On the Milky Road marque un retour en fanfare pour Emir Kusturica. Un film dans lequel le cinéaste serbe traite une nouvelle fois de la guerre, et surtout de l’amour, le tout enrobé dans un imaginaire rutilant.
Synopsis : Kosta est un laitier, ravitaillant chaque jour les soldats sur le front. Un jour il fait le rencontre d’une belle réfugiée italienne du nom de Nevesta, dont il tombe amoureux. Malheureusement, Nevesta est déjà promise à un autre homme, alors que Kosta est lui sensé épousé Milena.
Il se sera fait attendre le nouveau film du cinéaste serbe Emir Kusturica. En effet, le tournage de On the Milky Road avait débuté en 2013, et après avoir été présenté à la Mostra de Venise l’an dernier, il débarque enfin de manière assez timide sur le territoire français. Cela faisait 10 ans que l’habitué des grands festivals et deux fois lauréats de la Palme d’or, Kusturica n’avait pas sorti de film. Une chose est sûre, c’est qu’à 62 ans, le serbe n’a pas perdu de sa fougue et nous offre avec On the Milky Road un pur film dans la tradition kusturicienne. Pour l’occasion, le réalisateur revêt également la casquette d’acteur et campe le premier rôle, au côté de la belle Monica Bellucci.
Comme d’habitude avec Kusturica, nous voilà projeter dans les sublimes paysages balkaniques, peuplés de tziganes jovials et d’une faune toute aussi espiègle. Mais comme souvent, les Balkans de Kusturica sont déchirés par une guerre meurtrière qui rythme à coup de canon les journées des pauvres habitants essayant tant bien que mal de continuer leurs vies. Parmi eux Kosta, laitier accompagné de son faucon, qui zigzague entre les éclats d’obus sur son âne pour ravitailler le front. Une vie difficile qui va prendre un nouvel envol lorsqu’il va faire la connaissance d’une sublime réfugiée italienne qui doit épouser le frère de Milena, la promise de Kosta.
Ce qui caractérise le cinéma de Kusturica, ce sont ces envolées festives qui même en temps de guerre donnent envie de danser et de boire. La musique folklorique fait partie intégrante de son cinéma, et il n’est pas étonnant de voir le serbe joué du cymbalum dans On the Milky Road. Musique particulièrement contagieuse qui ira jusqu’à faire danser le faucon de Kosta. Cette première partie pose le contexte dans lequel évolue les personnages, elle est particulièrement rythmée et dévoile une galerie de personnages haut en couleurs. Si la fête arrive à prendre le dessus de l’atrocité du quotidien, celui-ci va très vite rattraper les protagonistes quand des troupes d’élites vont dans une séquence particulièrement dure prendre d’attaque le mariage. Les flammes infernales et les corps calcinées remplacent les célébrations, et seuls Kosta et Nevesta la jolie italienne subsistent.
La deuxième partie du long-métrage -et la plus réussie- embrasse pleinement le réalisme magique. Ce genre romanesque popularisé par les auteurs sud-américains comme Gabriel Garcia Marquez est un composant essentiel du cinéma de Kusturica. Un genre qui a marqué son cinéma du Temps des Gitans à Underground, le cinéaste s’étant même essayé à une adaptation de Cent ans de solitude, la saga intergénérationnelle de Marquez qui n’a malheureusement jamais aboutie. Tous les ingrédients viennent une nouvelle fois saupoudrer On the Milky Road, comme le dit le carton du début (« Basé sur trois histoires vraies et un imaginaire débordant »). Il ne sera donc pas étonnant de voir dans ce conte baroque et survolté, un serpent géant qui joue le rôle de sauveur, des ascensions angéliques, une oie transformée en phœnix ou encore cette sublime chute d’une cascade interminable pendant laquelle le couple s’enlace. C’est cet imaginaire foisonnant qui va ponctuer la fuite du couple dans un paysage toujours aussi somptueux et dans lequel la nature va être leur plus bel allié.
C’est un beau retour pour Emir Kusturica, On the Milky Road est une œuvre généreuse et folle dont l’euphorie pourra cependant agacer. On pourra reprocher au cinéaste serbe de ne pas prendre de véritable risque, se contentant de reprendre ce qui a fait son succès, mais On the Milky Road offre assez de beaux moments de cinéma à la fois purs et hallucinés (comme ce troupeau de mouton dans un champ de mines) pour ravir les amateurs de fables kusturiciennes.
On the Milky Road : Bande Annonce
On the Milky Road : Fiche Technique
Réalisation : Emir Kusturica
Scénario : Emir Kusturica
Interprètes : Emir Kusturica (Kosta), Monica Bellucci (Nevesta), Sloboda Micalovic ( Milena), Predrag Manojlovic ( Zaga)…
Musique : Stribor Kusturica
Directeur de la photographie : Goran Volarevic, Martin Sec
Société de production : BN Films, Pinball London
Distributeur : Wild Bunch
Durée : 125 minutes
Pays d’origine : Serbie
Genre : Drame
Date de sortie : 12 juillet 2017
Serbie – 2017
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