9 et 10 voient des changements majeurs, comme le renouvellement de la mythologie avec de nouveaux ennemis, le départ d’O’Neill et l’apparition de nouveaux personnages. La nouvelle menace, les Oris, êtres de pures énergies malveillants, tentent par tous les moyens de convertir les peuples de la Voie Lactée. Lorsqu’il avait demandé à travailler avec les célèbres membres de la mythique équipe, le colonel Mitchel ne s’attendait pas à devoir gérer une menace aussi grave. Tandis que vient les rejoindre Vala Mal Doran, voleuse alien manipulatrice experte et irrévérencieuse, qui va se retrouver malgré elle mêlée au conflit.

De fait de tels bouleversements mécontent certains fans qui parlent de décadence de la série. D’autres au contraire félicitent cette prise de risque et ce renouvellement, qui dote la série d’un ton plus mature.

Ces dernières saisons présentent effectivement un monde post-Goa’uld intéressant : nouvelle dynamique d’équipe, série plus mature avec des réflexions sur la religion et la liberté, ennemi de nouveau bien plus puissant que la Terre comme aux débuts de la série, et d’avantage d’exploration. Mais une mauvaise transition effectuée avec le départ d’O’Neill mal expliqué, une puissance de l’ennemie plus vraiment réaliste, et certaines races quasiment absentes confortent l’opinion des détracteurs.

Au sujet du départ d’O’Neill qui fut quelque peu controversé, beaucoup pensent qu’il était le personnage principal et que sans lui SG1 n’est plus SG1. Une impression qui provient majoritairement du fait qu’il incarne l’humour, mais à bien y regarder il reste le membre le moins développé, celui qui évolue le moins, même si ces interactions avec les autres membres de l’équipe sont les plus intéressantes. On pourrait considérer que le vrai élément central de la série, c’est l’univers, et par conséquent son départ ne doit pas signifier que la série n’a plus rien à raconter.

« Ark of Truth », le premier téléfilm, conclut de manière correcte l’arc des Oris, bien que non dénué de défauts. « Continuum » se montre nettement plus captivant par sa réalisation plus aboutie et ses bonnes idées, s’adressant aux fans de toute heure.

Beyond the gate

Mais saisons de trop ou non, il faut bien reconnaître quelques défauts propres à l’ensemble de la série, tel un manque d’imagination sur les peuples rencontrés qui nous ressemblent trop, quelques facilités (tout le monde parle anglais), et des Goa’uld parfois vaincus trop facilement et à la technologie parfois étonnamment primitive. Trop souvent les terriens s’avèrent être meilleurs que les peuples rencontrés, et ce sont trop souvent eux qui offrent leur savoir plutôt que l’inverse, comme s’ils n’avaient rien à nous apprendre. Plusieurs races ne sont rencontrées qu’une fois et plus jamais revues ensuite (Star Trek avait le même défaut). Certaines intrigues se terminent malgré un potentiel intéressant. Si le côté « des américains les plus forts qui protègent le monde » est assez peu prononcé, et parfois même nuancé, certains choix auraient pu être évités, tel les Russes en rival malgré la fin de la guerre froide, ou la faible présence des autres nations.

Paradoxalement, ce qui a fait son succès populaire la rend aussi critiquable chez certains adeptes de SF, qui lui reprochent son côté grand public. Pourtant, sur plusieurs points Stargate SG1 se démarque des autres séries SF références et il serait juste d’affirmer qu’elle mérite parfaitement sa place, par sa cohérence, la richesse de l’univers, et le parti pris réussi de se baser sur des concepts scientifiques. De bonnes histoires, des personnages attachants et un univers varié, voilà ce qui explique pourquoi pendant un temps la série fut l’objet d’un enthousiasme irrationnel de personnes qui ne juraient que par elle.

Alors que les fans continuent de ravaler leur déception après l’abandon de la franchise par la MGM (l’annulation des deux téléfilms prévus et de Stargate Universe), voilà que le studio donne son feu vert à une nouvelle trilogie par Roland Emmerich, qui reprendrait la version du film original mais en ne prenant pas du tout compte des séries… Un projet qui ne séduit pas vraiment.

Stargate SG1 – Bande-annonce

Fiche technique : Stargate SG1

Création : Jonathan Glassner, Brad Wright

Genre : science-fiction

Pays d’origine : Canada, États-Unis

Production : Jonathan Glassner (saison 1-3) ; Brad Wright ; Robert C. Cooper (saison 5-10) ; Joseph Mallozzi (saison 8-10) ; Richard Dean Anderson (saison 1-8) ; Michael Greenburg (saison 1-8)

Casting : Michael Shanks – Dr. Daniel Jackson ; Richard Dean Anderson – Jack O’Neill ; Amanda Tapping – Lt. Colonel Samantha Carter ; Christopher Judge – Teal’c ; Don S. Davis – Lt. General George Hammond ; Teryl Rothery – Dr. Janet Fraiser ; Carmen Argenziano – Selmak / Jacob Carter ; Tony Amendola – Bra’tac ; Claudia Black – Vala Mal Doran ; Beau Bridges – Major General Hank Landry ; Ben Browder – Lt. Colonel Cameron Mitchell
Musique : Joel Goldsmith

Rédacteur CineSeriesMag