Entre le bouleversant Le monde de Charlie et le poignant Elephant, One Kiss relate une histoire bien trop proche de la réalité pour n’être qu’une fiction. Et pourtant, ce film bénéficie d’une certaine fantaisie à tous les niveaux. Ivon Cotroneo ferait-il du néoréalisme « contemporain » avec son nouveau récit ?
Synopsis : Blu, Antonio, et Lorenzo sont trois adolescents doté d’une singularité qui les éloigne de la population générale de leur lycée. Libérés, renfermés, et extravertis, ces trois jeunes italiens vont s’unir autour d’une amitié peu commune pour affronter les moqueries et l’intolérance de leurs camarades et de certains professeurs. Jusqu’au jours où les sentiments et les envies personnels viennent tout compliquer…
Ivon Cotroneo n’en est pas a sa première tentative de réalisation mais pourtant, il serait plus juste de le considérer en tant qu’écrivain dans un premier lieu. Il a publié plus de 5 romans depuis 1999 notamment Un bacio, l’œuvre sur laquelle est basé One Kiss. Comme Stephen Chbosky, l’auteur et réalisateur de The Perks of Being a Wallflower (Le Monde de Charlie), Cotroneo porte son projet d’un art à un autre en faisant honneur à son propos et sa manière de raconter ses protagonistes.
Blu est vue comme une paria de la société car elle vit ouvertement sa sexualité et n’a pas peur de faire face à ses assaillants. Si elle se fait violemment lynchée en public, les autorités ne semblent pas très alertées, ni même les parents qui sont très absents de sa vie quotidienne. Antonio, jeune homme affligé d’un grand manque de confiance en lui, qui lutte par ses propres moyens pour pouvoir exister dans l’ombre de ses parents surprotecteurs, ne semble pas pouvoir affronter ses tourments de la même manière que la combative Blu.
Le lien qui vient unir ses deux âmes perdues n’est autre que Lorenzo, l’éternel optimiste qui refuse d’abdiquer face aux cruelles insultes de ses camarades de classe face à son homosexualité. Il tempère la volcanique Blu et éveille Antonio, et à trois ils représentent une jeunesse actuelle, trop expérimentée pour être enfantine mais pas assez mature pour tout comprendre toute seule.
Le réalisateur n’hésite pas à nous montrer l’entièreté des éléments sollicités pour raconter cette histoire réaliste. Sa réalisation reste assez claire et n’est pas engagée dans un parti pris quelconque. Si le thème est d’actualité et que la bande son et les fantaisies habitent le film, les paysages et les décors restent très organiques et froids. On est dans une ville ouvrière de l’Italie populaire et les habitants y apparaissent sans filtre ou effets de style incongrus. On y retrouve cette volonté du temps du néoréalisme des années 50 où il fallait montrer pour dénoncer et assumer pour convaincre.
Ce qui éloigne ce film de ce genre, respecté mais longtemps perdu, serait ces moments « clip vidéo » où Lorenzo s’invente une réalité pour mieux vivre la violence de son quotidien. Dans ses moments là, Cotroneo nous laisse apercevoir une autre facette de son récit où il nous convainc qu’il ne suffit que d’un simple geste fait différemment ou d’une écoute bien placée pour éviter un moment de souffrance inutile. Si cela s’approche plus d’un genre fantaisiste, il serait tout de même bon d’envisager une volonté du réalisateur de dépeindre un réalisme alternatif où il montre pour dénoncer et assume pour convaincre.
En conclusion, One Kiss n’est pas aussi onirique et lumineux que Le monde de Charlie et il n’est pas aussi pessimiste et symbolique qu’Elephant. Cependant One Kiss s’inspire de ses prédécesseurs pour se faire une place dans ce qui serait le top 10 des meilleurs « coming of age movies » internationaux ( films d’apprentissages ). Des œuvres importantes pour une génération qui grandit trop vite et avec un milieu très peu sécurisant.
One Kiss : bande annonce
One Kiss : Fiche technique
Réalisation : Ivan Controneo
Scénario : Ivan Controneo, Monica Rametta
Interprétation : Rimau Grillo, Ritzberger, Valentina Romani, Leonardo Pazzagli
Photographie : Luca Bigazzi
Montage : Ilaria Fraioli
Musique : Mika, Stag
Producteurs : Francesca Cima
Société de production : Indigo Film, Titanus, Lucky Red, Rai Cinema, Friuli Venezia Giulia Film Commission
Distribution : TLA Releasing ( France ), Lucky Red ( Italy )
Genre : comédie dramatique
Durée : 101 minutes
Date de sortie : 26 avril 2017
Italy – 2016
Auteur : Pascal J-H.C Topige