Retro Burton, Sleepy Hollow, La Légende du Cavalier Sans Tête

sleepy-hollow-film-1999-tim-burton-critique-cinema

Sleepy Hollow est un conte noir et sanglant, librement inspiré de la nouvelle de l’écrivain américain Washington Irving sortie en 1820 et intitulée The Legend of Sleepy Hollow.

Synopsis : En 1799, dans une bourgade de La Nouvelle-Angleterre, plusieurs cadavres sont successivement retrouvés décapités. Les têtes ont disparu. Terrifiés, les habitants sont persuadés que ces meurtres sont commis par un étrange et furieux cavalier, dont la rumeur prétend qu’il est lui-même sans tête. Les autorités new-yorkaises envoient alors leur plus fin limier pour éclaircir ce mystère. Ichabod Crane (Johnny Depp) ne croit ni aux légendes, ni aux vengeances post-mortem. Mais, à  peine arrivé, il succombe au charme étrange et vénéneux de la belle Katrina Van Tassel (Christina Ricci).

 Gros succès commercial auprès des spectateurs, le film obtiendra de multiples récompenses pour ses effets spéciaux particulièrement réussis et sa direction artistique. Pour Burton, c’est la suite d’une carrière fructueuse et l’occasion de mettre en scène un univers horrifique qui perçait ponctuellement dans ses précédentes œuvres : après la comédie fantastique Mars Attack!, Burton se lance enfin dans une intrigue sombre et sanglante, prélude à l’orgie cannibale de Sweeney Todd.

Un univers visuel unique

Sleepy Hollow est structuré sur une opposition initiale entre croyance et rationalité : Ichabod Crane, jeune détective promoteur des nouvelles techniques de criminologie à la toute fin du 18e siècle, se bat contre l’obscurantisme et la barbarie archaïques du système judiciaire de l’époque. Envoyé dans la petite bourgade de Sleepy Hollow par l’effrayant bourgmestre de New York (Christopher Lee), Ichabod va être confronté à des phénomènes surnaturels qu’il tentera par tous les moyens de justifier par des techniques scientifiques farfelues, non sans raison : si le cavalier sans tête est bel et bien une créature magique, les meurtres suivent un dessein vénal qui ne peut être que d’origine humaine.

Afin de mettre en scène cet affrontement du bien et du mal, de la raison et de la magie, Burton s’est entouré d’Emmanuel Lubezki, directeur de la photographie sur Great Expectations (1998) d’Alfunso Cuaron l’année précédente, aujourd’hui oscarisé pour son travail sur Gravity et Birdman. Après avoir abandonné l’idée d’un film en noir et blanc, Burton et Lubezki décident d’opter pour une image quasiment monochrome, qui vient renforcer l’ambiance surnaturelle anxiogène de ce conte horrifique, utilisant également des procédés visuels traditionnels pour souligner l’antagonisme des personnages dont la blancheur morbide contraste violemment avec un environnement obscur.

Un rôle en or pour Johnny Depp

En 1999, Johnny Depp est depuis longtemps devenu l’acteur fétiche du réalisateur, endossant des rôles de héros fragiles et touchants. Dans Edward aux mains d’argent déjà (1990), première collaboration entre les deux artistes, on pouvait admirer les grands yeux innocents et la démarche mal assurée de la créature aux mains-ciseaux, invention inachevée d’un Docteur Frankenstein des temps modernes. Après Ed Wood, où Depp devient le véritable alter-ego fictionnel de Burton, c’est en détective chevronné et sensible que l’on retrouve l’acteur. Alors que Paramount avait demandé à Burton de considérer d’autres acteurs, au premier rang desquels Brad Pitt, Liam Neeson ou encore l’excellent Daniel Day-Lewis, le réalisateur est resté, heureusement, sur son choix initial. Johnny Depp fait là encore un sans faute et signe une interprétation très juste de ce personnage torturé et touchant.

Sleepy Hollow est donc le premier vrai film d’horreur d’un Tim Burton qui a longtemps flirté avec le genre. Le réalisateur ne cache d’ailleurs pas ses références, à Frankenstein surtout, lors d’une scène finale dans un moulin qui fait furieusement penser à celle du film de 1931. Distribué par les studios Paramount et produit par Francis Ford Coppola, Sleepy Hollow devait être un succès et le sera avec plus de 100 millions de dollars de recettes rien qu’aux USA.

Sleepy Hollow-Bande-annonce


Sleepy Hollow, La légende du  Cavalier Sans Tête : Fiche technique

Titre original : Sleepy Hollow
Année : 1999
Durée : 105 minutes
Genre : Fantastique, épouvante-horreur, thriller
Réalisation : Tim Burton
Casting : Johnny Depp, Christina Ricci, Miranda Richardson, Michael Gambon, Christopher Walken, Ray Park, Christopher Lee
Scénario : Kevin Yagher, Tom Stoppard et Andrew Kevin Walker, basé sur la nouvelle de Washington Irving
Musique : Danny Elfman
Société de production et de distribution : Paramount Pictures (USA), Pathé Distribution (France)
Directeur de la photographie : Emmanuel Lubezki