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Ninja Turtles 2, un film de Dave Green : Critique

Pour pleinement appréhender cette suite, il faut se souvenir que le premier opus, sorti fin 2014, produit par Michael Bay et réalisé par l’impardonnable Jonathan Liebesman (celui-là même qui avait bafoué Massacre à la Tronçonneuse en concevant un lamentable prequel), fut perçu par les anciens fans du comics de Peter Laird et Kevin Eastman et du dessin-animé qui en fut tiré dès 1987 comme une véritable trahison.

Synopsis : Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphael continuent à vivre dans l’ombre, cachés de l’Humanité. Lorsqu’ils apprennent que Schreider va s’échapper de prison, ils s’empressent d’intervenir mais ne réussissent pas à empêcher l’évasion de leur ennemi. Celui-ci signe alors un pacte avec le Commandeur Krang, une monstrueuse créature extraterrestre qui va devenir une telle menace pour le monde que les Tortues Ninjas et leurs alliés n’auront d’autre choix que d’agir en plein jour.

On revient de loin !

La seule chose à en tirer fut la conclusion, que nous avait déjà laissé subodorer la trilogie ultra-kitsch datant des années 1990, que les Tortues Ninjas n’avaient définitivement pas vocation à être adaptées en live, que ce soit sous le couvert d’épais masques en caoutchouc ou d’images numériques dernier cri. Rendu toutefois inévitable par le succès commercial du film (1,7 million de spectateurs rien qu’en France !), la commande d’une suite par les studios de la Paramount et Nickelodeon auprès de Mickael Bay a donc soulevé les pires craintes. Et pourtant, en confiant les manettes à Dave Green (réalisateur du sympathique Echo, sorti lui-aussi en 2014), il semble que le producteur ait fait un bon choix. Les plus gros défauts que l’on puisse faire à ce Ninja Turtles 2 sont en effet directement imputables à l’héritage de cette imbuvable origin story, alors que beaucoup des reproches qu’avaient pu faire les fans historiques tenteront d’y être corrigés en assumant pleinement la dimension cartoonesque du projet.

Visuellement d’abord, la surdose de lense flaires qui saturait le premier film est dès à présent oubliée, au profit d’une photographie que nos ophtalmologistes jugeront plus acceptable. Peu d’efforts ont cependant été faits dans le design des personnages, et en particulier de Splinter. Le maître rat reste définitivement l’une des créatures numériques les plus laides du cinéma moderne (depuis peu rattrapé par le mage Gul’dan dans Warcraft). Le seul personnage qui ait, visuellement, gagné depuis le précédent opus est Schreder, et ce grâce à une relative sobriété, mettant de côté cette armure outrancièrement impressionnante qui l’éloignait de son look plus élancé dans le dessin-animé. Sur le plan technique, on remarque dès la scène d’ouverture que le film souffre de surdécoupage, une impression qui se confirmera lors de certaines scènes de combat, absolument illisibles, fautes à une multiplication de  plans serrés là où des cadrages plus larges auraient été plus adroits. Le fait de voir dans l’équipe technique les monteurs de GI Joe y est aussi pour beaucoup. Notons enfin un soin apporté à la 3D, même si la surenchère d’effets numériques risquera de susciter des migraines chez certains des plus jeunes spectateurs.

Avec toujours plus d’action, d’humour et de personnages, la saga produite par Michael Bay prend plus d’ampleur et joue à fond la carte de la nostalgie régressive.

