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La vie scolaire, un film de banlieue généreux

Gwennaëlle Masle Responsable Cinéma LeMagduCiné
Note des lecteurs1 Note
3.5

Moins puissant que son prédécesseur avec lequel on se sent forcé de faire la comparaison, La vie scolaire est une réussite mineure pour le duo qui retrouve son alternance de tons bien moins marquée que précédemment, mais toujours pleine d’humanité.

Une chose est sûre, pour apprécier ce film, il faut déjà être un peu familier des films de banlieue et en apprécier le genre, quoiqu’on lui trouverait bien des défauts si l’on était vraiment spécialistes, mais surtout connaître l’histoire des deux auteurs. Duo formé depuis leur film Patients, sorti en 2016, l’humanité qui les caractérise se retrouve une nouvelle fois dans ce film, comme un hommage à la Cité dans laquelle ils ont grandi, un récit nostalgique de leurs années de collégiens qui les ont façonnés et inspirés car nul doute que cette empreinte se retrouve sans cesse dans leur art. Comme dans leur première réalisation, la comédie cache les émotions mais réussit à les transmettre à leur façon. Quand on grandit en banlieue, on n’a pas le droit d’avoir mal, on se forge une carapace et c’est une nouvelle fois avec cet angle-là que les deux réalisateurs construisent la majorité de leurs personnages, très vite attachants. Si le film est appréciable, c’est parce qu’on sent tout le cœur qu’ils ont dû mettre à l’ouvrage pour y mettre de leur histoire personnelle mais aussi puiser dans les observations qu’ils y ont faites, aussi bien enfants que maintenant. Ça ne suffira malheureusement pas à en faire un grand film mais ça aura le mérite de rendre l’oeuvre touchante.

La capacité avec laquelle les deux artistes écrivent et s’intéressent aux destins de leurs personnages est en tout cas l’une des grandes qualités de leurs œuvres, déjà bouleversante dans Patients. Ici, l’écriture est moins fine mais la trajectoire du personnage toujours aussi intéressante. Sans jamais positionner leurs héros en victimes ou en faire des marginaux, Mehdi Idir et Grand Corps Malade les dressent au contraire en porte-parole de l’espoir. L’espoir, thème auquel on sait l’attache que le second y apporte dans ses chansons notamment mais dans sa vie depuis qu’elle a changé du tout au tout. Sans jamais se reposer vraiment sur ses acquis, le duo travaille ses images du mieux qu’il peut. Sans révolutionner le genre comme Les Misérables a pu le faire par exemple, mais en faisant prendre des trajectoires précises à leur caméra qui plonge le spectateur progressivement dans l’émotion des personnages ou en innovant dans les transitions scéniques, le film en ressort dynamique, jamais ennuyeux bien que décevant. On y sent alors tout l’investissement qu’ils y ont mis. C’est cette générosité-là qui transperce le film, qu’elle émane des créateurs, des acteurs (dirigés à la perfection) ou des personnages eux-mêmes. Elle saura trouver son public et finira par toucher. Que l’on ait aimé ou pas ce moment de cinéma, la sincérité et le talent qui s’en dégagent vont bien au delà de l’oeuvre.

La vie scolaire : Bande Annonce

La vie scolaire : Fiche Technique

Réalisation et scénario : Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Interprétation : Zita Hanrot, Alban Ivanov, Liam Perron, Antoine Reinartz, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly
Directeur de la photographie : Antoine Monod
Musique : Angelo Foley
Costumes : Claire Lacaze
Montage : Laure Gardette
Décors : Sylvie Olivé
Producteurs : Nicolas Altmayer, Éric Altmayer et Jean-Rachid Kallouche
Sociétés de production : Mandarin Cinéma et Kallouche Cinéma, coproduit par Gaumont et France 3 Cinéma
Société de distribution : Gaumont
Durée : 111 minutes
Genre : comédie dramatique
Date de sortie : 28 août 2019

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Responsable Cinéma LeMagduCiné