« R », un Pusher en huis-clos, ravageur. violent, âpre, un film sans concession sur l’univers carcéral, à la mise en scène ultra immersive, porté par un trio d’acteurs magnétiques.
L’univers carcéral inspire les scénaristes aussi bien ceux du grand que du petit écran. Donner vie à ce microcosme qu’est une prison a été l’une des plus grandes réussites de la série légende Oz. Au cinéma on peut citer des films cultes films comme L’évadé d’Alcatraz, The Shawshank redemption, et du film de Jacques Audiard, Un prophète, révélant le comédien Tahar Rahim. Tourné en 2010, la même année que le film Un prophète, R vient s’inscrire dans la lignée des précédents de ses réalisateurs, Northwest pour Michael Noer et Hijacking pour Tobias Lindholm (scénariste de La chasse et Borgen), on y retrouve ce même niveau de réalisme immersive, brut, dur dont on ne ressort pas indemne.
R ou la machine à construire des morts-vivants
Le voisinage avec le film Un prophète est certain, le sujet traité est le même, celui d’un jeune délinquant tentant de survivre dans l’aquarium carcéral, toutefois, autant le film d’Audiard est parfois onirique, voir sombrement lyrique visant l’impressionnisme romanesque, autant celui du duo danois est d’un réalisme absolument glacial.
R, un récit à mi-chemin entre documentaire façon Dardenne et fiction, une sensation d’authenticité renforcée par le lieu du tournage, une vraie prison et des acteurs, qui pour la plupart, sont d’ex-détenus.
R est un classique, tout y est, la drogue, les passages à tabac, les conflits entre les groupes et le rituel de vengeance connu sous le nom « café chaud » consistant à ébouillanter une balance avec de l’huile d’olive et du sucre. Un classique d’une extrême efficacité, l’esthétique avec ses jeux de couleurs dans les tons neutres, totalement « désaturée » porte sur le psychisme, créant un sentiment d’isolement, de crainte et d’oppression. La survie mais aussi la souffrance intense du personnage Rune joué par l’acteur Pilou Asbaek, passe à la fois par ce regard terrifié, ses yeux vigilants, ce visage figé, sans impression, impassible…R est un film viscéral, d’une brutalité nue, une approche de la vie en prison sans fioriture servit par une mise en scène sèche, nerveuse et une performance brillante de Pilou Asbæk.
Un film d’une rare authenticité ou R comme Rune et R comme Raschid (Dulfi Al-Jabouri), les deux jeunes détenus ne sont rien d’autre que de la viande pour le hachoir qu’est l’institution carcérale. La force des deux réalisateurs est d’avoir su créer une atmosphère et déplacer l’histoire dans ce huit clos autour des personnages servit par des dialogues sobres toute en capturant l’ambiance oppressante ou les sentiments de répulsion et même de terreur sont permanents.
Les deux jeunes détenus partagent cette lettre, R, mais aussi la descente aux enfers, l’avilissement, la destruction morale et physique ou la seule voie de survie est de céder à la violence, aux meurtres, pour s’adapter dans le monde hiérarchique de la prison. Il n’y rien de décent dans cet univers broyeur ou le final fait écho aux paroles prononcées plutôt par le parton de R, « Il n’y a pas de nous. » Un film profondément pessimiste, âpre et saisissant jusqu’au twist final fulgurant et sa dernière image très marquante. Un film d’une rare authenticité ou R comme Rune et R comme Raschid (Dulfi Al-Jabouri), les deux jeunes détenus ne sont rien d’autre que de la viande pour le hachoir qu’est l’institution carcérale. La force des deux réalisateurs est d’avoir su créer une atmosphère et déplacer l’histoire dans ce huit clos autour des personnages servit par des dialogues sobres toute en capturant l’ambiance oppressante ou les sentiments de répulsion et même de terreur sont permanents.
Les deux jeunes détenus partagent cette lettre, R, mais aussi la descente aux enfers, l’avilissement, la destruction morale et physique ou la seule voie de survie est de céder à la violence, aux meurtres, pour s’adapter dans le monde hiérarchique de la prison. Il n’y rien de décent dans cet univers broyeur ou le final fait écho aux paroles prononcées plutôt par le parton de R, « Il n’y a pas de nous. » Un film profondément pessimiste, âpre et saisissant jusqu’au twist final fulgurant et sa dernière image très marquante.
Synopsis : Rune est un jeune criminel qui vient d’arriver en prison. Il découvre ce nouveau monde régi par les codes et les missions à exécuter. Réduit à néant, il n’est désormais qu’un numéro, que la lettre R. Dans sa quête de survie, il rencontre Rachid, un jeune musulman, avec lequel il met en place un trafic qui lui permet d’être désormais respecté. Mais leur réussite suscite la convoitise d’autres détenus, qui ne tarderont pas à leur faire savoir. Le titre « R » se réfère bien entendu à la première initiale de Rune et Rashid. L’histoire tourne autour des deux R, expulsés du monde des vivants vers un autre monde, un enfer sans fin ou la seule chance de survie consiste à devenir une âme vide.
R – Bande-annonce
Fiche Technique R, un film de Tobias Lindholm et Michael Noer
Réalisateur(s) : Tobias Lindholm, Michael Noer
Scénariste(s) : Tobias Lindholm, Michael Noer
Acteurs : Pilou Asbaek (Rune), Dulfi Al-Jabouri (Rashid), Roland Moller (Mason), Jacob Gredsted (Carsten), Kim Winther (Prison Guard), Omar Shargawi (Bazhir) and Sune Norgaard (Sune)
Directeur de la photographie : Magnus Nordenhof Jonck
Pays : Danemark
Genre : Drame
Durée : 1h 39
Budget : 4 755 000 DKK
Date de sortie : 15 janvier 2014