Incontestablement, les plus gros efforts de cette suite pour se réconcilier avec les fans de la première heure ont été d’y intégrer certains de leurs personnages secondaires préférés. Coté gentils, Casey Jones, le justicier hockeyeur, est interprété par Stephen Amell, le héros de la série Arrow, et est relativement fidèle à celui du dessin-animé. Le personnage d’inspectrice en chef alloué à Laura Linney marque une présence féminine autre que celle de Megan Fox, dont le talent reposant uniquement sur sa plastique aguicheuse ne pouvait pas être considéré comme une image glorieuse de la place de la femme dans notre société.  Coté méchants, l’arrivée des balourds Bebop et Rocksteady, du savant fou Baxter Stockman (quoique privé de son physique de mouche géante sous laquelle les fans le connaissent) et surtout du redoutable Krang, sont tant de pièces rapportées que l’on pouvait craindre que leur introduction nuirait à la cohérence du scénario. C’est donc un certain soulagement que de constater que, même s’ils ne sont pas tous pleinement exploités, cette ribambelle de nouveaux visages a au moins le mérite d’être relativement bien amenée.

Au scénario, le principal reproche que l’on puisse faire est celui d’avoir littéralement calqué son dernier tiers sur celui d’Avengers. Mais il serait dommage de limiter ce blockbuster à cette séquence tape-à-l’œil, mieux vaut retenir le travail fait pour assurer un rythme soutenu de bout en bout, impliquant certaines scènes d’action maîtrisées, parmi lesquelles un saut aérien à couper le souffle. Mais ce qui caractérise cette suite est certainement son humour décomplexé et à flux tendu. L’apport comique le plus frappant est celui du traitement du personnage de sidekick incarné par Will Arnett, en retrait dans le premier film mais qui pousse cette fois à fond (en fait trop?) la carte de la vantardise. Un tantinet moins potache que les répliques du précédent opus, le ton comique de ce nouveau film repose à présent sur deux éléments : D’une part, une extrême immaturité de la part des personnages puisqu’en plus d’exacerber celle de nos quatre héros reptiliens ainsi que du duo formé par Bebop et Rocksteady (à présent l’unique source de vulgarité… assez limité toutefois car il ne faut pas oublier que le film vise un public assez jeune!), c’est cette caractéristique qui éloigne le plus Casey et Baxter des personnages tels qu’on les connait dans les dessins-animées. D’autre part, beaucoup de références à la pop-culture (coucou le clin d’œil à Transformers !), avec les limites que cela implique : Par exemple, la scène d’ouverture profite des caméos de nombreuses stars du basket new-yorkais… des apparitions qui ne toucheront pas le public français. On remarquera d’ailleurs que les apports musicaux sont majoritairement tirés des années 80, participant ainsi à l’effet de nostalgie auprès des trentenaires sur lequel la saga tient à capitaliser.

Durant les deux heures qu’il dure, Ninja Turtles 2 joue la surenchère tant visuelle que sonore sans jamais faire dans la finesse, au risque de devenir épuisant. Il n’en reste pas moins un pur divertissement qui répond à la lettre à tous les codes de la grosse artillerie hollywoodienne, autant dire qu’il satisfera pleinement les attentes des consommateurs de blockbusters surchargés en effets spéciaux.

Ninjas Turtles 2 : Bande-annonce (VOSTFR)

En bonus, une petite vidéo dans les coulisses des effets-spéciaux

Ninjas Turtles 2 : Fiche technique

Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles: Out of the Shadows
Réalisation : Dave Green
Scénario : André Nemec, Josh Appelbaum d’après les personnages créés par Peter Laird et Kevin Eastman
Interprétation : Megan Fox (April O’Neil), Stephen Amell (Casey Jones), Brian Tee (Shredder), Tyler Perry (Baxter Stockman)…
Image : Lula Carvalho
Montage: Bob Ducsay, Jim May, Debra Neil-Fisher
Musique: Steve Jablonsky
Direction artistique : Brett McKenzie et Miguel Lopez-Castillo
Producteur : Michael Bay, Andrew Form, Bradley Fuller, Scott Mednick et Galen Walker
Société de production : Nickelodeon Movies et Platinum Dunes
Budget : 135 M $
Distributeur : Paramount
Durée : 112 minutes
Genre: Action, Science-fiction
Date de sortie : 29 juin 2016

Etats-Unis – 2016

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