OVNI cinématographique entre la comédie dramatique et le film de science-fiction, On dirait la planète Mars est sorti en salles le 2 août. Avec un scénario original et un humour pince-sans-rire, le film de Stéphane Lafleur nous embarque pour un voyage spatial surprenant… sur Terre.
Dans l’espace, ou presque
David, quarantenaire discret à la vie bien tranquille, décide de tout quitter pour participer à une mission hors du commun. Sélectionné par la société Viking parmi des centaines de candidats, il intègre une équipe de cinq personnes, censées avoir les mêmes traits comportementaux que cinq astronautes en mission sur Mars. Ensemble, David et ses collègues sont chargés d’élucider les raisons des tensions que connaissent les véritables astronautes sur Mars, afin de pouvoir les résoudre. Pour ce faire, ils sont envoyés dans un local isolé, recréant avec précision les conditions de vie des cinq scientifiques en mission. C’est là que le film trouve son génie ! La thématique de la reproduction à l’identique donne lieu à des possibilités infinies de décalage comique : l’inconfort propre à un vaisseau spatial est recréé artificiellement sur Terre, jusqu’à l’absurde. On se délecte ainsi de voir David souffrir des ronflements de l’un des astronautes, enregistrés et diffusés sur Terre, ou encore de subir un sévère rationnement alimentaire !
Jeu de rôle(s)
On dirait la planète Mars se construit autour de l’idée du double. Les personnages eux-mêmes sont la réplique d’un homme ou d’une femme en mission dans l’espace, dont ils doivent reproduire les moindres faits et gestes dans leur local sur Terre. David est ainsi devenu John. Comme lui, chacun des personnages joue le rôle d’un ou d’une astronaute, en adoptant ses habitudes, ses conditions de vie, et même son prénom – ce qui donne lieu à des décalages savoureux, notamment lorsque le prénom Elisabeth est assigné à un vieil homme… L’humeur quotidienne des passagers du vaisseau influence également celle des équipiers au sol : chaque matin, ceux-ci reçoivent une note indiquant l’état d’esprit de leur double. En fonction de ces indications, les membres de l’équipe sur Terre doivent alors adapter leurs comportements, mais aussi recréer à l’identique les situations vécues par les astronautes, notamment les conflits. Les membres de l’équipe terrestre, devenus acteurs et scénaristes, rejouent, voire réécrivent les événements survenus sur Mars. Une ingénieuse mise en abyme se dessine alors, où cinq personnages hauts en couleurs se donnent la réplique, dans des scènes à l’ironie jubilatoire.
Double je
Mais à force de faire semblant, David ne finit-il pas par y croire lui-même ? Au cours de la mission, les contours des identités de chacun deviennent de plus en plus flous… Le décor même du film, un désert dans lequel se côtoient cow-boys et astronautes, brouille les frontières entre réel et fantastique, entre rêve et réalité. Certains plans, dans lesquels David se rêve en astronaute flottant dans le ciel, entretiennent la confusion entre l’acteur et son double. Ces séquences à la beauté onirique reflètent les contradictions internes du personnage, qui croit trouver son identité en menant à bien la mission, alors qu’il ne fait que se rêver dans celle d’un autre. Plus qu’une comédie loufoque, On dirait la planète Mars est le récit poétique d’une quête de soi, à travers un entêtant jeu de miroirs.
Bande annonce du film
Synopsis: La première mission habitée sur Mars est en péril. Pas de panique : une branche canadienne de l’agence spatiale envoie dans une base en plein désert cinq anonymes sélectionnés pour leurs profils psychologiques quasi identiques à ceux des astronautes. Ils doivent vivre comme eux, penser comme eux, être comme eux, pour anticiper et résoudre les conflits. Mais ici ce n’est pas tout à fait la planète Mars. Et ce ne sont pas vraiment des astronautes.
Fiche technique – On dirait la planète Mars
Titre original Viking
Réalisation Stéphane Lafleur
Scénario Stéphane Lafleur, Eric K. Boulianne
Interprétation Steve Laplante, Larissa Corriveau, Fabiola N. Aladin, Hamza Haq
Production Kim McKraw, Luc Déry, Micro Scope
Photographie Sara Mishara
Montage Sophie Leblond
Musique originale Christophe Lamarche-Ledoux, Mathieu Charbonneau
Pays de production Québec
Date de sortie 2 août 2023 (France)