The Landing, un court métrage de Josh Tanner : Critique

The-Landing-Josh-Tanner-field

Sixième court métrage de ce jeune australien de vingt-six ans, The Landing est le court métrage de la consécration pour Josh Tanner qui fait énormément parler dans les tous festivals où il est déjà passé.

Depuis avril 2013, The Landing est passé dans plus de quarante festivals internationaux et a remporté pas moins de onze récompenses majeures et il continue à être présenté dans des festivals aussi reclus qu’en Pologne ou en Iran. Et il faut reconnaître que The Landing fait preuve d’une ambition, d’une maturité et d’une dramaturgie assez remarquable pour être souligné.

Le réalisateur Josh Tanner déclare avoir imaginé son intrigue après avoir fait un rêve particulier. Il s’amuse du fait que cela peut paraître particulièrement cliché. Il a imaginé sa propre personne en plein milieu d’un champs stérile où il déterrait à mains nus ce qui semblait être un vaisseau spatial. A partir de cette prémisce, il a réfléchi à une intrigue où ce ne serait pas les hommes du gouvernement qui débarquerait pour s’occuper du lieu d’atterrissage du vaisseau, mais de ces gens normaux qui doivent réagir face à ce qui semble relever du surréalisme, voire du surnaturelle. Ces gens, ce sont ceux de l’intrigue, un fermier veuf et son fils à qui il apprend le patriotisme dans un contexte très maccarthyste, donc en pleine Guerre Froide. Le jeune enfant joue avec ses soldats en plastique et son père lui apprend ce que c’est que d’être un homme et le manipule psychologiquement à devenir le soldat de demain afin de combattre ces « salauds » de communiste. On revient à ce qui fait l’essence-même du cinéma fantastique des années 60 : Cette alchimie implicite mais grossière qui donnait lieu à des films propagandistes où les américains affrontaient des monstres (de l’espace ou non) qui symbolisaient l’invasion communiste. Il y a donc un fort propos patriotique dans ce film australien mais contrebalancé par le point de vue de cet enfant, plus naturaliste et pacifique qui ne souhaite que s’amuser sans penser à tous ces conflits entre les Etats-Unis et l’URSS. C’est sur le palier de leur porte que les deux personnages vont découvrir l’atterrissage en catastrophe d’un objet non identifié, l’élément perturbateur du récit.

A partir de ce moment clé du récit, toute la question est de savoir ce qui vient de s’écraser dans le champ. N’écoutant que son courage américain, le fermier se rend sur le lieu de l’accident pour y découvrir la vérité, laissant l’enfant rentrer seul dans la maison. Le fermier tardant à revenir, le fils décide de rejoindre son père. Il y découvrira un vaisseau éblouissant à la forme ronde argenté hypnotisante, une sorte de perfection géométrique dont l’homme ne semble pas capable. L’enfant suit les traces de traînées que l’on peut voir dans le champ. Cela l’amènera à une vieille grange où son père a décidé d’entreposé cet envahisseur qui n’est pas le bienvenu. Josh Tanner joue à ce moment-là sur un montage de plans très succins où il est difficile de définir qui est réellement cet envahisseur captif. L’enfant regarde cette forme avec attention, effroi, crainte jusqu’à que le fermier revienne dans la grange avec un fusil, la ferme intention d’en finir avec cet envahisseur. Il serait fort dommage de révéler ce qu’est réellement cette forme étrange qui se trouve attachée dans cette grange. Tout l’enjeu du film repose sur ce rebondissement implacable, bouleversant et terriblement révélateur des conflits de l’époque. Le film qui avait des allures de science-fiction banal dans lequel on retrouve un peu du Signes de M. Night Shyamalan se transforme subitement en un drame politique et familial émouvant. Un twist que l’on avait absolument pas vu venir.

Josh Tanner confesse avoir été influencé par le travail visuel de Terrence Malick pour mettre en scène ce récit. Prenant place au milieu d’un champ, The Landing nous renvoie logiquement vers le  fameux Les Moissons du Ciel, mais aussi à The Tree of Life pour ces plans fluides et de toute beauté dans cet espace naturel qui fascine tant Terrance Malick. Là où Josh Tanner nous surprend, c’est par le mélange parfaitement réussi et dosé entre le film politique, le drame domestique et la science-fiction propagandiste. Deux conceptions générationnelles s’affrontent au sein de ce film, avec ses idéologies et ses maturités qui forgent les sociétés. L’atterrissage de ce vaisseau va emmener ces deux personnages dans une aventure qui vont les amener à réfléchir au plus profond d’eux-même sur leurs attentes et leurs obsessions. Tout cela ne peut que se conclure sur une prise de décision qui bouleversera à jamais leur vie.

Si le film se perd un peu dans ces échanges incessants entre le passé et le présent, où le fils a grandi et ne souhaite que retourner sur les terres familiales afin d’y découvrir ce qu’il s’est passé ce soir-là, il faut reconnaître qu’il apporte une dramaturgie émotionnelle et pointilleuse sur les liens familiaux et la quête de la vérité. The Landing, c’est 18 minutes efficaces dont le dénouement vous scotchera littéralement. Lauréat à Sitges et récemment honoré de l’Octopus d’Or du Meilleur Court Métrage au Festival de Strasbourg, The Landing est une vraie réussite formelle et narrative au point que son auteur a récemment affirmé travailler sur une adaptation longue de son histoire. D’un postulat basique, Josh Tanner en tire un film maîtrisé avec brio, vecteur d’une élégance esthétique formelle et implacable, magnifié par la performance de ces deux interprètes principaux et doté d’un twist final sensationnel. Evoqué par certains comme le croisement entre J.J. Abrams, Joss Whedon et une pointe de Spielberg et de Malick pour le côté contemplatif, Josh Tanner est un réalisateur qui se crée une belle réputation depuis un an et que l’on a hâte de revoir très bientôt. Peut-être sur un premier long métrage.

Synopsis: Un homme retourne sur les terres de la ferme de son enfance afin de découvrir la vérité sur « la chose » qui a atterri cet été de 1960 quand il n’était qu’un petit garçon.

Fiche Technique: The Landing

Australie – 2013

Réalisation : Josh Tanner

Scénario: Josh Tanner, Jade Van Der Lei

Interprétations : Henry Nixon (Le Père), David Roberts (Edward, le fils)

Site officiel : http://thelandingfilm.com/

Reporter/Rédacteur LeMagduCiné