rendez-vous-a-tokyo-critique-film-daigo-matsui
Copyright JUST REMEMBERING FILM PARTNERS | Stars Sairi Itoh, Sosuke Ikematsu | Film Rendez-vous à Tokyo

Rendez-vous à Tokyo : Taxi Lovers

Jérémy Chommanivong Responsable Cinéma

L’amour trouve ses couleurs au fil des saisons, c’est en tout cas ce que Rendez-vous à Tokyo soutient en auscultant la vitalité d’un couple qui s’aime passionnément, à la folie, voire plus du tout. Ce voyage à travers différents étés et une date emblématique tente ainsi de renouveler une passion à laquelle on s’accroche et qui n’a jamais de fin.

Synopsis : Les 26 juillet se suivent et ne se ressemblent pas… C’est le jour où ils se sont rencontrés, celui où ils se sont aimés, où ils se sont séparés. Sept rendez-vous entre un danseur professionnel et une conductrice de taxi dans le Tokyo d’aujourd’hui.

Cette nouvelle saison estivale d’Hanabi donne le ton d’une romance qui attend de trouver les écrans et la compétition du Festival de Cabourg. Daigo Matsui ne pouvait espérer mieux après un franc succès sur le territoire nippon. Le cinéaste s’est longtemps accroché à l’adolescence, ce qui transparaît dans les récits qu’il adapte ou qu’il crée de toutes pièces. Il s’épanouit largement dans le second cas dont fait partie Remain in Twilight, où six amis se remémorent leurs années de lycée, tout en célébrant leurs retrouvailles lors d’un mariage. Il en va de même lorsqu’il sonde les limites de comédiens de théâtre dans Ice Cream and the Sound of Raindrops. Nostalgie, deuil et mélancolie sont les arguments que l’on retrouve et qui traversent Rendez-vous à Tokyo, plein de promesses et surtout plein de sensibilité.

L’amour en 7 chapitres

Yo est chauffeur de taxi, tandis que Teruo est technicien lumière dans une salle de spectacle. Ils se cherchent l’un l’autre, mais sont-ils heureux ? Ce qu’ils désirent au fond d’eux est-il compatible avec les sentiments qu’ils partagent ? Ces protagonistes vont bien entendu répondre à toutes ces interrogations qui nous trottent immédiatement dans la tête, en regardant continuellement derrière leur épaule et donc en scrutant leur passé, de plus en plus merveilleux et douloureux.

Toute la force de l’intrigue réside dans ce point de vue, fragmenté en sept chapitres qui peuvent rappeler ceux d’une certaine Julie chez Joachim Trier. Cependant, nous comprendrons rapidement les inspirations d’une telle narration quand le personnage de Yo (Sairi Itō) trouve son écho dans celui de Winona Ryder dans l’emblématique Night On Earth de Jim Jarmusch, un film qui fascine d’ailleurs Teruo (Sosuke Ikematsu).

On se retrouve ainsi tous les 26 juillet, une date anniversaire où l’on se démène pour justifier la chute ou la réussite du duo. Les quotidiens entrent alors en résonance, si bien que ces héros passent à côté de leur ambition respective. Teruo est écarté de la scène pour une blessure à la jambe et semble résigné à observer de loin ce qu’il aurait pu être. Quant à Yo, elle crée l’illusion du mouvement mais ne sort pas de son taxi. Elle y vit, elle y mange et elle y fait des rencontres, mais juste assez pour partager un bout de chemin avec ses clients. Tous les deux cherchent ainsi une destination finale dans leur routine, à l’image d’un homme qui attend son amour assis sur un banc ou d’une ex-partenaire de danse qui refoule ses sentiments.

Les étirements matinaux ne peuvent les soulager de tout le poids qu’ils trainent depuis l’été dernier. Les chansons, de plus en plus mélancoliques, ne cachent rien dans les paroles. Il s’agit de renoncer à quelque chose que l’on a perdu, tel est le fardeau de ces deux êtres qui ont du mal à respirer hors de l’eau. Daigo Matsui évoque d’ailleurs l’onirisme de son récit, en saisissant à feu vif cette humanité au quotidien, essentiellement dans les espaces publics, là où les gens se croisent, se rencontrent, entrent en collision, s’attirent, se repoussent et se promettent d’y revenir.

Il n’y a nul besoin de (500) jours ensemble pour saisir toute la mélancolie qui s’empare de Yo et Teruo, que l’on découvre à travers sept journées passionnantes, car la véritable étincelle se lit dans le regard qu’ils échangent et qu’ils ne rendront jamais, quoi qu’il advienne. Rendez-vous à Tokyo cristallise ainsi toute la complexité et la sincérité d’une relation dans le temps, quitte à opposer les saveurs douces et amères, tel un gâteau d’anniversaire que l’on déguste seul et entre deux souvenirs, l’un merveilleux et l’autre désenchanté.

Bande-annonce : Rendez-vous à Tokyo

Fiche technique : Rendez-vous à Tokyo

Titre original : Chotto omoidashita dake
Réalisation & Scénario : Daigo Matsui
Scénario : Daigo Matsui
Photographie : Hiroki Shioya
Musique : Yûta Mori
Production : Daisuke Wada, Satoshi Sawamura
Pays de production : Japon
Distribution France : Art House
Durée : 1h55
Genre : Romance, Drame
Date de sortie : 26 juillet 2023

Rendez-vous à Tokyo : Taxi Lovers
Note des lecteurs0 Note
3.5
Responsable Cinéma