Le genre super-héroïque en prend pour son grade depuis un an ou deux, enchaînant les catastrophes et déconvenues consécutives. Et c’est le cas tous studios confondus avec comme seul bouée de sauvetage Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 sur l’année écoulée et, peut-être, une embellie avec Deadpool et Wolwerine en juillet prochain. Ce Madame Web, dont l’existence même n’a pas de sens réel à tous niveaux, est le parfait exemple du n’importe quoi ambiant qui règne sur ce genre cinématographique en crise profonde et qui lasse de plus en plus le public. Ce dernier rejeton du Spider-verse de Sony sans Spider-Man (!) est daté, pauvre et surtout totalement inutile, confirmant l’absence d’idées et de boussoles des studios en la matière. Cependant, c’est loin d’être la catastrophe annoncée partout, l’ensemble se laissant relativement bien regarder si on n’a aucune attente. Mais c’est surtout bien mieux que de récents essais similaires tel que l’abominable The Marvels. Il faut juste le voir comme un film de traque en mode teen-movie plutôt que comme un réel film de super-héros, ce qu’il n’est pas…
Synopsis : Cassandra Web est une ambulancière de Manhattan qui serait capable de voir dans le futur. Forcée de faire face à des révélations sur son passé, elle noue une relation avec trois jeunes femmes destinées à un avenir hors du commun… si toutefois elles parviennent à survivre à un présent mortel.
Est-ce à dire que lorsqu’on s’attend à une catastrophe totale concernant un film et qu’on est finalement plus emballé que prévu, il s’avère bon ? Non, bien évidemment. Mais ce Madame Web semblait déjà assassiné et cloué au pilori par tous avant même d’avoir été vu et d’être sorti. Ce qui est injuste et seulement mérité en partie. Alors certes ce n’est pas bon, c’est un film totalement absurde de par sa conception même et il est bourré de plein de petits défauts, mais ce n’est pas non plus super mauvais. Juste un blockbuster de seconde zone vite vu et vite oublié qui se regarde si on n’a rien d’autre à faire.
Mais il est surtout bien meilleur que bon nombre d’abominations récentes sorties par les studios dans le cadre de leurs velléités d’univers étendus qui deviennent malheureusement la panacée à Hollywood… Et qui sont symptomatiques du manque d’idées ayant cours dans les couloirs des studios et de raisonnements purement mercantiles, un peu comme la mode des multiverses qui arrange bien bon nombre de producteurs pour tripatouiller ce qui a été fait dans le passé. Et cela vaut pour tous : que ce soit Disney/Marvel dans le cadre du MCU, la Warner dans son feu DCEU ou comme ici avec le Spider-verse. On se rappelle tout de même de l’immonde The Marvels il y a quelques mois, du dernier Ant-Man complètement à côté de la plaque, de la bouillie visuelle et narrative du dernier Aquaman ou encore, pour rester dans le même univers, du totalement infect Morbius, tous bien moins « sympas » et surtout plus rageants que ce Madame Web à la louable humilité.
C’est peut-être aussi ça qui nous fait relativiser le raté de ce nouvel avatar autour de Spider-Man, mais sans Spider-Man (probablement le paradoxe cinématographique du siècle) : l’absence d’attentes quelconque sur ce projet. Un projet mettant en scène des figures totalement inconnues des comics pour le grand public et destinées à ajouter une touche féminine comme c’est à la mode en ce moment et depuis quelques années. Surtout qu’il ne faut pas le prendre comme un film de super-héros, mais davantage comme un film de traque enveloppé dans une sorte de teen-movie. Et qu’en l’état cela semble être une sorte de prologue développé du futur film de super-héroïnes avec ces quatre personnages (Cassandra Web et ses trois jeunes adeptes). Film qu’on ne verra sans doute jamais si celui-ci se plante comme tout le monde le prévoit. Ou qu’il pourrait se voir aussi comme la bande-annonce extra longue dudit futur film déjà avorté… Vous suivez ?
Madame Web semble tout droit sorti des années 90 ou du début des années 2000, il a d’ailleurs ce côté un tantinet suranné pas déplaisant. Ici, pour une fois, on n’est pas noyé sous les effets spéciaux (foirés), les scènes d’action étant plutôt rares et tout juste efficaces. Hormis le climax trivial au possible et ancré dans la sempiternelle zone désaffectée. Un combat final qui s’avère mal filmé et mal monté. Et il faut avouer que les deux heures du film passent plutôt vite et que les actrices sont plutôt sympathiques. La mise en scène est correcte et si le scénario use de beaucoup de coïncidences et de facilités, il avance sans temps mort et captive plus ou moins. S. J. Clarkson, une réalisatrice avant tout de séries, ne semblait de toute façon pas la plus indiquée pour réaliser un tel projet.
On déplore en revanche un méchant complètement raté comme dans la plupart des films de super-héros (c’est le véritable fléau de ce type de films, à part quelques exceptions qui confirment la règle tels que Thanos, Hela ou Octopus). Tahar Rahim va probablement longtemps avoir honte d’avoir accepté un rôle si pauvre et cliché et de l’avoir joué avec ses pieds. Les scènes de voyance sont également trop redondantes et pas vraiment adaptées à un film comme celui-là. En effet, le procédé de revoir la même scène plusieurs fois devient lassant. Le passage du retour en Amazonie est également profondément facile et ridicule. Malgré tout cela, on ne s’ennuie pas pour autant et le tout peut avoir un certain charme si on le déconnecte de tout le reste. Et j’insiste, c’est la condition sine qua non. Maintenant, reste plus qu’à voir ce que va donner Kraven le chasseur qui semble le projet le plus alléchant de cet univers étendu, complètement tordu.
Bande-annonce – Madame Web
Fiche technique – Madame Web
Réalisation : S.J. Clarkson.
Interprétation: Dakota Johnson, Sydney Sweeney, Isabela Merced, Céleste O’Connor, Tahar Rahim, …
Scénario : Matt Sazama.
Musique: Johan Söderqvist.
Production : Sony Pictures.
Pays de production : USA.
Distribution France : Sony Pictures France.
Durée : 1h57.
Genres : Action – Science-fiction.
Date de sortie : 14 février 2024.